National | Par La rédaction
Même si la plupart des constructeurs de tracteurs travaillent sur des énergies alternatives pour leurs engins, à ce jour, les solutions pour remplacer les moteurs thermiques des tracteurs ne semblent pas suffisamment abouties. Les prototypes élaborés sont encore loin de donner satisfaction et ne permettent pas d’envisager une commercialisation massive des tracteurs répondant aux besoins de la polyculture-élevage. Parmi les perspectives envisageables, 3 principales sources énergétiques alternatives sont en cours de développement : l’électricité, le biogaz purifié et l’hydrogène.
Plusieurs constructeurs affichent néanmoins des engagements concrets vers l’électrique. Quelques modèles de tracteurs de faible puissance (de l’ordre de 60/70 CV) sont commercialisés. Ce sont des tracteurs bien adaptés pour des applications comme la vigne ou le maraîchage.

En polyculture/élevage, en revanche, les puissances moyennes nécessaires dépassent à présent les 160 ou 180 CV. Il est donc difficile de doter ces engins de batteries adaptées à ces puissances et aux besoins du tracteur. Les autres freins à l’énergie électrique sont l’investissement à l’achat (20 à 30 % supérieur au même modèle thermique), l’autonomie de fonctionnement lors des travaux exigeants, le poids des batteries et les infrastructures de recharge (bornes, possibilité de recharges rapides). De nombreux projets sont au stade de prototypes ou en phase d’expérimentation mais on peut estimer que l’aboutissement va prendre encore quelques années.
Les engins de manutention en avance
En revanche, la motorisation électrique devrait plus facilement trouver sa place dans un futur proche auprès des chargeurs télescopiques ou des valets de ferme. Plusieurs constructeurs commercialisent actuellement des modèles électriques.
Merlot propose deux modèles de EW.25-5, entièrement électriques et dotés d’un moteur de 60 ou 90 CV. La masse totale à vide de l’engin s’approche des 5 tonnes avec une hauteur de levage de 4,80 m et une capacité de charge de 2500 kg. L’autonomie de travail est estimée à 8h et le temps de recharge à 9h. JCB possède dans sa gamme agri deux modèles électriques. Une chargeuse compacte, la 403E et un chargeur télescopique le 525-60E. Ce dernier est doté d’une capacité de charge de 2,5 t pour une hauteur de levage jusqu’à 6 m. L’autonomie de fonctionnement peut être portée jusqu’à 8h et la durée de recharge peut être réduite à moins de 7h selon le mode de branchement. Le constructeur Wiedemann propose une chargeuse compacte (valet de ferme) de 45 CV très maniable à propulsion électrique : la Hoftrac 1390E. Cette chargeuse, bien adaptée aux travaux dans les bâtiments, permet un effort de levage jusqu’à 2,5 t pour un poids de la machine du même ordre. L’élévation peut atteindre 2,5 m. Selon la batterie choisie, l’autonomie peut dépasser les 5 heures en fonction de l’usage.
La conversion des engins de manutention du thermique vers l’électrique semble bien amorcée. De nombreux atouts sont relevés. Les désagréments liés à la présence des gaz d’échappement dans les bâtiments sont supprimés. Le bruit de fonctionnement est quasi inexistant limitant ainsi le stress auprès de certains animaux. Par ailleurs, les moteurs électriques offrent des performances très intéressantes en terme de couple disponible lors du chargement.
L’entretien sur les machines est très réduit, l’électrique nécessitant très peu de maintenance en comparaison à la motorisation thermique. Les frottements internes des moteurs électriques sont très faibles, il n’y a pas de lubrification ni d’élément de filtration, pas de chaleur intense à dissiper. Les pannes fréquentes en lien avec les dispositifs de dépollution rencontrées sur les moteurs diesel de dernière génération sont aussi écartées.
«Les essais réalisés par les acheteurs potentiels apparaissent convaincants, les machines électriques plaisent et donnent satisfaction lors de l’usage. C’est le surcoût du prix d’achat, de l’ordre de 20 à 30 %, qui est souvent un frein pour franchir le pas de l’électrique», confient les concessionnaires locaux.
Le faible coût énergétique lors de l’utilisation au quotidien apparait en revanche comme un atout majeur. Les éleveurs qui réalisent une production d’électricité avec des panneaux photovoltaïques associée à une autoconsommation de leur émission devraient donc être les premiers séduits par la motorisation électrique de leurs engins de manutention.
Pascal Gilhodes
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