National | Par Didier Bouville
« On ne couvre pas la réalité des coûts de production » lorsqu’est intégré « le coût réel du travail (2 Smic par UTH) et le coût du capital » constate Philippe Chalmin, président de l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) lors de la présentation du nouveau rapport le 19 juin. Seule la filière porcine réalise des marges nettes positives en 2017 « malgré de nombreuses périodes où le prix du porc n’a pas été suffisant ».
La filière laitière caprine réalise également des marges positives lorsqu’elle est associée à des cultures de vente ou à de l’élevage bovin. La filière bovine est quant à elle « structurellement en négatif », observe l’économiste. En effet, depuis le début des travaux de l’observatoire, c’est-à-dire il y a 8 ans, « les coûts de production n’ont jamais été couverts non seulement par les prix » mais aussi par les produits joints et les aides.
Pour la filière laitière, « la situation s’est légèrement améliorée mais elle n’est pas positive » après deux années d’érosion du revenu des éleveurs laitiers. Pour le blé tendre, « après des époques extrêmement favorables », en 2016, les prix additionnés des produits joints et des aides étaient « largement en dessous des coûts de production en 2016 », et en 2017, la situation se rapproche de « l’équilibre » mais reste négative.
Toutefois, les agriculteurs des filières laitières, bovin viande, ovines et blé tendre ont vu leur rémunération permise s’améliorer en 2017 par rapport l’année précédente.
La valeur ajoutée apportée par l’agriculture ne pèse que 6,5 %
L’OFPM a fait une analyse de la répartition de la valeur ajoutée tout au long de la chaîne de valeur. En 2014 (données les plus récentes), la valeur ajoutée induite dans l’agriculture est de 6,5 euros pour 100 euros de dépenses alimentaires. Cette part est en légère progression par rapport à 2013, du fait de la baisse des prix de certains intrants (alimentation animale) et de la hausse de certains produits agricoles (lait). En comparaison la valeur ajoutée induite par les industries agroalimentaires est de 11,90 euros, la restauration de 13,7 euros, les services de 14,40 euros, les commerces de 15,40 euros. Les importations pèsent quant à elles 25,10 euros. Sur une période longue (1999 à 2014), la part de la valeur ajoutée de l’agriculture dans la consommation alimentaire hors restauration a diminué de 30 %, dont 20 % entre 1999 et 2005 de façon linéaire, puis de façon plus irrégulière ensuite du fait de l’instabilité des prix.
Les Chambres d’Agriculture déplorent «des prix toujours insuffisants»
« La modeste amélioration des prix agricoles ne permet toujours pas de rémunérer décemment les agriculteurs », réagissent les Chambres d’agriculture (APCA) à la publication du nouveau rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) dans un communiqué de presse du 19 juin. Pour l’APCA, ce nouveau rapport « justifie l’enjeu primordial de la construction des prix en tenant compte des coûts de production des agriculteurs ». De plus, les Chambres d’agriculture renouvellent leur souhait de voir, dans le projet de loi issu des États généraux de l’alimentation, les interprofessions et l’OFPM à la manœuvre pour la diffusion des indicateurs de coûts de production.
éleveurs+GMS+alimentation