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Dans un entretien à Agra Presse le 1er avril, le vice-président de la FNSEA Arnaud Rousseau s’inquiète de l’évolution des critères de conditionnalité des aides dans la future Pac, qui engendrerait une «souplesse bien moindre» dans le choix des cultures. Sa crainte porte sur la mesure 8 des BCAE (Bonnes conditions agricoles et environnementales) que les agriculteurs doivent satisfaire pour percevoir les aides du 1er pilier de la Pac. «Ce que souhaite le législateur [européen], c’est que la BCAE 8 se base sur la rotation [dans le temps] à la parcelle, et non plus sur la diversité de l’assolement au niveau de l’exploitation comme actuellement», explique M. Rousseau. Avec ce nouveau critère, un agriculteur dont toute la surface n’est pas irrigable risquerait de «devoir implanter des cultures à haute valeur ajoutée, pommes de terre ou légumes, sur des terres non irriguées», illustre-t-il. Prochainement en discussion à Bruxelles, ce choix de l’assolement au lieu de la rotation représenterait «un degré d’exigence bien supérieur» au cadre actuel, selon M. Rousseau. Nous nous en sommes émus auprès du ministre», explique celui qui est aussi président de la Fop (producteurs d’oléoprotéagineux, FNSEA).

Didier Bouville

«Aldi France s’engage pour une meilleure rémunération des éleveurs laitiers, à hauteur de 370 €/1000 litres prix de base, soit 385 € toutes primes confondues», annonce le discounter le 1er avril. Cet engagement concernera 85% des références de produits laitiers de l’enseigne sous marque de distributeur, soit une volumétrie de plus de 105 millions de litres de lait vendus chaque année. Pour ce faire, deux accords ont été signés pour une durée de trois ans pour du lait garanti sans OGM: le premier avec l’Association des producteurs de lait du bassin Centre (APLBC) et la laiterie Saint-Denis-de l’Hôtel; le second avec Sodiaal. «Pour une meilleure rémunération de nos éleveurs et de l’ensemble de la filière, nous nous engageons sur la durée et sur la quantité, se félicite Jean-Marie Malbranke, vice p-.d.g. d’Aldi France. Aujourd’hui, un premier pas est franchi. Mais ce n’est qu’un début, car nous souhaitons agir et aller plus loin avec d’autres filières.»

Didier Bouville

Les députés ont rejeté le 31 mars en séance publique les amendements du député Antoine Herth (Mouvement démocrate, Bas-Rhin), qui visaient à distinguer les produits issus de l’élevage à l’herbe dans le cadre de l’expérimentation sur l’affichage environnemental. Le texte, a précisé le député, visait à «lancer un signal politique face à la difficulté scientifique de définir un système équilibré d’écoscore pour ce type de production agricole». La rapporteure Aurore Bergé (LREM, Yvelines) a rendu un avis défavorable, en soulignant que les externalités déjà évoquées par la loi «permettent de couvrir tous les champs de l’élevage à l’herbe, comme la question du stockage de carbone, de la biodiversité, et de l’entretien des prairies et des paysages». Autre frein, selon la présidente de la commission spéciale Laurence Maillart-Méhaignerie (LREM, Ille-et-Vilaine), le manque pour l’heure de définition juridique de l’élevage à l’herbe. «En l’absence de système de traçabilité ou de qualité dédié, ajouter l’élevage à l’herbe à cet article créerait une incertitude dans le texte. En revanche, nous serions bien inspirés de travailler sur un label public pour tous les produits issus de l’élevage à l’herbe», a estimé la présidente.

Didier Bouville

A l’appel de plusieurs FDSEA et des associations spécialisées de la FNSEA, les producteurs de lait et d’oeufs se mobiliseront le 1er avril dans plusieurs départements de l’Ouest pour réclamer de meilleurs prix à la production. Avec l’appui de la FNPL (producteurs de lait), au moins deux actions sont prévues dans des grandes surfaces en Maine-et-Loire et Sarthe pour «vérifier que les prix pratiqués sur [plusieurs produits laitiers] ne sont pas abusivement bas, au sens de la loi Egalim». Quant aux producteurs d’oeufs, ils «exprimeront leur mécontentement dans plusieurs centres de conditionnement» en Morbihan, Deux-Sèvres et Maine-et-Loire, pour «perturber l’approvisionnement de GMS», annonce la CFA (aviculteurs) le 1er avril. Les éleveurs demandent que les distributeurs répercutent la hausse des prix de l’alimentation animale. D’après le syndicat, seuls Leclerc et Lidl l’ont déjà fait. «Les GMS récalcitrantes Aldi, Auchan, Carrefour, Cora, Casino, Intermarché, Metro et Super U ont été mises en garde par un courrier collégial le 18 mars dernier», précise la CFA dans un communiqué.

Didier Bouville

De nombreuses fédérations locales de la FNSEA appellent à manifester dans les prochains jours pour s’opposer aux hypothèses envisagées par le gouvernement pour le PSN (déclinaison française de la future Pac). Une semaine après le Massif central, la FRSEA du grand Bassin parisien (12 départements) battra le pavé le 2 avril. Un mot d’ordre régional relayé en Seine-et-Marne et dans l’Eure. Autres départements mobilisés le même jour: Haute-Garonne et Calvados. En Bourgogne-Franche-Comté, la FRSEA a appelé sur Twitter à une action le 6 avril à Dijon pour «des mesures concrètes pour les zones intermédiaires». Des mobilisations sont aussi prévues dans la Marne et les Hauts-de-France le 2 avril, puis dans le Centre-Val de Loire le 6 avril, indique le secrétaire général de la FNSEA Jérôme Despey à Agra Presse. Le syndicat n’a pas lancé de mot d’ordre national, indique-t-il. Les consultations sur le PSN présentent selon lui «des incertitudes qui génèrent du mécontentement» sur plusieurs sujets: aides couplées, zones intermédiaires, 2d pilier, etc. Un thème fait l’objet d’une «inquiétude totalement partagée» par les régions: le niveau d’exigence des éco-régimes, qui «pourrait exclure plus d’un tiers des agriculteurs». «Nous réunirons très prochainement nos présidents de région, vraisemblablement la semaine prochaine, pour discuter des suites à tenir», précise M. Despey.

Didier Bouville

La secrétaire d’Etat à la biodiversité Bérengère Abba, qui a réuni le 29 mars les acteurs du projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) du bassin versant du Tescou, a proposé un médiateur «pour faciliter la poursuite des travaux dans une phase opérationnelle», selon un communiqué du ministère. Cette nouvelle phase s’articulera notamment autour de la protection des zones humides, pour lesquelles l’Etat mènerait «une étude complète de caractérisation». Autre axe, la structuration des acteurs afin de «présenter des projets d’approvisionnement en eau proposant des volumes au plus près des besoins, et évalué sous l’angle économique et environnemental». Un cadrage réglementaire est prévu à cet effet. Le ministère met aussi en avant l’appui de l’Etat, au travers notamment de l’agence de l’eau et du plan France Relance, pour renforcer l’accompagnement agro-écologique des agriculteurs. Après plus de cinq ans de dialogue entre tous les acteurs de la vallée de Sivens, Bérengère Abba retient «des principes d’action (qui) ont été actés, en matière d’agro-écologie, de circuits courts, de valorisation des filières à haute valeur ajoutée, de diversification des services offerts par les exploitations, de qualité agro-paysagère, de communication».

Didier Bouville

Sous le mot d’ordre EGA Tolérance zéro, la FNPL (producteurs laitiers, FNSEA) annonce dans un communiqué du 30 avril qu’elle organise une mobilisation le 1er avril dans un supermarché de Mayenne. Son objectif: «vérifier que les prix pratiqués sur ces classes de produits [lait en bouteille, yaourt et emmental râpé] ne sont pas abusivement bas, au sens de la loi EGAlim». Le syndicat a en effet calculé des prix en dessous desquels ces produits laitiers ne doivent pas, selon lui, être vendus en supermarché pour respecter la loi Egalim. Selon ces estimations, le prix de vente au consommateur doit être au minimum de 0,74€/litre pour le lait de consommation, 1,34€/kg pour les yaourts et de 6,23€/kg pour l’emmental râpé. Ces calculs se basent sur un prix du lait au niveau du prix de revient moyen soit 388 euros les 1000 litres (rémunération de 2 Smic pour l’atelier lait) ; sur les données de l’observatoire des prix et des marges (OFPM) pour estimer les coûts de transformation ; et pour la grande distribution, sur une marge de 10% correspondant au seuil de revente à perte minimal. «Cette action sera la première d’une mobilisation nationale durant le mois d’avril», prévient la FNPL.

Didier Bouville

Le ministre français de l’Agriculture Julien Denormandie a dit le 30 mars vouloir rétablir l’obligation de mention de «l’origine UE» dans le cadre du projet de loi Climat, et défendre au niveau européen l’obligation d’indiquer le pays d’origine, après l’annulation d’un décret suite à un recours du géant laitier Lactalis. Le Conseil d’Etat a annulé, le 10 mars, un décret qui imposait d’indiquer l’origine du lait distribué dans le commerce, la Cour de justice de l’Union européenne ayant préalablement jugé qu’un tel étiquetage ne pouvait être obligatoire que s’il y avait un lien avéré entre les propriétés d’une denrée et sa provenance. «Qu’une entreprise, singulièrement une entreprise française, puisse déposer un recours à la Cour de justice de l’Union européenne pour cacher l’origine des produits au consommateur – et je parle là de l’entreprise Lactalis – objectivement les bras m’en tombent», a-t-il ajouté. Le ministre a déclaré qu’il soutiendrait, dans le cadre de l’examen du projet de loi climat, un amendement «visant à pouvoir rétablir l’origine du lait a minima (…) pour du lait venant de l’Union européenne». «L’origine est une compétence de l’Union européenne et donc le combat est au niveau de l’Europe et le ministre que je suis, soyez en certain, portera ce combat au niveau de l’Europe», a-t-il poursuivi.

Didier Bouville

Via deux arrêtés parus au Journal officiel le 28 mars, la FNSEA est reconduite comme «organisation professionnelle d’employeurs reconnue représentative»; d’une part pour le secteur des activités agricoles «au niveau national et multi-professionnel»; et d’autre part pour le «secteur de la production agricole et des Cuma». Cette qualification lui permet notamment de «continuer à représenter l’agriculture au sein de toutes les instances institutionnelles», rappelle le syndicat dans un communiqué du 29 mars. Ces textes lui permettent aussi «d’animer le dialogue social national et territorial» et «de porter la voix des entreprises agricoles afin de défendre leur compétitivité, leur permettre de recruter et de fidéliser leurs salariés». Des reconnaissances qui «nous donnent des droits, mais aussi des devoirs que nous assumerons pleinement», affirme la FNSEA.

Didier Bouville

Quatre associations spécialisées de la FNSEA, l’AGPB (producteurs de blé), l’AGPM (maïs), la CGB (betterave) et la Fop (oléoprotéagineux), ont fait part le 29 mars de leur inquiétude sur l’assurance récolte dans la nouvelle Pac. «Les discussions relatives au PSN (déclinaison nationale de la future Pac, NDLR) n’apportent pas de réponses aux attentes légitimes des producteurs sur la montée en puissance de l’assurance récolte ou le développement d’autres outils de gestion des risques comme les fonds de mutualisation», selon un communiqué commun. Les organisations dénoncent «l’absence d’orientations politiques précises et de simulations budgétaires concrètes» sur le sujet. Or selon elles, de tels dispositifs sont «un des seuls outils du second pilier de la Pac réellement accessible aux producteurs de grandes cultures pour permettre l’adaptation de leurs exploitations à la nouvelle donne climatique».

Didier Bouville