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Intervenant le 16 septembre au 18e congrès des Régions de France, à Vichy, la Première ministre Élisabeth Borne s’est dite ouverte à «expérimenter» de nouvelles politiques publiques avec les conseils régionaux, citant notamment l’agriculture. «Certaines régions m’ont déjà fait part de leur volonté de mener des expérimentations sur certaines politiques publiques, a-t-elle déclaré. J’y suis favorable et je souhaite que, dans les prochaines semaines, nous identifions des régions pilotes pour innover dans certains domaines stratégiques comme la transition écologique, la réindustrialisation, la formation ou l’agriculture.» À l’occasion d’un comité État-Régions le 28 juin, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et le président de la commission Agriculture de Régions de France Loïg Chesnais-Girard avaient convenu de travailler désormais sur d’autres sujets que la Pac 2023, qui avait monopolisé les discussions depuis deux ans. Sur la table: la transmission, la forêt, le foncier, ou la gestion de l’eau. «Sur l’eau, les conseils régionaux ont envie d’assumer davantage de responsabilités», avait expliqué Loïg Chesnais-Girard à Agra Presse. Depuis cette réunion de juin, les discussions entre M. Fesneau et M. Chesnais-Girard se sont toutefois bornées à des «aspects opérationnels de court terme», en lien avec la Pac 2023, indique-t-on dans l’équipe de l’élu breton.

Didier Bouville

«Nous voudrions faire sur la biodiversité ce que nous avons accompli sur le carbone», résume Josselin Andurand, responsable projets au service environnement de l’Idele (Institut de l’élevage). Développé depuis 2014 par l’ingénieur de l’institut Vincent Maineville, avec l’aide de l’Inrae et du Museum d’histoire naturelle, l’outil Biotex évalue les fermes sur six indicateurs différents, en les comparant à des références locales. Diversité de l’assolement, taille des parcelles, état et entretien des infrastructures agroécologiques (IAE), surfaces sans pesticides, gestion des prairies, bilan humique: l’outil a déjà été déployé dans près de 300 fermes depuis 2019. «La méthode parle aux éleveurs, et nous avons commencé à former des conseillers», confie Josselin Andurand. Ces résultats pourraient même compléter à terme la méthode de diagnostic carbone Cap2ER, alors qu’un conseil régional s’est dit prêt à payer des primes biodiversité sur les crédits carbone. Car la plupart des leviers en matière de biodiversité – comme la plantation de haies ou la généralisation des couverts – favorisent également le stockage de carbone, rappellent les experts. «Les gains économiques sont cependant moins directs que pour les réductions d’émissions», nuance Josselin Andurand. Plusieurs entreprises, collectivités, interprofessions et jusqu’à certaines ONG naturalistes se montreraient déjà intéressées par l’outil.

Didier Bouville

Dans le cadre de la réforme de la gestion des risques climatiques en agriculture, la Première ministre Élisabeth Borne a fixé le seuil d’intervention de la solidarité nationale à 50% des pertes en grandes cultures et viticulture, et à 30% pour l’arboriculture et les prairies, annonce la FNSEA dans un communiqué le 17 septembre. La solidarité nationale constitue le dernier étage du futur système qui sera lancé début 2023; elle couvrira les dégâts dits «catastrophiques». «Dès ces seuils atteints, l’État prendra en charge 90% de l’indemnisation versées aux assurés. Cette indemnisation sera réduite de moitié pour les non-assurés», ajoute la FNSEA. «Toutes les conditions sont désormais réunies pour créer un véritable appel d’air en faveur de l’assurance», se félicite le syndicat majoritaire. Et de nuancer: «Les travaux ne sont pas pour autant terminés, notamment sur la préparation des contrats ou à plus long terme sur la moyenne olympique.» Ce dernier arbitrage intervient une semaine après les annonces d’Emmanuel Macron, le 9 septembre. Lors d’un déplacement à la fête agricole des Terres de Jim, le président de la République s’était engagé sur l’application du règlement Omnibus (cotisations d’assurance subventionnées à 70% et seuil de franchise à 20%), ainsi que sur une rallonge budgétaire pour le nouveau système de gestion des risques (680 M€ si nécessaire, au lieu de 600 M€).

Didier Bouville

Dans un contexte de prix élevés des intrants liés à la guerre en Ukraine et de crise climatique, «il est nécessaire, au nom de la sécurité alimentaire, d’augmenter de façon conséquente le prochain budget de la Pac», a indiqué le 15 septembre le commissaire à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, devant la presse réunie à Prague en marge de la réunion informelle des ministres de l’Agriculture. «Aujourd’hui, le budget de la Pac 2023-2027 ne représente que 0,4% du PIB (produit intérieur brut, NDLR) de l’UE, cela n’est pas suffisant», assure-t-il. Avant de préciser que «cela passera par un renforcement des outils de gestion de crise dans la future Pac, et en particulier de la réserve de crise agricole. D’un montant de 497 M€, ce dispositif a été activé pour la première fois en 2022 pour faire face aux conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le commissaire a assuré qu’il porterait ces idées pour la prochaine réforme de la Pac, tout en ajoutant que la proposition tomberait au plus tôt en 2024. Alors que la Commission européenne avait tenté de réduire le budget Pac 2021-2027, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE avaient réussi le 21 juillet 2020 à le maintenir au même niveau à 344 Mrd€ en euros constants. Et au titre du Plan de relance de l’économie de l’UE post-2020, 7,5 Mrd€ s’étaient ajoutés à l’enveloppe du second pilier. Toutefois, en raison du niveau actuel d’inflation, le budget de la Pac 2021-2027 devrait maintenant afficher une nette perte par rapport à la période 2014-2020.

Didier Bouville

Pour sa deuxième participation au Space du 13 au 15 septembre, l’Anicap (interprofession caprine) a mis l’accent sur le renouvellement des générations : un enjeu essentiel pour accompagner la croissance des marchés et anticiper les départs en retraite, ont expliqué les représentants de la filière à Agra Presse. «La pyramide des âges est plutôt favorable. Nous avons plus de jeunes que dans d’autres filières», pose d’abord la directrice de l’Anicap, Marilyne Le Pape. Cependant, la dynamique d’installation n’est pas suffisante, d’autant plus que les installations se font principalement sur des modèles fermiers. «Nous avons la particularité d’avoir la moitié des éleveurs qui livrent leur lait à des laiteries et l’autre moitié qui transforment à la ferme», précise Mickaël Lamy, éleveur dans le Maine-et-Loire et représentant de la coopération laitière au sein de l’Anicap. Or, les industriels craignent de manquer de lait à collecter dans les années à venir si les futurs éleveurs caprins ne s’installent pas en filière longue. «La nouveauté dans notre communication est de parler de devenir éleveur de chèvres en tant que salarié, dans des groupements d’éleveurs, par exemple. C’est une opportunité à laquelle on ne pense pas forcément, alors que les besoins d’astreinte et de remplacement sont importants», indique Marilyne Le Pape.

Eva DZ

La collecte de lait de vache a poursuivi son recul cet été, rapporte l’Institut de l’élevage (Idele) dans sa publication Tendances du mois de septembre. En cause, une marge laitière «peu incitative», une «reprise de la décapitalisation» et une météo (canicule et sécheresse) «défavorable» à la production herbagère. En juin, la collecte s’est contractée de 1,4% par rapport à 2021 avec de fortes disparités en fonction des régions. Elle baisse fortement en Nouvelle-Aquitaine (-7%), en Occitanie (-6%) et en Auvergne-Rhône-Alpes (-8%), quand elle progresse dans le Grand-Est (+0,6%) et dans les Pays de la Loire (+1%). Elle fait même un bond de 5% en Bourgogne-Franche-Comté. Après s’être stabilisée sur le mois de juillet, la production a chuté au mois d’août (-2,4%), selon FranceAgriMer. «Cette rechute pourrait s’expliquer par une forte contraction du cheptel en lactation, combinée au nouvel épisode de canicule sur l’ensemble de la France et à une production herbagère négligeable dans presque tous les bassins laitiers».

Eva DZ

«Sécheresse et fortes chaleurs ont donné un coup d’accélérateur à la décapitalisation, tant en élevage laitier qu’allaitant», note l’Institut de l’élevage (Idele) dans sa note de conjoncture Tendances publiée le 14 septembre. En bovins viande, «au 1er août, le nombre de vaches allaitantes présentes en France était en recul de 3,1%» par rapport à 2021 (à environ 3,55 millions de têtes). Cette baisse atteignait 3% au 1er juin et 2,7% au 1er janvier. Les analystes attribuent cette accélération à «une forte chute des entrées de génisses dans le troupeau de vaches: -7% en juin/2021 et -8% en juillet». Au contraire, «les réformes ne se sont pas accélérées (-1% en juin et -5% en juillet)». «L’offre en gros bovins finis reste toutefois limitée», relativise l’Idele, car «la décapitalisation qui dure maintenant depuis la fin 2016 commence à affecter les abattages» (-4% de vaches allaitantes abattues en août par rapport à 2021). Quant aux bovins lait, ils connaissent une chute de 1,8% des effectifs de vaches laitières au 1er août (environ 3,4 millions de têtes), contre -1,3% au 1er juin. «Les conditions caniculaires et sèches de l’été ont limité la pousse de l’herbe et incité certains [éleveurs] à ajuster le cheptel», explique l’Idele.

Eva DZ

A l’issue des assises de l’agroécologie qui se sont tenues à Nantes les 12 et 13 septembre, les métropoles de Montpellier (PS), Nantes (PS), Strasbourg (écologistes) ou encore Brest (PS) ont signé une déclaration exigeant de reconnaitre «dans le droit et les moyens accordés par l’État» le rôle de «coordination» des métropoles en matière d’alimentation. S’engageant à établir des bilans précis des Projets alimentaires territoriaux (PAT), et à les inscrire dans le cadre des déclarations internationales en matière d’alimentation, les signataires interpellent également le gouvernement ainsi que l’Europe sur plusieurs points. Parmi leurs principales demandes : l’élaboration de stratégies de long terme contre la précarité alimentaire, le soutien au revenu des producteurs, une réforme foncière, ainsi que l’inscription d’une exception alimentaire dans le code des marchés publics. Autant de propositions qui s’inscrivent, sans le citer, dans la ligne du rapport établi par le sénateur Marchand et présenté au ministre de l’agriculture Marc Fesneau fin aout.

Didier Bouville

Le Parlement européen a adopté le 14 septembre sa position sur la révision de la directive Énergies renouvelables proposant de viser une part de 45% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique à l’horizon 2030 (soit le niveau rehaussé proposé par la Commission européenne suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie). Les amendements, soutenus par des ONG comme Oxfam, Transport & Environment ou Birdlife, appelant de mettre fin au soutien aux biocarburants issus de cultures alimentaires, n’ont pas été adoptés. Ces ONG regrettent que le Parlement ait raté une opportunité de faire baisser la pression sur les prix alimentaire mondiaux. Au contraire, ePure, qui représente les producteurs de bioéthanol européens, estime que ces restrictions supplémentaires qui se seraient ajoutées au plafond de 7 % déjà en place «auraient rendu plus difficile pour les États membres d’atteindre leurs objectifs de décarbonisation et auraient ouvert la porte à davantage d’importations de combustibles fossiles et d’aliments pour animaux». Des discussions vont maintenant pouvoir démarrer avec les États membres (qui avaient, eux, finalisé leur position fin juin) afin de conclure un compromis sur de dossier.

Didier Bouville

Dans son combat contre le virus de l’influenza aviaire, la filière volaille européenne a démarré ces derniers mois de façon concertée ses premiers essais de vaccin, non seulement en palmipèdes, mais aussi en gallinacés (poulets, dindes…), a-t-on appris le 14 septembre au Space lors d’une conférence de presse commune du CIPC (poulet), Cidef (dinde) et Cicar (canard). La Belgique et les Pays-Bas travaillent sur le poulet et les pondeuses, l’Italie sur la dinde. Comme annoncé par le ministère de l’Agriculture depuis plusieurs mois, la France conduit des essais sur le canard, qu’elle a confiés «à des stations expérimentales», rappelle Paul Lopez, président de la Fédération des industries avicoles (FIA), présent lors du point presse. Les comités ne donnent aucun calendrier sur la fin des essais en France. Avant d’envisager une vaccination que la Commission européenne ne prévoit pas avant 2024, les comités spécialisés et l’Anvol devraient informer la filière d’ici la fin de l’année des conséquences financières d’une telle décision, notamment pour la mise en place de protocoles de contrôles. En mai, les ministres de l’Agriculture de l’UE avaient appelé l’UE à développer une approche stratégique pour le développement de la vaccination comme outil complémentaire de prévention et de contrôle contre l’épizootie.

Didier Bouville