Aveyron | Par Eva DZ

Le mur de la colère

A l’appel de la FDSEA et de JA Aveyron, plus de 150 agriculteurs venus de tout le département, éleveurs bovins viande et lait mais aussi éleveurs de brebis et de chèvres solidaires, sont venus exprimer leur colère devant la Préfecture lundi 20 octobre en soirée. Ils ont érigé un «mur» de pneus agricoles devant les grilles et à la porte de la préfète.

«Il ne faut pas en plus de la crise sanitaire, entamer une crise économique», les représentants de la FDSEA et de JA Aveyron dénoncent la double peine infligée à l’élevage bovin français depuis l’annonce de la ministre de l’agriculture, de mesures de restriction des mouvements d’animaux en vigueur depuis le 18 octobre. Interdiction de tout rassemblement, de marchés de bovins destinés à l’élevage notamment en région Occitanie et interdiction d’export de bovins de tout le territoire métropolitain… ces mesures contraignent les éleveurs à garder leurs animaux sur les fermes, entraînant des pertes économiques à l’heure où le marché de la viande est porteur.
«C’est une décision purement administrative que personne n’a vu venir !», dénonce Dominique Fayel, vice-président de la FDSEA et président du groupe bovin viande à la COPA COGECA. «On ne règlera pas le problème sanitaire et de gestion de cette maladie (la Dermatose nodulaire contagieuse) par des restrictions économiques», fustige-t-il. Il ne décolère pas face à la décision de la ministre, «prise sans concertation avec la profession», «débordée par sa propre administration» : «Nous sommes sidérés !», résume-t-il alors que ses collègues, présidente de la FDSEA et président de JA Aveyron, des sections bovins lait et viande du département, ont échangé pendant plus d’une heure avec la préfète de l’Aveyron pour faire remonter cette colère. Ils demandent que la ministre «remette dans la rigueur» dans la gestion de la Dermatose nodulaire contagieuse : «si les contrôles aux mouvements des animaux dans les premières zones réglementées avaient été rigoureux, nous n’en serions pas là aujourd’hui».

Sidération

A l’issue de cet échange, Marc Rey et Bruno Nayrolles, co-présidents de la section bovins viande FDSEA ont pris la parole : «Nous avons exprimé nos craintes à la préfète quant à la reconduction de ces mesures au-delà du 5 novembre, afin qu’elle prenne toute la mesure des conséquences économiques pour l’ensemble du département, de telles décisions politiques». Conscients de la nécessité de bien gérer cette maladie afin qu’elle ne se propage pas, les responsables FDSEA et JA n’en ont pas moins dénoncé «l’incohérence», «l’absence de concertation, de vision globale» de la ministre au moment de décider de ces mesures de restrictions. «Elles limiteront le commerce mais pas la propagation de la maladie», assure Marie-Amélie Viargues. «Il faut d’abord faire le forcing dans les zones réglementées, appliquer le protocole en proximité des foyers de la maladie, ce qui n’est, à ce jour et c’est heureux, pas notre cas», appuie la présidente de la FDSEA. Accompagné de Léo Nakich, président de JA Aveyron, l’ensemble des participants à cette action, ont eu une pensée pour les éleveurs dont les troupeaux ont été touchés par la maladie : «leur sacrifice ne doit pas être vain».

Eva DZ

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