National | Par Actuagri
Créé il y a 20 ans le label Territoire de Faune Sauvage réunit agriculteurs, forestiers et chasseurs pour sauvegarder la biodiversité. La démarche fondée sur le bénévolat est ouverte aux propriétaires privés et aux collectivités territoriales. Voici trois exemples de territoires déjà labellisés ou candidats à l’être.

Etang Maison Suisse © Actuagri-JMC
1 ) Les établissements Peugeot Frères
Qui savait que le constructeur de voitures Peugeot était propriétaire de forêts gérées selon les règles du label territoire de faune sauvage ? Début XIXe siècle, avant l’automobile, Peugeot est un industriel qui construit des outils. Il a donc besoin d’acier et de bois. D’où ses achats de plusieurs centaines d’hectares de forêts. Celle de Chatillon-la-Borde en Seine-et-Marne s’étend sur 800 hectares destinés aujourd’hui à la production de bois et à la chasse. Avec l’aide de la Fédération nationale des chasseurs de Seine-et-Marne (FNC 77) décision est prise d’y restaurer 111 mares forestières. Celles-ci se referment, sous l’effet des feuilles, des mousses, et l’eau finit par disparaître. Or, les mares sont des modèles de biodiversité. Le travail consiste à couper des lignes d’arbres pour donner de la lumière, arracher les saules et les arbres morts. Le coût est de 1 500 euros par mare, précise Renaud Bertrand, chargé de mission environnement à la FNC 77.
Bénéfices déjà observés : retour des libellules, des amphibiens et des couleuvres. Ce qui devrait favoriser le retour des 55 espèces d’oiseaux répertoriés, comme la cigogne noire, la bondrée apivore ou le busard. L’arrivée des mésanges fera reculer les espèces envahissantes comme les chenilles processionnaires. Autre avantage, les mares permettent l’absorption des nitrates avant qu’ils n’atteignent la nappe ou la rivière. Et elles constituent des réserves d’eau en cas d’incendie.
2 ) La Maison Suisse
Au cœur de la Brie humide, la centaine d’hectares attenant à la Maison Suisse (à Bréau-77) est propriété de la Fondation pour la restauration de la Nature (FRN). Celle-ci acquiert des espaces naturels pour les réhabiliter, en assurer la conservation et les ouvrir au jeune public, en espace pédagogique. Elle possède aujourd’hui en France 270 domaines d’une superficie totale de 6 500 hectares. Le financement et la gestion sont l’œuvre des chasseurs et la fondation François Sommer. «Le site est géré selon les usages», souligne Paul Bourrieau, directeur de la FRN, c’est-à-dire que ce sont les activités agricoles, de chasse et de pêche qui guident la conduite du territoire. On y cultive des plantes de couverture pour attirer le petit gibier. A cet effet des mélanges de semences certifiés ont été mis au point, adaptés aux mesures agro-environnementales et aux cultures d’intérêt faunistiques et floristiques. Ces couverts offrent des zones de refuge et de reproduction à la faune, une source de nourriture et servent de corridors écologiques. Le site accueille chaque année près de deux milles enfants pour les initier à la nature et offre une animation aux adultes sur les démarches Natura 2 000 et les mesures agrifaune.
3 ) Un label qui attire les jeunes
Diane Maquigny a grandi sur une exploitation de polyculture-élevage (lait-grandes cultures) dans la baie de Somme. Ses parents dirigent encore la ferme mais Diane observe et se passionne, forte d’une licence à l’ESA d’Angers et d’un master en agroforesterie au Pays-de-Galles. Invitée par la Fondation Sommer sur le terrain, elle imagine ce qu’elle pourrait apporter à l’exploitation familiale : garder les haies historiques et les prés-vergers mais faire aussi de nouvelles plantations. Deux kilomètres de haies supplémentaires sont en projet avec l’aide des fédérations de chasse et du réseau haies de France. Initiée à la pratique de la chasse par sa famille depuis l’enfance, elle connaît le rôle des haies sur la biodiversité. «Le chasseur est intéressé par les haies pour protéger le gibier et fin connaisseur de son territoire», explique-t-elle. «Il faut des couverts pour le sol adaptés aux culture de printemps mais aussi des haies fourragères pour les vaches, et avec du noisetier pour leur procurer un abri». C’est un investissement mais on peut sans doute tirer un revenu de la vente du bois-énergie et du gibier, des faisans et des perdrix qui vont revenir.
Si l’exploitation de ses parents obtient le label TFS elle en attend des rencontres avec des scientifiques pour mieux connaître la ferme familiale et une satisfaction personnelle : montrer que la biodiversité n’est pas un obstacle à la production.
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