Aveyron | National | Par Eva DZ

Hubert Dubien, président du CNAOL : L’AOP Roquefort a donné l’exemple !

Producteur de fourme de Montbrison AOP dans la Loire, Hubert Dubien, préside le Conseil national des appellations d’origine laitières. Les plus de 53 AOP et IGP étaient représentées fin septembre pour l’assemblée générale du CNAOL… à Millau et Roquefort pour célébrer la plus ancienne d’entre elles, l’AOP Roquefort. Entretien.

L’équipe de la Confédération générale de Roquefort applaudie par Hubert Dubien, président du CNAOL pour la qualité d’organisation de l’assemblée générale.

Etait-ce une évidence d’organiser l’assemblée générale du CNAOL sur le rayon de Roquefort, l’année du centenaire de la première appellation d’origine fromagère en France ?
H. Dubien : «Bien sûr ! Il ne pouvait en être autrement ! Nous ne pouvions que faire plaisir à la première AOP fromagère de France, pour son centenaire, d’accepter sa candidature pour recevoir ses collègues des autres appellations.

Que représente ce centenaire pour vous ?
H. Dubien : L’AOP Roquefort est initiatrice de la démarche des appellations d’origine. Elle a donné du sens, de la fierté, de l’ambition dans la reconnaissance des savoir-faire, sur un territoire donné, de produits de qualité supérieure, à travers un cahier des charges. Elle a donné l’exemple. Loin de l’immobilisme dont on pourrait nous affubler, face aux enjeux, elle montre que nos appellations sont capables d’évoluer. Notre modèle est vertueux et durable.

Que représente les AOP et IGP en France ?
H. Dubien : Aujourd’hui le CNAOL représente 53 AOP et 12 IGP, dans les trois laits (vache, brebis, chèvre), en catégories fromages, beurres, crèmes, dans des régions atypiques. Nous avons la chance d’être bien pourvus. Nos appellations donnent du sens à la production agricole, ils expriment la qualité sur des territoires souvent difficiles.
Grâce à nos appellations, source de valeur ajoutée, nous maintenons des paysages ouverts, nous créons de l’emploi sur nos fermes, dans nos laiteries, nos caves… des emplois non délocalisables. Elles participent à l’aménagement des territoires, à l’économie locale, et même au-delà avec des produits qui savent s’exporter et contribuent au rayonnement de la gastronomie française.

Comment se portent les appellations d’origine laitière ?
H. Dubien : La période d’inflation est passée mais pour autant les consommateurs restent frileux quant à l’achat de produits sous signes de qualité. Le contexte politique instable, la rentrée sociale agitée, la menace d’accord commerciaux, les taxes Trump… y sont sans doute pour beaucoup. Les consommateurs semblent prêts à acheter nos produits mais pour autant ils restent dans l’attente, taraudés par la question de la situation budgétaire. D’autant que nos produits sont de qualité supérieure et donc plus chers à l’achat… Mais je suis convaincu que cette situation n’est que passagère. Le marché est difficile aujourd’hui c’est vrai mais je pense que dès que les incertitudes seront levées, la consommation de nos produits repartira. A nous de positionner nos produits sur les nouveaux créneaux de consommation : autour de l’apéro, de fiches recettes faciles, dans la restauration rapide… Je fais confiance à notre intelligence collective pour nous adapter et conquérir les consommateurs d’aujourd’hui.

La recherche et le développement sont aussi une des missions du CNAOL. Quels sont vos chantiers en cours ?
H. Dubien : Le dossier qui nous occupe en priorité est le lait cru. Plus de 76% des volumes commercialisés en lait cru sont issus de nos AOP-IGP (60% des appellations). Nous y tenons beaucoup et les Français aussi puisque 9 sur 10 en ont une image positive ! Mais ce n’est pas toujours facile face aux détracteurs, au lobbying qui joue sur la peur, pourtant non justifiée ! C’est pourquoi, aux côtés de personnes ressources, nous poussons la recherche pour que les consommateurs soient bien informés : une information juste, étayée, dans la continuité du livre blanc que nous avions présenté sur le lait cru, en lien avec la Fondation pour la biodiversité fromagère qui montre la réalité des bénéfices pour la santé du lait cru.
Notre dernière action en date est l’envoi d’un courrier aux ministères de l’agriculture et de la santé, pour présenter notre plan de sauvegarde du lait cru et de ses filières. Ce courrier a été signé par le CNAOL, l’INAO et les trois interprofessions laitières (CNIEL, FBL et Anicap) et a été préparé en lien avec les organismes de recherche.
Nous attendons que les pouvoirs publics se positionnent clairement auprès de nos filières au lait cru, les aident à mesurer les bénéfices et les risques pour garder le lait cru. Il faut aller vite sur ce dossier car nous ne tiendrons pas longtemps !».

Recueillis par Eva DZ

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