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Dans ses prévisions de production pour 2023 publiées le 20 janvier, l’Institut de l’élevage (Idele) remarque une «réorientation des broutards vers les engraisseurs français», au détriment de l’export en vif. Les jeunes bovins sont la catégorie d’animaux dont la production baisserait le moins en 2023 (-0,9%, à 349 000 téc), alors que les broutards sont ceux qui reculeraient le plus (-3%, à 1,03 million de têtes). Toutes catégories confondues, la production de viande bovine est attendue en chute de 1,6% en 2023 (à 1,337 Mtéc). Une troisième année de baisse consécutive, après un effondrement de 4,7% en 2022. Cette année, «la demande pour l’engraissement en France sera (…) relativement dynamique», prévoit l’institut technique. Et l’Idele de noter de «nombreuses initiatives (…) à l’œuvre pour contrecarrer la baisse de production», citant notamment le «développement de la contractualisation» en jeunes bovins. Les exportations de broutards pâtissent de cette orientation, cumulée à la décapitalisation (-3% de cheptel allaitant en 2022), qui se traduit par une baisse des naissances. D’ici 2030, ce recul du cheptel devrait provoquer une baisse «quasi inéluctable» des broutards disponibles, alertait Interbev (interprofession bétail et viandes) au Sommet de l’élevage 2022.

Didier Bouville

La première réunion de concertation autour du volet «transition» de la future loi d’orientation agricole, le 20 janvier, a permis au ministère de l’Agriculture de détailler le calendrier de travail, mais aussi de rappeler les bases scientifiques du changement climatique à près d’une centaine de participants à distance. La consultation, a rappelé le ministère, sera organisée à trois niveau: sur le plan national, sur le plan régional et à travers une consultation grand public en ligne entre la mi-février et la mi-mars. Pour la partie nationale, des premières contributions sur les verrous aux transitions sont attendues par le ministère d’ici le 3 février en vue d’une prochaine réunion le 17. Les acteurs seront d’ici là répartis en plusieurs sous-groupes, dont au moins un consacré aux grandes cultures, et un autre à l’élevage. Les contributions régionales seront présentées fin avril à tous les participants, en vue d’un atelier autour de l’ensemble des propositions le 17 mai. Entre les conséquences du changement climatique dans les fermes et les objectifs politiques sur les gaz à effet de serre: «l’incrémental ne suffira pas, la rupture est nécessaire», auraient souligné les chercheurs Thierry Caquet et Sébastien Treyer (Iddri) lors de leur présentation.

Didier Bouville

Par un e-mail envoyé dans la soirée du 19 janvier, le sénateur Pierre Louault (Indre-et-Loire, centriste), président du comité de surveillance des néonicotinoïdes, a reporté au 26 janvier la réunion prévue le 20 janvier pour statuer sur la dérogation pour 2023. «Ce report est dû à la nécessité d’analyser les implications de l’arrêt de la CJUE», précise le sénateur. Le ministère de l’Agriculture, «prenant acte» de la décision du président, indique dans un communiqué que le délai supplémentaire sera utilisé «pour expertiser les conséquences juridiques de cette décision en droit français et les conséquences pour la campagne de production qui s’ouvre». Rappelant le lancement d’un «important effort de recherche» avec le PNRI pour rechercher des alternatives, la Rue de Varenne souligne également que «l’année 2023 constitue la dernière année de mise en œuvre de la loi du 14 décembre 2020», qui avait ouvert la porte aux dérogations. Plusieurs ONG ont annoncé qu’elles ne participeraient pas à la prochaine réunion du conseil de surveillance, dont Générations futures, la LPO, ainsi qu’Agir pour l’environnement. La Confédération paysanne a également démissionné de cette instance consultative rassemblant les représentants agricoles, les chercheurs, la société civile et les ministères.

Didier Bouville

Alors que le «plan Adour» prévoyait les remises en place de palmipèdes à partir du 15 janvier (après un mois de vide sanitaire), la préfecture du Gers a déclaré cinq nouvelles suspicions d’influenza aviaire, d’après un communiqué du 19 janvier, moins d’un mois après une première salve de cas. Dans le détail, deux premières «suspicions cliniques» ont été observées à Manciet (nord-ouest), dans «des élevages de canards prêts à gaver», selon Bernard Malabirade, le président de la chambre départementale d’agriculture. Les investigations ont révélé d’autres suspicions dans «trois salles de gavage servies par l’un de ces élevages». «Les symptômes sont très évocateurs de l’influenza», estime l’élu, selon qui «il y a de fortes chances» pour que les analyses positives du laboratoire départemental soient «confirmées» dans les prochains jours. Et de préciser que «les dépeuplements vont démarrer dans la zone de surveillance de 10 km». Comme le précisent les autorités, le préfet du Gers a instauré des zones réglementées temporaires de 10 km «sans attendre les confirmations par le laboratoire de référence». La préfecture y applique les mesures renforcées fixées par une instruction ministérielle du 16 janvier: abattage préventif des canards dans un rayon de 10 km, dépeuplement des autres volailles dans un rayon de 1 km, interdiction de remise en place dans un périmètre de 20 km.

Didier Bouville

Dans le sud-ouest de la France, l’hiver n’a toujours pas apporté de répit sur le front de la sécheresse. Souhaitant faire un point sur la situation des réserves en eau en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, le président du Comité de bassin Adour-Garonne Alain Rousset a reçu les organisations professionnelles agricoles le 18 janvier. L’objectif étant de «prévenir les agriculteurs suffisamment tôt» pour les aider à optimiser leurs assolements. «Il est probable qu’il y ait des difficultés d’approvisionnement en eau l’été prochain», confie Guillaume Choisy, directeur général de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, à Agra Presse. Et d’anticiper un possible recul des surfaces de maïs irrigué. «Lors de cette réunion, j’ai également tenu à souligner l’augmentation des coûts de l’énergie pour les irrigants. S’il n’y a pas de mesures d’État pour compenser cette hausse, cela deviendra économiquement insupportable», confie Alain de Scorraille, le représentant de la chambre régionale d’agriculture d’Occitanie au sein de l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Ce céréalier gersois estime néanmoins qu’il est «aujourd’hui encore trop tôt pour dire ce que feront les agriculteurs». Si beaucoup ont «déjà commandé leurs semences, ce n’est qu’en mars-avril qu’ils pourront décider de leurs assolements de manière définitive».

Didier Bouville

Alors qu’une réunion du comité de surveillance des néonicotinoïdes est prévue pour le 20 janvier, le ministère de l’Agriculture indique à Agra presse avoir «bien pris connaissance de la décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne». «Une analyse est en cours par les services», assure-t-on. La CGB (betteraviers), dans un communiqué publié le 19 janvier, «s’insurge» de son côté contre la «brutalité» de la décision de justice. «À seulement quelques semaines des semis de betteraves, on ne peut pas envisager de rester dans l’impasse», dénonce son président Franck Sander. Et de rappeler que «le Plan National de Recherche et d’Innovation (PNRI) n’apporte pas encore d’alternatives». Pour François Veillerette, porte-parole de Générations Futures cité dans un communiqué, le gouvernement français doit retirer «immédiatement sa proposition de nouvelle dérogation» puisque celle-ci «s’avère illégale». Une source interrogée par le quotidien Le Monde le 19 janvier estime en synthèse «probable que l’arrêté de réautorisation, bien qu’illégal au regard du droit européen, sera signé, puis que les associations saisiront le Conseil d’État». «Le gouvernement peut encore renoncer», invite de son côté sur Twitter l’avocat Arnaud Gossement, spécialisé sur les questions environnementales.

Didier Bouville

Une représentation des organisations de producteurs (OP) intègre le collège «producteurs» de l’interprofession laitière (Cniel), a indiqué la FNPL (producteurs de lait, FNSEA), qui préside le collège, lors d’une conférence de presse du 17 janvier. Trois représentants ont été élus : Yohann Barbe, président de l’UPLV (Union des producteurs de lait des Vosges) et trésorier de la FNPL ; Ludovic Billard, président de Biolait (OP commerciale) et Bruno Lancelot, président de l’OP Apllage (Organisation de producteurs et association des producteurs de lait Lactalis du Grand Est). Ces représentants sont élus pour un an.

La voix des OP était jusque-là portée au sein de l’interprofession par un comité de liaison, cette intégration au niveau du collège acte une «représentation statutaire» des 71 OP laitières reconnues par le ministère de l’agriculture. Cette réorganisation «va mettre de l’huile dans les rouages», assure Yohann Barbe. La FNPL souligne la «complémentarité» entre «le travail économique des OP et le travail syndical». Pas question cependant de parler prix du lait, ce qui pourrait être assimilé à une entente, rappellent les élus syndicaux.

Eva DZ

Lors de l’examen du projet de loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’UE, la commission des affaires économiques a supprimé le 17 janvier l’exigence de justification de la détention d’une capacité professionnelle préalablement à l’octroi des aides à l’installation. L’amendement du rapporteur Stéphane Travert (Renaissance, Manche) est justifié par le besoin de «souplesse» dans un contexte où «il est particulièrement crucial de renforcer l’installation de jeunes agriculteurs».

Pour bénéficier des aides à l’installation, le plan stratégique national (PSN) de la PAC prévoit que l’agriculteur justifie d’un niveau minimal de formation lui permettant d’assumer les responsabilités attendues d’un chef d’entreprise agricole et d’inscrire son projet dans une trajectoire de développement viable économiquement, souligne l’exposé du texte. Toutefois, il est également possible au bénéficiaire d’acquérir progressivement ce niveau au cours de son installation si l’autorité de gestion régionale le permet. «La possibilité pour le bénéficiaire de l’aide d’acquérir progressivement le niveau requis ne remet alors pas en cause l’exigence de formation minimale, mais constitue seulement une modalité pour atteindre ce niveau», poursuit l’exposé.

Eva DZ

L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, le 18 janvier, la proposition de loi (PPL) visant à sécuriser l’approvisionnement des Français en produits de grande consommation du député Frédéric Descrozaille en première lecture. L’article 3 portant sur les modalités applicables en cas de non-accord au 1er mars entre un fournisseur et un distributeur est modifié par un amendement déposé par le rapporteur. Dans cette nouvelle version, les dispositions prévues — période de médiation d’un mois sous l’égide du médiateur et libération des deux parties de leurs obligations contractuelles si échec de la médiation — feraient l’objet d’une expérimentation de deux ans. Le ministre de l’industrie Roland Lescure émet des réserves, notamment sur le report «de fait» de la fin des négociations commerciales au 1er avril et sur la possibilité de placer des entreprises dans une «situation préjudiciable» en cas de rupture de la relation commerciale à la fin de la période de médiation. Il pointe enfin le «risque d’engorgement» en cas de recours massif aux services du médiateur.

Eva DZ

L’entreprise Danone a annoncé le 17 janvier qu’elle comptait réduire de 30 % ses émissions de méthane liées à l’élevage bovin laitier d’ici à 2030 par rapport à 2020. L’objectif couvre le lait frais, acheté directement auprès de 58 000 exploitations laitières dans 20 pays, qui représente 70 % de ses émissions de méthane. Mais il ne s’étend pas au lait en poudre des préparations pour bébé, obtenu via des intermédiaires. Parmi les leviers : recours à des races moins émettrices, optimisation des régimes alimentaires, maintien prolongé en production des vaches, captation des émissions du fumier pour les valoriser en biogaz… Danone s’intéresse aussi aux innovations qui promettent de filtrer le méthane émis par les vaches – via un dispositif installé sur un licol – ou de réduire sa production à la source, grâce à des additifs alimentaires à base d’algues par exemple. « Danone est le premier groupe alimentaire à se fixer un objectif spécifique de réduction des émissions de méthane », fait valoir un communiqué. Le groupe dit par ailleurs avoir déjà réduit « d’environ 14 % » ses émissions de méthane entre 2018 et 2020. Cet objectif s’inscrit dans la lignée du « Global methane pledge » : une centaine de pays s’étaient engagés lors de la COP26 en 2021 à réduire les émissions de méthane d’au moins 30 % d’ici à 2030, par rapport à 2020.

Didier Bouville