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La «grande majorité» des renégociations ouvertes avec la grande distribution ont abouti, a indiqué le p.d.-g. de la Fnil (industriels laitiers), François-Xavier Huard, lors d’un échange avec Agra Presse. Les hausses de tarifs sur les produits laitiers — entre 6 et 8% en moyenne — sont plus importantes que celles obtenues en mars, à la fin des négociations commerciales annuelles (autour +3,5-4%). Cependant les augmentations «péniblement obtenues» ne sont pas à la hauteur des attentes des industriels. «Pour couvrir les hausses de matières premières agricoles et industrielles, il faudrait être à 18%». D’autant que les coûts en élevage continuent d’augmenter. La sécheresse et le renchérissement du prix des fourrages pourrait conduire à de nouvelles renégociations en septembre dans les filières animales, signale le président de la Coopération agricole Dominique Chargé. En juillet, la FNPL (producteurs FNSEA) menaçait d’une action «de grande ampleur» et dénonçait le non-respect des formules de prix par certains industriels. «Nous n’attendons que ça de pouvoir donner de la visibilité aux producteurs. Si le prix du lait en France est déconnecté de la moyenne européenne, c’est parce qu’il est très dépendant des prix en grande distribution, beaucoup moins réactifs que chez nos voisins», assure François-Xavier Huard.

Didier Bouville

Face à une récolte de pomme de terre qui s’annonce comme «la plus mauvaise depuis 2000», l’UNPT (producteurs, FNSEA) «appelle à la réaction immédiate des acteurs économiques et des pouvoirs publics», a-t-elle déclaré le 26 août. Les rendements de la pomme de terre sont prévus en baisse d’«au moins 20 % par rapport à la moyenne des vingt dernières années», soit une perte de production de 1,5 Mt, d’après un communiqué. Cette «dégradation historique», liée à la chaleur et la sécheresse, pourrait même atteindre au minimum «-30 % pour les pommes de terre non-irriguées, avec des extrêmes déjà relevés à -50%». Les producteurs, «et particulièrement ceux livrant à l’industrie et aux féculeries», s’attendent à des pertes financières supérieures à 200 M€, indique l’UNPT. Le syndicat appelle à «la revalorisation des prix payés aux producteurs et une meilleure répartition de la valeur ajoutée notamment avec la grande distribution, à l’assouplissement contractuel des volumes engagés non livrés par les producteurs et à l’amorce rapide d’une réflexion sur la mise en place d’un dispositif d’aide d’Etat exceptionnel». Et de réclamer une réunion d’urgence avec le ministère de l’Agriculture.

Didier Bouville

Greenpeace France, le WWF France et la LPO seraient les trois ONG les plus influentes du pays, selon une étude «empirique» dévoilée par l’hebdomadaire L’Express et le cabinet Plead en août. «Cette influence diffuse, multiple, personne, jusqu’ici, ne s’était attaché à la mesurer ni à la caractériser», estime un article de l’Express. Dans le détail, Greenpeace serait particulièrement présente sur les réseaux sociaux, quand les deux autres sont plutôt relayées dans les médias. Et côté politique, selon les auteurs, Réseau Action Climat et FNE seraient les plus actives auprès des parlementaires. Parmi les noms connus du secteur agricole, L214 se classe également en deuxième position en termes de présence dans les médias, juste derrière Greenpeace. À l’inverse, Générations Futures, Foodwatch ou encore Welfarm se situent dans le dernier tiers du classement général. L’article de l’Express compare l’influence des ONG à celle des cabinets de conseil, estimant que l’on croise les premières dans les couloirs des ministères «au moins aussi souvent que les consultants de McKinsey». Notre récente enquête basée sur les données de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) montre toutefois que, dans le domaine agricole au moins, les syndicats et organisations professionnelles demeurent bien plus influents en termes de moyens déployés que les ONG, dans les ministères comme à l’Assemblée.

Didier Bouville

Le fabricant norvégien d’engrais minéraux Yara va encore réduire sa production d’ammoniac en Europe du fait du prix record du gaz naturel, a-t-il annoncé le 25 août. Sur le Vieux Continent, le groupe n’utilisera désormais plus qu’environ 35% de sa capacité de production d’ammoniac, obtenu en combinant l’azote de l’air et l’hydrogène provenant du gaz naturel. Pour les mêmes motifs, Yara avait déjà arrêté deux fois depuis le début de l’année son usine de Ferrare en Italie et suspendu la production pendant trois semaines dans celle du Havre en France, fonctionnant alors à 45% de ses capacités totales. «Les réductions supplémentaires dans les jours prochains auront essentiellement lieu à Sluiskil (Pays-Bas) et Tertre (Belgique)», a précisé un porte-parole du groupe, à l’AFP. Avec ces mesures, Yara dit avoir sabré de 3,1 Mt d’ammoniac et de 4 Mt de produits finis sa capacité de production annuelle en Europe. Plusieurs autres producteurs européens comme le polonais Azoty et le lituanien Achema ont aussi réduit la voilure. La guerre en Ukraine a dopé le prix du gaz naturel, dont le mégawattheure (MWh) a dépassé brièvement le 24 août les 300 euros, un niveau plus vu depuis le record historique enregistré début mars. «Le risque de pénurie si toute l’Europe s’arrête est réel, il peut y avoir un problème de ressource car on fabrique les engrais l’hiver en prévision du printemps 2023», explique à l’AFP Nicolas Broutin, patron de la filiale française de Yara.

Didier Bouville

Pour compenser les pertes de production «colossales» liées à la sécheresse, les éleveurs de ruminants en ont appelé, le 25 août, à l’État, estimant avoir besoin de «2 à 4 milliards d’euros», dans un communiqué commun des associations spécialisées d’éleveurs de ruminants de la FNSEA . «Selon les premiers calculs réalisés», il faudra plusieurs milliards d’euros pour compenser les dépenses supplémentaires liées à l’alimentation animale et les pertes de productions, alertent la FNB (éleveurs de bovins viande), la Fnec (caprins), FNO (ovins) et FNPL (bovins lait). Les représentants des différentes filières, qui réclament «un soutien de l’État», appellent le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, à revoir les seuils d’accès et d’indemnisation du régime des calamités. Comme l’avait expliqué le vice-président de la FNSEA Joël Limouzin, il y a dix jours auprès de nos confrères de France Info, les associations demandent à ce que le seuil de pertes du produit brut d’exploitation de 13% soit abaissé et à ce que le seuil d’indemnisation des pertes à hauteur de 28% soit quant à lui «fortement augmenté». Pour les associations, la récente annonce faite par Marc Fesneau d’une plus large avance des versements d’aides de la Pac en octobre «ne constitue qu’un infime début de réponse à l’ampleur de la catastrophe annoncée pour les éleveurs».

Didier Bouville

Le député écologiste Julien Bayou a cautionné le 23 août des «actions de désobéissance civile» visant certaines réserves d’eau, comme celles dégradées en Vendée le 9 août. Interviewé sur RMC, il s’en est pris aux «méga-bassines qui puisent dans les nappes phréatiques». «Les actions de désobéissances civiles ont consisté en allant démonter les pompes», a-t-il expliqué en référence à de précédentes manifestations. Et de souligner: «La désobéissance civile pour les écologistes, c’est non violent, en dernier recours et c’est assumé devant les tribunaux.» Marc Fesneau l’a taclé sur son compte Twitter : «Non-violent ?? Violation de propriété, menaces, destruction de biens autorisés. Quand on prétend être un responsable politique, on fait respecter la loi et on ne cautionne pas la violence.» Lors d’une interview le même jour sur France Info, le ministre de l’Agriculture a expliqué son point de vue sur la gestion de l’eau: «Essayons de poser tranquillement les débats, de lever les blocages psychologiques et de répondre à la question qui est: l’eau est une denrée précieuse et donc il faut la traiter comme [telle…] et si on peut la stocker quand il y a des excès de pluviométrie, eh bien on la stocke.»

Didier Bouville

Selon le Syndicat national de la restauration collective (SNRC), les professionnels obtiennent des hausses de tarifs de 4% en moyenne auprès des collectivités, peut-on lire dans une dépêche de l’AFP, alors que les demandes de revalorisation des prestations fournies tournent autour de 7%. Ces demandes «ne paraissent pas excessives de prime abord», réagit le maire (UDI) de Sceaux Philippe Laurent, vice-président de l’Association des maires de France (AMF) auprès de l’AFP. Pour lui, «la plupart des communes vont accepter» les demandes des professionnels. Depuis plusieurs mois, les opérateurs privés – qui gèrent 40% des cantines scolaires – alertent sur leur situation. «L’inflation actuelle dépasse ce qui était prévisible», explique Esther Kalonji, la déléguée générale du SNRC. Les contrats en vigueur «ne suffisent plus pour prendre en compte l’augmentation du coût des matières premières, des salaires, mais aussi de l’énergie». Conséquence des hausses de tarifs, le coût des repas va grimper à la rentrée. Reste aux collectivités à décider si elles répercuteront l’augmentation tarifaire sur la facture des familles. Plusieurs communes se sont déjà engagées à prendre en charge la totalité des hausses comme Libourne (Gironde) ou Dunkerque (Nord).

Didier Bouville

Désormais poids lourd du lait de consommation, la marque de consommateurs C’est qui le patron ?! (CQLP) veut prendre des parts minoritaires dans des entreprises industrielles et créer ses propres sociétés, dans le secteur alimentaire mais aussi au-delà, apprend-on sur un nouveau site internet dédié à la démarche, dévoilé le 24 août. Un changement de modèle pour cette marque «sans usines», qui fait presque exclusivement appel à des sous-traitants (voir notre décryptage). La semaine dernière, Nicolas Chabanne, l’un des fondateurs, annonçait, sur le réseau social LinkedIn, la création de «la plus grande entreprise solidaire de France». Concrètement, les capitaux des sociétés intéressées seront rachetés par la coopérative CQLP, détenue collectivement par les consommateurs sociétaires. En se liant à CQLP, l’entreprise s’engage à faire la transparence sur son fonctionnement et à respecter les valeurs de la marque, sur la rémunération, l’environnement ou le bien-être animal. «Le projet est multisectoriel: assurance, banque, alimentaire, santé…», précise Nicolas Chabanne à Agra Presse. Il ajoute que la participation restera minoritaire. «L’idée c’est que toutes les entreprises puissent nous appeler, et que leurs consommateurs se lient au sort de cette entreprise.» CQLP pourrait aussi créer ses propres entreprises ex nihilo. Elle a déjà commencé à le faire avec la société Paysans et consommateurs créée en janvier pour racheter un abattoir et un laboratoire de découpe.

Didier Bouville

 La cotation du marché du porc breton (MPB) de Plérin a connu, lors de la séance du lundi 22 août, une petite hausse de 0.3 cent/kg qui lui a permis de passer le cap symbolique des 2 € le kilo (2,001 €/kg), soit un niveau jamais atteint depuis au moins 25 ans. Il faut remonter à mars 2001 pour retrouver une cotation similaire, à 1,866 euro le kilo, atteinte alors à cause de la crise de la vache folle. Cette année, le record est nourri par une faiblesse de l’offre sur l’ensemble des bassins de production européens, aggravée par les effets de la canicule sur les élevages du sud de l’Europe. La période est notamment marquée par un recul historique du cheptel allemand, d’environ 10% par rapport à l’an passé, selon les analystes de MPB. Toutefois, contrairement à 2001, les producteurs ne profiteront pas complètement de ces cours exceptionnels, puisque le prix de l’alimentation animale atteignait également des records ces dernières semaines. L’indice Ipampa porc a progressé de 30% sur un an, pour atteindre un niveau (153,7) jamais atteint depuis au moins 2005. Avant de marquer le pas, la production européenne avait subi une période de prix bas dus à la reconstitution du cheptel porcin chinois et à l’irruption de la peste porcine africaine (PPA) en Allemagne, l’empêchant de commercer avec la Chine.

Didier Bouville

Au lendemain des premières annonces de Marc Fesneau concernant la sécheresse, les syndicats agricoles prenaient date avec le ministre de l’Agriculture, en vue d’une nouvelle réunion attendue mi-septembre, au cours de laquelle ils souhaitent voir annoncer de nouvelles mesures. La porte a été laissée ouverte du côté du ministre, en fonction de la météorologie et des futures estimations de production. Pour l’heure, la FNSEA n’a pas encore été entendue sur sa demande d’assouplissement exceptionnel du régime des calamités. La Coordination rurale (CR) et la FNSEA sont également dans l’attente de mesures relativement au marché du fourrage. La CR propose une «aide à l’achat et au transport de paille et fourrage», la FNSEA demande également un «plan d’urgence» public pour améliorer «la fluidité entre l’offre et la demande» sur le marché fourrager. Des améliorations sont attendues pour certaines mesures, comme les dégrèvements de taxe foncière ; la FNSEA veut qu’ils soient appliqués de manière «collective, simplifiée et rapide». Enfin, la CR voulait davantage d’effort de l’Etat sur les avances d’aides Pac. Contactée par Agra presse, la Confédération paysanne constate qu’aucune de ses principales demandes n’a été entendue (p.e. interdiction d’alimenter les méthaniseurs). Elle s’inquiète notamment pour les maraîchers, qui ne bénéficient pas des avances d’aides Pac, rapporte le secrétaire national Denis Perreau.

Didier Bouville