National | Par Didier Bouville
Dans un décryptage réalisé pour la presse le 28 février, à la veille de la réunion du Comité des négociations commerciales, les cabinets des ministres de l’Agriculture et de l’Industrie ont fait état de leur inquiétude d’une trop faible prise en compte des hausses des matières premières agricoles tout au long de la chaîne de valeur.
«Nous sommes assez inquiets des effets de l’augmentation des coûts dans certaines productions comme le lait, la viande ou les œufs, du fait de l’augmentation des matières premières ou de la sécheresse», rapporte le cabinet de Julien Denormandie. A un mois de la fin des négociations commerciales le 28 février, le ministère observe «des difficultés chez certaines enseignes – pas toutes – à prendre en compte la très forte envolée des cours».
Lors de ce point presse, le cabinet a notamment rappelé «l’attachement» du ministère de l’Agriculture au respect du principe de «construction des prix en marche avant», soutenu par la loi Egalim (intégration des coûts de production, initiative de proposition du prix au producteur…). Lors de la réunion du comité, le ministre de l’Agriculture doit «réaffirmer des messages de contrôle, dans cette période singulière dans laquelle l’agroalimentaire a tenu». L’hypothèse d’un recours au «name and shame» n’est pas écartée si la situation ne s’améliorait pas.
La FNSEA met la pression sur la grande distribution
Les demandes de baisses de prix de certains distributeurs sont «inadmissibles», a lancé la présidente de la FNSEA Christiane Lambert lors d’un point presse le 28 janvier. Les distributeurs se trouvent «dans une situation plus confortable avec la concentration des achats en grandes surfaces en 2020», a-t-elle relevé, avec des ventes annuelles en augmentation «jusqu’à 9% pour certains».
A la veille d’une réunion du Comité de suivi des relations commerciales le 29 janvier, la FNSEA est «en train de rassembler les données des industriels, pour porter la voix de ceux qui ne peuvent rien dire de peur d’être déréférencés». «Je vais m’adresser directement à certains distributeurs», a également menacé Christiane Lambert.
La patronne de la FNSEA dénonce un «double discours» des distributeurs : «En volailles, des engagements de hausses de prix ont été pris par plusieurs grands patrons, mais ça ne suit pas dans les boxes de négociation.» Le secteur laitier, réputé bon élève des négociations commerciales, n’est pas épargné.
«Les distributeurs se tiennent à carreau sur le lait UHT, car c’est une référence que les consommateurs comparent, observe Christiane Lambert. Mais sur le beurre et la crème, j’ai eu des retours d’industriels hier à qui on demande des baisse de 1,5 à 3%.»
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