Aveyron | Par Elisa Llop
L’émotion était au rendez-vous, vendredi 5 décembre, avec la sortie officielle du premier livre pour enfants narrant la vie des agricultrices en images.

«Aujourd’hui, c’est l’aboutissement officiel de 2 années de travail, avec un rendu de qualité. Je pense que nous partageons tous un sentiment de fierté et une certaine émotion», a déclaré Germain Albespy, président de l’association CoSE (Compréhension et communication, Société Elevage), qui portait ce projet avec la section des agricultrices de la FDSEA et leur animatrice Raphaëlle Salles.
Sentiment partagé par l’ensemble des autres participants, les agricultrices de la section FDSEA, Delphine Cathala et Cécile Constatin, ainsi qu’Anaïs Verdier, la dessinatrice et Raphaël Martin, l’auteur. Ces deux derniers ont souligné leur admiration pour le métier d’agricultrice. Chacune des partie s’est chaleureusement remercié, que ce soit pour la transmission des témoignages que la qualité de l’accueil ou du travail, ou encore de la fidélité de la retranscription. «Je m’y reconnais à 100%», a conclu Cécile Constatin. Le meilleur message et celui à retenir est bien celui de la fin : «Je veux devenir agricultrice ! C’est le métier qui me fait rêver !».
L’objectif, pour rappel, est de tordre le cou aux clichés sur les représentations de la place de la femme en agriculture (mais aussi sur l’agriculture en général), qui est la grande-absente ou reléguée à des taches stéréotypées, qui n’ont évidemment pas lieu d’être. «L’agriculture a bien évolué, heureusement, mais il persiste encore quelques stéréotypes sur les agricultrices, qui sont pourtant cheffes d’exploitations à part entière aujourd’hui. Changer l’imaginaire du public au moyen d’un livre et de représentations de l’agricultrice moderne paraît d’autant plus indispensable avec notre enjeu de renouvellement des générations, il ne se fera pas sans le public hors-cadre qui représente aussi l’avenir, il est donc indispensable d’aller séduire ce public jeune, tout en restant réaliste», pose le président de CoSE.
«Il était important pour nous d’aller directement à la rencontre de celles qui sont sur le terrain», relate Raphaël Martin, l’auteur, spécialisé en documentaires pour la jeunesse et concepteur de projets. «J’ai grandi en milieu rural, pas loin d’une ferme, donc l’univers agricole m’est familier tout en étant mystérieux à la fois. Pour bien préparer ce projet, l’expérience de terrain était indispensable. La majorité des gens se sont éloignés de ces pratiques, et y être connecté m’a fait vraiment du bien, tout en permettant de nous rafraîchir les idées sur ce domaine. Nous avons été accueillis plusieurs fois sur leurs exploitations. Le dialogue avec les agricultrices était également prépondérant. Nous avons tous fait part de nos propositions, puis tout mis en commun, en définissant les idées prioritaires à représenter dans ce livre de 28 pages». Livre «qui aurait pu facilement en contenir une soixantaine, voire s’étaler en plusieurs volumes !», ajoute Delphine Cathala.
«Les planches évoquent des paysages emblématiques aveyronnais, bien réels, que vous pourrez certainement identifier», complète Anaïs Verdier, la dessinatrice. «Ce sont des aquarelles, certes, mais nous avons poussé au maximum du réalisme ; je suis aussi venue sur place, mais les agriculteurs m’ont également transmis des visuels de leurs installations, pour des détails techniques, parfois des mises en scènes, etc. Pour moi, il s’agit d’un milieu colossal. Sur place, j’ai ressenti toute leur pugnacité, mais également leur goût de la transmission».
«Je ne suis pas non plus connaisseuse du monde agricole à la base, même si je peins beaucoup d’animaux», explique l’artiste, qui en réalité, n’était pas tout à fait la seule à illustrer le livre. Son fils de 12 ans a également participé par ses traits et son imagination au carnet de bord de Maëlle, l’héroïne.
Le livre a aussi été pensé comme base éducative pour travailler avec les enfants. Les agricultrices continueront à transmettre le message en intervenant dans les écoles en présence, parfois, de la dessinatrice.
Parmi les dessins, on retrouvait aussi des représentations d’exploitation à chaque saison. Un élément important dans la vie des agricultrices, mais aussi un petit clin d’œil aux activités portées par l’association CoSE. Celle-ci, en effet, propose différents moyens pour découvrir le métier, comme par exemple des visites «la ferme aux quatre saisons», mis en place pour les écoles, qui proposent de visiter avec une classe, une même ferme à plusieurs saisons durant l’année scolaire.
Sur les 3000 exemplaires édités pour l’instant, 180 ont été distribués gratuitement dans les médiathèques du département. Le livre a en outre reçu le parrainage du ministère de l’agriculture, de l’agro-alimentaire et de la souveraineté alimentaire.
En cas de bénéfices des ventes, l’association a fait le choix d’en reverser l’intégralité à la Ligue contre le cancer et au CIDFF (centre d’information sur les droits des femmes et des familles).
Dédié aux 6-9 ans, le livre est commercialisé (10 euros) dans différents points de vente et en particulier dans la boutique sur www.lavolontepaysanne.fr
Elisa Llop


