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Le gouvernement allemand a présenté le 10 février un projet de loi limitant drastiquement l’usage des pesticides autour des cours d’eau et dans les zones naturelles protégées afin d’enrayer le déclin massif des insectes, suscitant la colère du monde agricole. Berlin interdira l’utilisation des produits nocifs autour des cours d’eau, dans un périmètre qui sera déterminé au niveau local mais avec une distance limite minimale. De «nombreux produits phytosanitaires» seront aussi bannis dans les zones naturelles protégées, a assuré le gouvernement, sans toutefois préciser les substances concernées. L’Allemagne a enfin réitéré sa volonté de sortir du glyphosate «fin 2023», et s’est engagée dès maintenant à «restreindre fortement» son usage. L’actuelle autorisation dans l’UE de cet herbicide expire fin 2022. «La mort des insectes doit être stoppée, dans l’intérêt de tous», a affirmé la ministre de l’Environnement Svenja Schulze en présentant ce projet de loi, dont l’ambition a été saluée par les associations de défense de l’environnement. «Avec ce texte, l’Allemagne se positionne comme un pays avant-gardiste dans la protection des insectes», s’est félicité auprès de l’AFP Martin Dermine, expert pour l’association européenne anti-pesticides Pan Europe, présidée par François Veillerette.

Didier Bouville

Dans un courrier, daté du 10 février, et adressé au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, presse le gouvernement d’activer la mise en place d’un chèque alimentaire. « Il n’est pas concevable que des personnes en situation de vulnérabilité économique ou sociale ne puissent pas manger à leur faim », explique-t-elle. Elle est d’autant plus sensible sur ce sujet que les agriculteurs français ont continué « à nourrir la population malgré le contexte » sanitaire et économique défavorable. A l’appui de sa demande, elle rappelle, dans une note jointe, que « les dispositifs d’aide alimentaire accompagnent 5,5 millions de personnes, sur les 10 millions qui se situent sous le seuil de pauvreté », l’association SOLAAL peut venir en appui de ce dispositif et surtout que le président de la République a indiqué son souhait de mettre en place ce chèque rapidement. Définissant les produits et circuits éligibles, en particulier ceux de la bannière « Plus près de vous et de vos goûts », mise en place au moins de novembre dernier par le ministère de l’Agriculture, la FNSEA propose « la mise en place (distribution ou envoi) d’un chèque ou d’une carte alimentaire individuel(le) ». Elle servirait à « l’achat d’une sélection de produits alimentaires, et dont la gestion pourrait être confiée aux services décentralisés de l’État, et la distribution des chèques aux CCAS ou aux conseils départementaux ». Cette aide alimentaire ciblerait, « dans sa phase de démarrage » au « jeunes familles et aux personnes âgées sous conditions de ressources » et aux « étudiants boursiers ».

Didier Bouville

«Ces chiffres caricaturent une réalité bien plus complexe qui ne peut s’accommoder d’une série d’affirmations à charge qui stigmatisent à nouveau la profession agricole», a dénoncé la FNSEA le 9 février dans un communiqué. Pour elle, le rapport de la Fondation Nicolas Hulot (FNH) occulte totalement les efforts fournis par les agriculteurs au cours des dix dernières années : « En 10 ans, de 2009 à 2019, la quantité totale de substances actives de produits conventionnels a baissé de 36 % ; Depuis 1990, 75 % des substances actives ont été retirées du marché », affirme la FNSEA qui rappelle que « les ventes de produits de biocontrôle ont presque doublé (+ 85 %) en moyenne triennale, entre 2009-2011 et 2016-2018. » Mieux, depuis 2017, pas moins de 44 organisations agricoles et de la recherche se sont organisées dans le cadre du Contrat de solutions pour identifier des alternatives à l’utilisation des produits phytosanitaires. Alors que la FNH s’apprête à publier à la mi-mars un rapport sur le thème « Mondialisation : comment cesser l’importation de denrées issues de substances et pratiques interdites en Europe », la FNSEA indique avoir des éléments à lui fournir et appelle au « dialogue » avec la FNH. « Sachons miser sur nos agriculteurs, ils ont beaucoup à apporter », conclut le communiqué.

Didier Bouville

La restauration hors domicile hexagonale essuie en 2020 une perte de chiffre d’affaires (CA) de 38% à 35,6 milliards d’euros et une perte de fréquentation de 35% par rapport à 2019, rapporte the NPD Group (spécialiste en étude de marché) dans un communiqué du 9 février. Le rythme de cette décroissance a beaucoup évolué au cours de l’année. Lors du premier confinement en avril-mai, les visites se sont effondrées de 71%. Entre juin et octobre, le recul a été de 28%. «L’anticipation du second confinement a toutefois permis aux professionnels de s’adapter afin de limiter les dégâts», analyse the NDP group et la baisse de fréquentation a été de 43% sur la période de novembre et décembre, soit un recul soit moins important que lors de la première période de fermeture. Dans le détail, le circuit le plus impacté est celui de la restauration à table qui a perdu la moitié de son CA et de sa fréquentation. La restauration rapide a mieux résisté perdant 25% de son CA et de sa fréquentation. Elle gagne même 7 points de part de marché grignotant le marché de la restauration à table, des cantines d’entreprise et de la restauration de loisirs et de transports.

Didier Bouville

Dans le cadre des négociations annuelles en cours entre la grande distribution et ses fournisseurs, Lidl a rendu public, le 9 février, un nouvel accord portant, cette fois, sur le lait de chèvre. L’enseigne et Agrial (branche lait d’Eurial) ont signé un nouvel accord permettant de rémunérer les éleveurs à hauteur de 790 euros les 1000 litres de lait de chèvre. Il concernera les fromages de la marque Soignon fabriqué par Agrial pour un total de 5 millions de litres de lait par an. L’année dernière, le distributeur et la coopérative étaient parvenus à s’accorder sur un prix de 749 € pour 1000 litres qui concerne un volume plus réduit de 3 millions de litres de lait par an. Cette annonce devrait donner satisfaction à la Fnec (éleveurs de chèvres, FNSEA) qui, la veille, réitérait son appel aux «enseignes de la grande distribution à prendre leurs responsabilités et à s’engager à poursuivre la dynamique des EGA pour la filière caprine». L’objectif prix du syndicat pour «permettre de couvrir les coûts de production et rémunérer le travail de l’éleveur» était de 790 euros les 1000 litres. Le compte y est.

Didier Bouville

Le distributeur Lidl annonce le 8 février dans un communiqué avoir signé avec le groupe Lactalis et la coopérative Sodiaal, dans le cadre des négociations commerciales annuelles en cours, des accords sur le prix du lait à 370 euros les 1000 litres en prix de base, soit 385 euros les 1000 litres toutes primes confondues. Il s’agit d’une hausse de 5 euros par rapport à l’année dernière; le distributeur et les deux laiteries avaient signé à un prix de base de 365 euros les 1000 litres. Ces accords portent sur la totalité des produits sous marques nationales mais aussi sous marques de distributeur, soit l’équivalent de 230 millions de litres pour Lactalis et 235 millions de litres pour Sodiaal. Ces communications annonçant prix, produits concernés et volumes font partie de la stratégie de Lidl dans les négociations commerciales. Pour le distributeur, cette transparence est la condition pour que «chaque euro donné revienne effectivement aux producteurs» et que ces derniers puissent «demander des comptes», expliquait déjà en 2019 Michel Biero, directeur exécutif achats chez Lidl, dans un entretien à Agra Presse. Par ailleurs, le 8 février, le ministre de l’Agriculture a rendu visite aux équipes du distributeur à Rungis pour «faire un point sur les pratiques responsables» de Lidl, annonce l’enseigne dans un autre communiqué.

Didier Bouville

Malgré quelques améliorations, grâce à un certain nombre de nouveaux outils proposés avec la réforme de 2013, le résultat de la mise en œuvre de la Pac sur le tassement, l’érosion ou la biodiversité des sols est jugé faible par une étude publiée le 8 février par la Commission européenne. Ce travail, commandé à des prestataires extérieurs, notamment l’Institut pour la politique environnementale européenne (IEEP), constate que la qualité des sols «s’est vue accorder moins d’importance dans les choix de mise en œuvre de la Pac par les États Membres que d’autres préoccupations environnementales notamment la biodiversité et l’eau qui bénéficient d’objectifs communautaires contraignants». Autre critique: certaines pratiques essentielles (notamment la limitation de la taille des parcelles, le raisonnement du travail du sol, le contrôle des passages de tracteurs, la mise en place de rotation des cultures) ne font, elles, l’objet d’aucune mesure. Un jugement dont pourrait tenir compte la Commission européenne dans le cadre de sa future stratégie pour la protection des sols qui doit être présentée avant l’été.

Didier Bouville

Dans un communiqué du 5 février, l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB) appelle la grande distribution à «prendre en considération» la flambée des prix de l’alimentation animale dans les filières du porc et des œufs. Alors que les négociations commerciales annuelles doivent être bouclées pour le 1er mars, les discussions sont «ardues», estime l’organisation alertant sur des «conséquences désastreuses» à venir. «Tous les indicateurs sont au rouge concernant l’évolution du prix des matières premières, céréales et protéagineux, au niveau mondial», rappelle l’UGPVB. En un an, le prix de l’aliment pour porcs a augmenté de 6,7% (indice Ifip de décembre 2020) et celui pour poules pondeuses de 22,3% (indice Itavi de janvier 2021). Or «la grande distribution souhaite imposer une déflation générale de 4%, soit 8 points en dessous des prix réclamés par les fournisseurs», affirme l’UGPVB, qui cite la FNSEA. «Les éleveurs et leurs familles ne pourront accepter d’être la variable d’ajustement» des négociations commerciales, prévient-elle.

Didier Bouville

L’interprofession bovine (Interbev) a lancé le 5 février une plateforme pédagogique (https://www.monassiette-maplanete.fr/) à destination des enseignants afin que ceux-ci puissent s’approprier le débat autour des questions sociétales dominantes que sont l’alimentation durable et l’environnement. Cette plateforme coconstruite avec des professeurs de tous niveaux couvre un large spectre du primaire (cycles 2 et 3) au lycée. « Cette nouvelle plateforme se veut être le trait d’union entre le milieu scolaire et celui de la filière », indique le communiqué de presse d’Interbev daté du 5 février. Elle entend également favoriser et développer « les rencontres entre élèves et professionnels de la filière », rencontres qui existent depuis 2014. En effet depuis cette date, « la filière ouvre ses portes pendant une semaine au public, permettant ainsi, aux professionnels de recevoir des classes sur leur lieu de travail, d’expliquer leur métier et de transmettre leur passion ».

Didier Bouville

A l’occasion de la remise officielle du rapport de la Commission nationale du débat public (CNDP) sur la future Pac, le 5 février, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a déclaré, comme il l’avait fait devant les professionnels quelques semaines plus tôt, qu’il n’était pas disposé à conditionner les aides à l’actif dans le cadre de la déclinaison française de la Pac. «Le débat sur le ciblage de l’aide à l’actif et non plus à l’hectare n’est pas mûr, et ce n’est pas faisable dans le cadre de cette Pac», a-t-il affirmé. Il s’oppose d’autant plus à cette orientation qu’«il n’existe pas de définition de l’actif européenne. Et ce n’est jamais bon. L’avantage de l’aide à l’hectare, c’est que sa définition est commune à tous les Etats membres». Par ailleurs, a-t-il poursuivi, «il n’est pas vrai de dire que la richesse d’une exploitation est liée à sa taille». Et de citer le cas des zones intermédiaires, dans lesquelles les rendements céréaliers des exploitations sont significativement plus faibles qu’ailleurs.

Didier Bouville