National | Par Didier Bouville

La poursuite de l’activité agricole nécessite l’embauche de nouveaux salariés (FNSEA)

Interview de Jérôme Volle (notre photo), président de la Commission employeurs de la FNSEA, dans le cadre des mesures de confinement liées au coronavirus.

– L’agriculture a été considérée comme prioritaire par le Gouvernement. Y-a-il des risques que vous soyez confrontés à des pénuries de main d’œuvre dans les exploitations agricoles ?

Jérôme Volle : Le fait que le Gouvernement ait considéré l’agriculture comme une activité prioritaire et ne soit pas concernée par les restrictions imposées est une bonne chose. Les agriculteurs et leurs salariés pourront donc poursuivre leur activité en respectant les gestes barrières à la transmission du virus ainsi que les formalités nécessaires à la circulation des personnes. Ceci étant un certain nombre de salariés sont contraints de rester à domicile pour garder leurs enfants ou pour des arrêts maladie, d’autres peuvent faire valoir leur droit de retrait et mettre les entreprises en difficultés. La main d’œuvre va certainement manquer dans de nombreuses entreprises.

– A quelles difficultés êtes-vous particulièrement confrontés ?

JV : Si la traite des vaches ou l’alimentation des animaux ne posent pas de difficultés particulières, les travaux en équipe dans l’emballage, le ramassage des volailles par exemple et d’autres activités posent de réels problèmes d’organisation du travail pour respecter les gestes barrières et les règles de distanciation imposées. Comment les entreprises peuvent elles s’adapter à cette nouvelle donne ? La question est posée.

Dans les champs les premières récoltes arrivent, notamment celles de fraises et d’asperges, d’autres vont suivre, comme celles de tomates. La fermeture des frontières va nous priver de salariés saisonniers étrangers auxquels nous faisons appel habituellement qu’ils proviennent d’Espagne, de Pologne ou d’ailleurs. Faute de main-d’œuvre, les récoltes risquent d’être compromises si nous n’arrivons pas à recruter les salariés dont nous avons besoin. A cela s’ajoute les difficultés administratives liées au déplacement des salariés, ceux qui utilisent un bus pour se rendre sur le lieu de travail, ceux qui sont dans des groupements d’employeurs qui sont appelés à se déplacer d’une ferme à l’autre, ou ceux qui doivent sortir de l’exploitation, soit pour les livraisons ou l’achat de biens et articles nécessaires au fonctionnement de l’entreprise.

– Quelles demandes faites-vous pour résoudre vos difficultés ou du moins faciliter votre activité dans ces circonstances exceptionnelles ?

JV : Comme les universités sont fermées, nous souhaiterions pouvoir « réquisitionner » des étudiants pour qu’ils puissent venir travailler sur nos exploitations. Nous pensons également aux salariés des secteurs dont l’activité a été interrompue, comme celui de la restauration : ils pourraient rejoindre nos entreprises, s’ils le souhaitent. En outre, si la pénurie de main d’œuvre se fait trop sentir, le Gouvernement devrait accorder des dérogations sur la durée du travail. Si nous n’avons pas de main d’œuvre disponible, l’engagement des pouvoirs publics sur la priorité à accorder à la filière alimentaire restera lettre morte et des ruptures de la chaîne d’approvisionnement sont à craindre.

– Le secteur de l’horticulture et des pépinières n’a pas été retenu comme prioritaire. Doit-il bénéficier de dispositions spécifiques ?

JV : Nous avons demandé que ce secteur soit considéré prioritaire comme l’agriculture. Le Gouvernement ne nous a pas suivi. La situation est inquiétante car les jardineries sont fermées et leurs clients collectivités ne vont plus travailler. Pour certaines entreprises qui réalisent jusqu’à 80 % de leur chiffre d’affaires entre mars et juin, la situation est catastrophique. Les entreprises concernées doivent bénéficier de mesures exceptionnelles de soutien.

Actuagri

 éleveurs+virus+emploi

Toutes les actualités

Sur le même sujet

Qui dit nouveau confinement dit «achats hors normes de la part des foyers français». Selon Nielsen, dans une étude publiée le 5 novembre, sur la semaine du 26 octobre au 1er novembre, les ventes de produits de grande consommation (PGC) ont augmenté de 23% par rapport à l’an passé.La hausse est même de 55% pour le seul mercredi 28 octobre, jour de l’annonce du reconfinement, destiné à être appliqué dès minuit le 30. «Le classement des plus fortes progressions confirme les tendances du printemps, avec papier hygiénique, farine et pâtes sur le podium», explique Nielsen. «Bien que très nette, la hausse de consommation des Français reste moins élevée que le pic observé à la mi-mars» lors du début du premier…