Céline Labadens, vétérinaire et présidente du SDVEL12.
Céline Labadens, vétérinaire à Baraqueville, préside le syndicat départemental des vétérinaires d’exercice libéral (SDVEL12). La profession vétérinaire est mobilisée aux côtés des agriculteurs du département pour que l’activité agricole puisse se poursuivre dans les meilleures conditions possibles.
– Comment les cabinets et cliniques vétérinaires s’organisent-ils depuis le début du confinement ?
C. Labadens : «Je veux d’abord préciser qu’en tant que citoyens et employeurs, nous sommes comme les autres impactés par les mesures et les conséquences du confinement sur nos activités professionnelles. Beaucoup de nos salariés, vétérinaires ou non, sont en arrêt de travail pour garde d’enfants ou en chômage partiel parce que notre activité a diminué et pour les protéger au maximum. Nous avons donc moins de personnel disponible. A ce titre, chaque cabinet a dû revoir son organisation de travail. Au cas par cas. Que ce soit pour la délivrance des médicaments, le déplacement sur les fermes, l’accueil dans nos cabinets, chacun a mis en place son propre fonctionnement. De façon générale, les cabinets sont souvent fermés, les commandes de médicaments sont prises par téléphone de façon à organiser un retrait dans le respect des règles sanitaires, pour fluidifier la fréquentation dans nos locaux. Les accueils des éleveurs de petits ruminants ou de veaux se font uniquement sur rendez-vous dans nos cabinets là aussi pour gérer les flux de personnes. Pour toutes questions à son vétérinaire, il est recommandé de le joindre préalablement par téléphone et de définir avec lui, les conditions de son intervention.
– Avez-vous défini des priorités d’intervention ?
C. Labadens : Les urgences sont gérées en priorité, comme avant. Nous faisons au mieux pour répondre aux demandes des éleveurs dont les animaux sont malades. Pour les interventions sanitaires type vaccination ou prophylaxie, la décision revient à chaque cabinet qui s’organise selon le personnel à disposition et son planning. Mais l’intervention en exploitation ne peut être réalisée que si les mesures sont en place sur la ferme : contention sécurisée, respect des gestes barrière, distanciation entre les personnes… Pour les bovins par exemple, à l’heure où les animaux vont être mis à l’herbe, les prophylaxies pourront être réalisées préalablement sous réserve que toutes les conditions de sécurité soient mises en place.
« Les vétérinaires mobilisés pour l’élevage »
– L’activité dans les élevages se poursuit, achat et vente d’animaux… Comment gérez-vous les actes vétérinaires de la vie d’un élevage ?
C. Labadens : Nous avons eu en effet beaucoup d’interrogations des éleveurs. Concernant la vaccination FCO par exemple ou encore les prises de sang à l’achat, les vétérinaires continuent de jouer leur rôle dans le maintien de l’équilibre sanitaire. Ils poursuivent leur intervention dans la mesure où, je le répète, toutes les conditions sont réunies pour que l’acte puisse être réalisé en toute sécurité pour l’éleveur comme pour le vétérinaire. Globalement le mot d’ordre qui prévaut dans cette situation exceptionnelle est le bon sens ! Tout acte qui peut être reporté comme un suivi repro par exemple, doit l’être ou bien doit être réalisé dans les meilleures conditions possibles et dans le respect des règles sanitaires.
– Depuis la mise en place du confinement, comment se passent les relations avec les agriculteurs ?
C. Labadens : Je n’ai pas eu spécialement de retours mais ce que je vis au quotidien dans mon cabinet et les contacts que je peux avoir avec mes collègues proches, me permettent d’affirmer que les vétérinaires sont mobilisés pour l’élevage. D’autant plus dans cette période charnière qu’est le printemps. Les éleveurs savent que nous sommes à leurs côtés et sont compréhensifs. Tout le monde a bien conscience de la nécessité de se protéger, de ne pas prendre de risques. Je pense d’ailleurs que cette épreuve que nous traversons tous, va renforcer les liens entre la profession vétérinaire et les éleveurs. Nous travaillons ensemble dans un but commun : poursuivre l’activité agricole en toute sécurité.
– Et avec vos partenaires historiques, GDS Aveyron, les services de l’Etat ?
C. Labadens : Le tryptique qui fait ses preuves depuis tant d’années entre les vétérinaires, les éleveurs représentés au sein du GDS Aveyron, les services de l’Etat et notamment la DDCSPP, est d’autant plus important dans une situation comme celle que nous vivons tous. Nous nous tenons mutuellement informés, c’est important. Je suis aussi en lien avec l’Ordre des vétérinaires à l’échelle départementale et régionale pour être au fait des informations.
« Des situations financières délicates »
– Quelles sont les conséquences de cette situation exceptionnelle pour votre profession ?
C. Labadens : Certaines cliniques vétérinaires (qui travaillent aussi avec des animaux de compagnie, une activité à l’arrêt), sont dans des situations financières délicates, elles sont très impactées par la baisse d’activité. Je suis inquiète de leur devenir. Comme beaucoup d’entreprises, nos cabinets s’interrogent aussi sur la prise en charge du chômage de leurs salariés, des arrêts de travail pour garde d’enfants… Des décisions que nous avons prises pour protéger nos salariés. Nous avons besoin du soutien économique promis par le gouvernement. Nos instances professionnelles travaillent en ce sens.
– Comment pensez-vous gérer l’après ?
C. Labadens : Il y a encore tant d’inconnues… Au moment du déconfinement, dont nous ne connaissons pas encore les modalités, l’ensemble de nos salariés, vétérinaires ou non, vont reprendre le travail progressivement. Nous ferons notre possible pour répondre aux demandes de nos clients, pour gérer aussi le flux des personnes afin de limiter les risques. Nous mettrons tout en œuvre pour que la qualité de service soit maintenue, ainsi que le maillage sanitaire dans le département. L’avenir fait peur mais je suis d’un naturel optimiste et je veux croire que nous réussirons à faire ce qu’il faut pour sortir de l’épidémie».
Eva DZ
éleveurs+GDS+virus