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A l’issue d’un vote qui s’annonçait compliqué, le Parlement européen réuni en plénière le 8 juin a rejeté le texte sur la réforme du marché européen du carbone, reportant de facto le vote prévu dans la foulée sur le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Estimant que la position du Parlement n’était pas assez ambitieuse concernant le système d’échange de quotas d’émission, les groupes de Verts et de la Gauche ont voté contre le texte. Les discussions sur ces règlements sont donc renvoyées en commission de l’Environnement en vue de parvenir à un compromis avant que soit organisé un nouveau vote en plénière. Les eurodéputés devaient se prononcer sur huit des quatorze textes du paquet d’adaptation de l’UE aux nouveaux objectifs climatiques de l’UE. Ils ont quand même adopter leurs positions sur la répartition des efforts et sur l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres et la foresterie (LULUCF). Sur le règlement LULUCF les eurodéputés souhaitent que ce secteur reste séparé de l’agriculture avec un objectif spécifique d’absorption (contrairement à ce que proposait la Commission européenne). Enfin, le Parlement a adopté sa position sur les normes d’émissions de CO2 pour les voitures qui prévoit la fin du moteur thermique pour les voitures neuves mises sur le marché à partir de 2035.

Eva DZ

«Des milliers d’hectares ont été versés, déchiquetés ou noyés notamment dans les Charentes, l’Eure-et-Loir, l’Allier, le Cher, la Côte d’or, les Yvelines et de nombreux autres départements», indique l’AGPB (producteurs de blé et autres céréales, FNSEA), à la veille de son congrès. Dans un communiqué le 7 juin, l’organisation relève «des situations catastrophiques» pour des agriculteurs ayant perdu leurs récoltes, dont une partie est d’ores et déjà engagée commercialement. Un opérateur de la région Centre signale à Agra Presse des dommages «extrêmement localisés», avec parfois beaucoup de dégâts comme à Châtillon-sur-Indre. En légumes, les dégâts sont «très localisés» selon le président de Légumes de France (producteurs de légumes, FNSEA) Jacques Rouchaussé. Même constat en arboriculture, filière relativement épargnée selon la directrice de la FNPF (producteurs de fruits, FNSEA), Stéphanie Prat. «Après, il y a toujours des drames. Ne serait-ce que le centre du CTIFL de Lanxade (Dordogne) qui a perdu toute sa production», a-t-elle ajoutée. Les deux organisations sont en train de recenser les dégâts.

Didier Bouville

La FNSEA et la Coopération agricole (LCA) ont annoncé, le 7 juin en conférence de presse, la création d’un collectif pour un chèque alimentaire pérenne. «Qui m’aime me suive» a déclaré la présidente de la FNSEA Christiane Lambert à l’intention des enseignes de distribution et de tous les acteurs de la chaîne alimentaire. Pour l’heure, le collectif rassemble les deux organisations ainsi que les JA, et va travailler «de façon très étroite» avec la MSA et d’autres associations (Solaal notamment). La mise en œuvre du chèque alimentation va intervenir en deux temps via une aide d’urgence et une mesure plus pérenne, selon la Première ministre Elisabeth Borne (voir plus haut). C’est sur cette deuxième mesure que le collectif compte travailler avec les ministères de l’Agriculture, de la Santé et de l’Economie «dès l’automne», a indiqué le président La Coopération agricole Dominique Chargé. «Nous devrons être vigilants sur deux points. Le fait qu’il n’y ait pas de complexité dans la mise en œuvre de cette mesure, et qu’il n’y ait pas de discrimination (…) sur la façon dont on traite les différents circuits de distribution et les différents produits », a souligné M. Chargé.

Didier Bouville

Les prix mondiaux des produits alimentaires ont enregistré une légère baisse en mai pour le deuxième mois consécutif, malgré la hausse des prix du blé et de la volaille, selon l’indice publié le 3 juin par l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les prix ont ainsi reculé de 0,6% principalement en raison d’une baisse des prix internationaux des huiles végétales (-3,5% depuis avril). Pour les huiles de palme, de tournesol, de soja et de colza, ce recul est imputable en partie à la levée par l’Indonésie de son interdiction d’exporter l’huile de palme et à la faiblesse de la demande mondiale. Cette baisse concerne aussi les produits laitiers (-3,5% depuis avril). En revanche, les prix du blé ont augmenté de 5,6 % par rapport à avril et de 56,2% par rapport à l’année précédente. Cette envolée s’explique par l’interdiction menée par l’Inde d’exporter son blé, par des craintes relatives à l’état des cultures dans plusieurs pays exportateurs, mais aussi par un abaissement des perspectives concernant la production de blé en Ukraine en raison de la guerre. Quant aux prix de la viande, ils ont progressé de 0,5 % par rapport à avril atteignant ainsi un nouveau sommet historique, sous l’impulsion d’une forte hausse des prix mondiaux de la viande de volaille. Une évolution qui s’explique par la persistance des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement en Ukraine et par l’apparition récente de cas de grippe aviaire, explique la FAO.

Didier Bouville

«Sous certaines conditions», les normes sanitaires et environnementales (relatives au bien-être des animaux ou aux procédés et aux méthodes de production) peuvent «être appliquées aux produits importés. Cela nécessitera une évaluation minutieuse au cas par cas afin de garantir le respect des obligations internationales de l’UE, y compris les règles de l’OMC», confirme la Commission européenne dans son rapport sur l’application des normes phytosanitaires et environnementales aux produits agricoles importés, officiellement publié le 3 juin. Conformément aux engagements pris dans le cadre de la stratégie De la ferme à la table, ces aspects environnementaux seront notamment pris en compte dans le processus de fixation des limites maximales de résidus de pesticides, en particuliert pour les tolérances à l’importation des pesticides qui ne sont plus autorisés dans l’UE, indique Bruxelles. Ce travail avait été demandé par le Parlement européen (principalement) et les Etats membres lors des négociations sur la réforme de la Pac. Les conclusions de ce rapport seront présentées, et débattues, le 13 juin à l’occasion de la dernière réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE sous la présidence française qui a fait du sujet de la réciprocité des normes la priorité de son mandat en matière agricole.

Didier Bouville

Le gouvernement a annoncé le 6 juin une série de mesures, dont l’étalement du remboursement des prêts garantis par l’État, pour soulager les exploitations agricoles touchées par l’épisode violent de grêle qui a traversé la France en fin de semaine dernière. «On va activer très rapidement les dispositifs qu’on connaît, comme l’allègement des charges sociales, la défiscalisation sur la taxe sur le foncier non bâti (…) regarder aussi les dispositifs qui peuvent être pris dans le cadre des calamités agricoles», a déclaré le nouveau ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, après sa rencontre avec des viticulteurs dans une exploitation touchée le 2 juin à Saint-Quentin-de-Caplong, dans l’est du Bordelais. «Il y a une demande qui a été faite, on y travaille d’arrache-pied, pour faire en sorte que les prêts garantis par l’État (PGE) puissent être prolongés dans la durée car on va avoir dans ses exploitations des pertes de recettes», a-t-il indiqué, sans donner d’éléments chiffrés. Sur le court terme, «on a besoin de disposer très rapidement d’un état des lieux pour activer les dispositifs (…) On a un événement très violent sur de très nombreux départements mais dans des zones localisées. On va faire au cas par cas», a-t-il poursuivi, assurant de «la mobilisation de l’État».

Didier Bouville

Une campagne de promotion des légumineuses est menée en 2022 à destination notamment des jeunes consommateurs, ont indiqué le 2 juin ses responsables. L’opération à «plus de 1 M€», dont un cofinancement par France Relance, est initiée par les interprofessions Terres Univia (huiles et protéines végétales) et Interfel (fruits et légumes), ainsi que les fédérations FNLS (légumes secs) et Fiac (conserves). Son slogan: «Les légumineuses, c’est deux fois par semaine.» Un objectif en phase avec le Programme national nutrition santé (PNNS), soit environ 10 kg/an, alors que la consommation actuelle est inférieure à 2 kg/an (contre près de 4 kg/an en Europe). Trois publics sont visés: les enfants et parents, via de la publicité autour de recettes, un kit scolaire, une campagne sur les réseaux sociaux ; la restauration collective, avec notamment un livret de recettes accompagné de vidéos, la présence à un salon; et enfin le secteur de la santé et nutrition. Cette campagne répond à la stratégie nationale en faveur des protéines végétales, lancée en décembre 2020. L’ambition est notamment de doubler les surfaces cultivées (en légumes secs, pois, soja, luzerne, légumineuses fourragères…) pour atteindre 8% de la SAU en 2030. «Aujourd’hui, notre production de légumes secs atteint péniblement 50% de la consommation», signale Antoine Henrion (Terres Univia).

Eva DZ

D’après un sondage Réussir-Ipsos à paraître le 7 juin et réalisé auprès de 236 agriculteurs entre le 12 et le 20 mai, les éleveurs interrogés (bovins viande, lait, ovins, porcs…) sont plus «pessimistes» que l’an passé. Quelque 61% des éleveurs se disent «très pessimistes» ou «plutôt pessimistes», contre 51% en 2021. Parmi les explications de ce pessimisme invoquées par les agriculteurs (en élevage et grandes cultures), la «hausse des coûts de production/approvisionnement/charges» arrive, de loin, en première position, invoquée dans 48% des réponses. Viennent ensuite les «incertitudes sur l’avenir/du conflit» (19%). Les éleveurs ont détaillé les conséquences perçues de la guerre en Ukraine ; sans surprise, 94% d’entre eux mentionnent la hausse du coût des carburants, 84% celui des aliments et 76% des engrais. Le sondage évoque également le cas des exploitants en grandes cultures, chez qui le nombre de «pessimistes» baisse de 21 points, au profit des «attentistes» (+19 points). Ils sont à la fois touchés par la hausse des carburants (98%) et des engrais (97%), mais bénéficient aussi de la hausse de leurs prix de vente (76%).

Eva DZ

Par deux décrets publiés au Journal officiel le 2 juin, l’Élysée a clarifié la répartition des portefeuilles entre Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher. À la tête de la «transition écologique et de la cohésion des territoires», la première se voit confier intégralement «la protection de la nature et de la biodiversité», le «développement durable», la «lutte contre l’étalement urbain», la qualité de l’air, «la police et la gestion de la chasse». La gestion du dossier climat, et notamment de l’influente direction de l’énergie et du climat (DGEC) sera en revanche partagée avec Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition énergétique. C’est à celle-ci qu’il reviendra d’ailleurs principalement de préparer et mettre en œuvre «la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre». Son ministère sera ainsi en charge «du développement des énergies renouvelables», notamment agricoles, et de la lutte contre la «précarité énergétique» en matière de carburant. Autant de portefeuilles qui seront surveillés de près par la Première ministre en charge de la planification écologique Élisabeth Borne et son secrétaire général Antoine Peillon.

Eva DZ

Après son premier rendez-vous avec le nouveau ministre de l’Agriculture, le président de la fédération des producteurs biologiques (Fnab) Philippe Camburet, rapporte que Marc Fesneau a «ouvert des portes», sans s’engager précisément sur les différentes demandes du syndicat. Face aux difficultés dans plusieurs filières, la Fnab demandait notamment «un plan de résilience bio», avec au moins quinze millions d’euros spécifiquement sur le lait. Au final, aucune enveloppe supplémentaire ne devrait être débloquée, mais les agriculteurs bio pourraient voir leur accès au guichet d’aides «Ukraine» facilité, alors que le critère sur la proportion d’aliment acheté aurait tendance à les en exclure. Le président de la Fnab n’a toutefois senti «aucune velléité particulière de faire de l’agriculture biologique un système plus méritant en matière d’aides», dans le cadre de ce dispositif d’urgence. Marc Fesneau aurait en revanche manifesté «une volonté de voir les collectivités locales davantage s’impliquer» sur l’application des 20% de nourriture bio dans les cantines, objectif d’Egalim. «Marc Fesneau est un élu local qui aborde les difficultés sur le terrain de manière plus concrète que Julien Denormandie», observe Philippe Camburet. Le ministre prévoirait même déjà de revoir prochainement la Fnab «sur des sujets aussi préoccupants que l’installation-transmission et la biodiversité».

Didier Bouville