National | Par eva dz
Suite à la publication du rapport de la mission agenda rural, Daniel Prieur, secrétaire général adjoint de la FNSEA en charge des questions ruralité, auditionné durant l’élaboration des propositions, reste prudent.
Comment accueillez-vous ce rapport ?
Daniel Prieur : «Lorsque j’ai été auditionné par les membres de la mission, j’ai eu le sentiment qu’ils voulaient aller vite. Son titre pourrait être «A la recherche du temps perdu…». J’ai le sentiment qu’il y avait un côté un peu attrape-tout. Dans les propositions il y a des choses positives, mais il reste beaucoup de travail à faire.
Que retenez-vous d’essentiel dans les 200 propositions ?
D.P : Le rapport présente des propositions de long et de court terme. Pour moi, sur le long terme, la proposition emblématique est l’inscription dans la Constitution de la notion d’espace. Depuis sa création, la Constitution a été enrichie par la notion d’équité, de principe de précaution, l’ajout de la notion d’espace constitue peut-être l’annonce du début d’une nouvelle politique où l’on peut faire valoir des choses au titre des territoires. Cela nous permettra peut-être d’améliorer la représentation des territoires ruraux dans les instances politiques, qu’elles soient locales ou nationales, et ainsi contrebalancer un peu le poids des villes. A la FNSEA, cela nous permettra peut-être d’avoir plus de poids dans les Conseils régionaux qui gèrent notamment les fonds communautaires. À court terme, le prolongement jusqu’en 2022 des zones de revitalisation rurales est un symbole fort et un bon signal. Elles étaient pourtant menacées au titre des niches fiscales.
Y a-t-il des propositions qui favorisent les agriculteurs ?
D.P : L’attention particulière donnée au foncier est importante. La reconnaissance du rôle central de l’agriculture dans les transitions représente aussi une bonne mesure. Concernant la PAC, aucune mesure n’aborde son budget, d’un autre côté, la définition d’actif nous semble être un élément essentiel.
Nous restons prudents sur la possibilité de lever complètement la barrière de l’âge pour les aides jeunes agriculteurs. Concernant l’éducation, les mesures annoncées me semblent intéressantes et réfléchies. Le maintien des écoles est essentiel pour favoriser l’installation de jeunes agriculteurs ! Sur les services en milieu rural, là aussi, les propositions sur la santé sont positives. Obliger les futurs médecins à faire un stage en milieu rural est une bonne chose. Il faudrait coupler cette mesure avec le développement des maisons de santé pluridisciplinaires qui attirent des praticiens.
Les propositions sur le numérique visent plutôt juste, les obligations de couverture imposées aux opérateurs vont dans le bon sens. C’est un élément structurant. L’agriculture de transition se fait grâce aux outils de précision.
Comment voyez-vous la suite ?
D.P : Il ne faut pas que ce rapport soit simplement un virage de communication du quinquennat pour regagner des électeurs ruraux. Sur la santé, l’éducation, la jeunesse, il y a des aspects forts, j’attends du concret, que les propositions aient une suite ! Sur l’agriculture aussi il y a de bonnes mesures, mais il ne faut pas oublier que si les agriculteurs sont des ruraux comme les autres ils ne peuvent pas déménager leurs champs sur le toit des immeubles !»
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