National | Par Didier Bouville
«Il y a des bonnes années et des mauvaises années», résume Philippe Chalmin, président de l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) lors de la présentation du rapport annuel, le 3 juin 2019.
Pour l’élevage français, 2018 est une mauvaise année. Globalement, les prix à la production agricole ont augmenté de 2,2%. En lait de vache, cette hausse se limite à 1%. A l’inverse, en porc, les prix payés à la production chutent de 11,8%, du fait d’une demande chinoise en peine. Ils diminuent de 0,6% en viande bovine et restent stables en volailles de chair.
En regard, les prix des moyens de production sont en hausse depuis 2017, ne permettant pas aux éleveurs de couvrir leurs coûts de production et une rémunération du travail à deux Smic. «En 2018, les producteurs porcins n’ont pas couvert la réalité de leur coût de production», explique Philippe Chalmin.
Une situation équivalente en lait, tant en plaine qu’en montagne, à l’exception de la région Est. Quant à la viande bovine «elle est en négatif depuis l’origine, décrypte l’économiste. Et la situation s’est empirée en 2018.»
Le syndicalisme majoritaire appelle à s’appuyer sur les travaux de l’OFPM
La FNSEA et les JA ont appelé à «entamer le rapprochement (…) entre les indicateurs interprofessionnels et les indicateurs fournis par l’Observatoire». Lors des débats de la loi Egalim, ils plaidaient pour que l’OFPM calcule les indicateurs de coûts de production. Une mission finalement confiée aux interprofessions.
«Dans la quasi-totalité des filières, [les agriculteurs] ont été dans l’incapacité de couvrir leurs coûts de production par les prix de marché en 2018», estiment la FNSEA et les JA, rappelant qu’il est «encore trop tôt pour évaluer l’impact de la Loi Egalim.»
Même son de cloche du côté de l’APCA, qui pointe des «difficultés croissantes pour les agriculteurs dans la répartition de la valeur ajoutée» dans son propre communiqué. Claude Cochonneau, président de l’APCA, s’inquiète de «l’accentuation des tensions dans les négociations commerciales» et attend «des résultats tangibles de la loi et un retour de la valeur ajoutée due aux agriculteurs.»
Lait : pas encore d’évaluation fine des marges
L’Observatoire des prix et des marges n’est toujours pas parvenu à livrer une «vision globale de la rentabilité des produits laitiers en France» dans les entreprises laitières. Une étude a été conduite en 2018, par un cabinet privé, qui n’a pas donné satisfaction à l’Observatoire.
Des difficultés liées à la grande diversité des métiers (poudres, laits liquides, fromages, etc.), mais aussi au «faible enthousiasme des intéressés», les laiteries, a regretté, le président de l’Observatoire Philippe Chalmin. Il espère toutefois y parvenir l’an prochain.
éleveurs+revenu+GMS