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À l’occasion de sa visite au Salon de l’agriculture le 27 février, la Première ministre a, comme attendu, annoncé le lancement d’ici l’été d’«un plan de développement d’alternatives pour les produits phytosanitaires les plus importants, appelés à être retirés du marché lors des prochaines années». Il sera abondé par des fonds du plan France 2030 – le montant n’a pas été précisé. Ce nouveau plan inclura notamment les instituts techniques et les fabricants, appelés à prendre des «engagements sur leurs plans de travail des prochaines années». Ce plan dédié à la «recherche et à l’innovation» doit, au passage, «renforcer nos moyens pour l’agriculture biologique».

Une annonce bien bien vue par la FNSEA qui avait poussé auprès de l’Élysée et de Matignon pour «une planification pluriannuelle des alternatives», très proche du «plan de développement des alternatives» envisagées par la Première ministre.

Plus largement, Élisabeth Borne appelle son gouvernement à présenter une nouvelle mouture d’Ecophyto d’ici l’été également, intitulée Ecophyto 2030. La Première ministre a enfin plaidé pour «développer une offre de conseil individuel et stratégique adaptée», dans le cadre de la concertation autour du Pacte et de la future Loi d’orientation et d’avenir (LOA). Une demande portée notamment par les Chambres d’agriculture, qui souhaitent un renforcement et une «adaptation territoriale» de l’offre de conseil.

Eva DZ

Alors que les discussions entre l’Union européenne et le Mercosur semblent s’accélérer depuis l’élection de Lula au Brésil, Emmanuel Macron a déclaré, lors de son déplacement au Salon de l’agriculture le 25 février, qu’«un accord avec les pays latino-américains n’est pas possible s’ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris, et s’ils ne respectent pas les contraintes environnementales et sanitaires que nous imposons à nos producteurs». Et d’ajouter: «Quand on impose à nos producteurs des contraintes, on doit les imposer à l’alimentation qu’on importe, ce qu’on ne fait pas assez au niveau européen». «C’est pourquoi vous m’avez entendu ces dernières années me battre, en particulier, sur le sujet du Mercosur», a encore affirmé le Président français.

Un accord a été conclu en 2019 entre l’UE et le Mercosur, après plus de 20 ans de difficiles négociations, mais il n’avait pas été ratifié, notamment en raison d’inquiétudes en Europe sur la politique environnementale de l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro. Le ton a changé à la faveur du retour au pouvoir du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Au début de cette année, le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans a affirmé que l’UE espérait signer l’accord d’ici juillet. À la veille du salon, l’interprofession bovine avait interpellé le président face à la perspective d’une ratification fin 2023, rappelant qu’Emmanuel Macron avait déjà exigé plus de garanties sur le traité en septembre 2021 à Marseille.

Eva DZ

Les services de Matignon ont glissé qu’il était «possible» que la Première ministre Elisabeth Borne annonce le lancement d’un «fonds d’urgence» en faveur des exploitations agricoles touchées par la crise du bio. Elle devrait également évoquer des «pistes» d’atteinte des objectifs Egalim en matière d’approvisionnement des cantines publiques en produits bio ; cette réflexion s’étendrait à la restauration hors domicile privée. L’ensemble des organisations, dont la FNSEA, les Chambres, les interprofessions, la Fnab et la Confédération Paysanne étaient sorties plutôt déçues du rendez-vous organisé la semaine dernière avec le cabinet de Marc Fesneau. L’entourage du ministre de l’agriculture ne s’était pas prononcé clairement à cette occasion sur les mesures portées par l’ensemble des acteurs dont le soutien à la promotion, le maintien de l’enveloppe à la conversion dans le giron de la bio, et l’ouverture d’aides d’urgence. «La réponse du ministère à ce stade des discussions n’est pas satisfaisante», s’était émue la FNSEA dans un communiqué du 23 février.

Eva DZ

En visite au Salon de l’agriculture lundi 27 février, la Première ministre Elisabeth Borne doit annoncer le lancement, «d’ici l’été», d’un plan dédié à la recherche d’alternatives aux pesticides, a indiqué Matignon. Ce plan doit «répondre aux inquiétudes suscitées par les décisions récentes portant sur les néonicotinoïdes et le S-métolachlore» et permettre «un changement de méthode». Dans les prochains mois, le gouvernement veut identifier, parmi les 200 substances qui doivent faire l’objet d’un réexamen d’ici 5 à 6 ans, celles qui nécessitent un effort de recherche d’alternative supplémentaire. Il s’agit de produits susceptibles d’être retoqués par l’Anses ou de ne pas faire l’objet de demande de renouvellement, et pour lesquelles il n’existe pas encore d’alternative bon marché. Pour ces pesticides, un renforcement des moyens alloués à la recherche d’alternative devrait être annoncé, dont le montant n’a pas été précisé. Il devrait s’appuyer sur les financements du plan France 2030. Le plan doit mobiliser les instituts techniques, de recherche, l’Etat, mais aussi les entreprises privées fabricant des pesticides. Samedi 25 février, à la suite de Marc Fesneau, Emmanuel Macron avait plaidé pour davantage de coordination entre les décisions de l’Anses et l’Efsa, et pour davantage de planification en matière de réduction des pesticides. Le plan Ecophyto 2+, qui a jusqu’ici raté sa cible, arrive à échéance en 2024 ; les travaux pour élaborer une troisième mouture devaient commencer début 2023.

Eva DZ

Après une augmentation de près de 20% depuis le début de l’année, la tonne de CO2 a dépassé les 100 € sur le marché obligatoire européen. Ce cours correspond aux crédits que les entreprises des secteurs de la sidérurgie, de la cimenterie ou de l’énergie soumises au système SEQE n’utilisent pas, et qu’elles peuvent revendre à leurs concurrents. Sur LinkedIn, Jean-Marc Jancovici a salué cette augmentation, puisqu’un prix élevé «incite les industriels à se décarboner». Pour autant, le polytechnicien spécialiste du climat estime que «ce prix a une faiblesse: personne ne sait ce qu’il deviendra à l’avenir, car un prix de marché n’est jamais prévisible». Face aux incertitudes, rappelle-t-il, son organisation Shift project avait proposé d’encadrer les enchères autour du marché obligatoire par un prix de réserve croissant dans le temps. Dans une interview accordée à nos confrères d’Ouest-France (article payant) et publiée le 23 février, l’eurodéputé Renaissance Pascal Canfin estime qu’un nouveau marché du carbone pourrait être lancé dans le secteur alimentaire grâce aux crédits générés en agriculture. Ce marché pourrait fixer un prix plancher de 70 €/t, contre 40 €/t actuellement chez France Carbon Agri, afin que les agriculteurs ne portent pas «seuls toutes les contraintes».

Didier Bouville

«Nous sommes en colère de nous être faits balader de bureau en bureau pour nous entendre dire que nous ne répondons jamais assez bien aux critères», déplore Philippe Camburet, président de la Fnab (agriculteurs bio), dans un communiqué du 23 février rédigé conjointement avec les transformateurs du Synabio, les distributeurs (Synadis) et les coopératives (Forébio). Car, malgré la mobilisation de l’ensemble des acteurs depuis plusieurs mois pour élaborer un plan de sauvegarde face aux difficultés de nombreuses filières bio, et les propositions détaillées présentées le 21 février au cabinet du ministre, «le soutien gouvernemental tant espéré ne vient pas», déplorent les organisations. Et à l’inverse, soulignent-elles, l’Allemagne a adopté «son nouveau plan bio avec une ambition de 30% de surfaces en 2030, 30% du budget de la recherche soit 35 M€ et un engagement à financer l’aide au maintien». Dans un autre communiqué publié le même jour, la Confédération paysanne regrette qu’«aucune réponse ne [ne lui ait] été apportée». La Conf’ exhorte le président de la République à «donner très rapidement des signaux» sur la bio, notamment au travers d’une aide d’urgence. Dans son propre communiqué, la FNSEA estime aussi que «la réponse du ministère (…) n’est pas satisfaisante». Le syndicat demande une «aide conjoncturelle» pour les producteurs et veut «revoir» l’objectif de 18% de la SAU en bio en 2027.

Didier Bouville

«J’espère que, lors de sa visite au Salon de l’Agriculture, le chef de l’État réitèrera son engagement à ne pas signer l’accord UE/Mercosur», a déclaré le nouveau président de la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) Patrick Bénézit le 21 février. Et l’éleveur cantalien de marteler: «Nous souhaitons avoir la garantie du chef de l’État qu’il n’y aura pas d’accord concernant la viande bovine avec le Brésil.» Lors du dernier congrès de la FNB, le 2 février à Metz, le ministre de l’Agriculture a lancé: «Emmanuel Macron a dit [en août 2019] qu’il ne signerait pas l’accord en l’état. Ça n’a pas changé», malgré la volonté affichée du nouveau président brésilien Lula de freiner la déforestation, «donc, en l’état, c’est non». Une déclaration insuffisante pour le nouveau président de la FNB, qui estime que «le ministre de l’Agriculture n’a pas répondu clairement», notamment sur la question du modèle d’élevage à privilégier. Le 31 janvier, le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans avait déclaré que l’UE espérait ratifier l’accord UE/Mercosur «avant le prochain sommet avec l’Amérique latine qui aura lieu les 17 et 18 juillet à Bruxelles». La filière bovine est parmi les plus concernées par l’accord UE/Mercosur, qui prévoit un quota d’importation de 99 000 tonnes de viande.

Didier Bouville

Dans un courrier envoyé hier au ministère de l’Agriculture à l’occasion de la réunion des acteurs de l’agriculture biologique, l’interprofession laitière (Cniel) estime que le ralentissement des cours bio et la hausse des déclassements face à la baisse de la demande ont entraîné une perte de 71 M€ pour les éleveurs, depuis le début de la crise. «Nous craignons que ces pertes s’aggravent si les cours des produits laitiers conventionnels retombent», alerte Yves Sauvaget, président de la commission bio du Cniel. Autre indicateur préoccupant: les ventes de produits laitiers bio auraient reculé entre de 9 à 19% sur les onze premiers mois de 2022 par rapport à 2019. Avec une production stable «les déclassements vont continuer à croître et pourraient alors atteindre 530 Ml en 2023», soit 43 % des volumes, prévient l’interprofession. « Les opérateurs ne pourront pas maintenir le prix du lait bio, risquant ainsi de mettre en péril la pérennité d‘un certain nombre d’exploitations », s’alarment les professionnels. Alors que Marc Fesneau prévoirait de renforcer l’application d’Egalim ou d’augmenter les moyens pour la promotion, le Cniel estime que ces mesures seront «nécessaires mais non suffisantes» dans le secteur laitier. «Certains producteurs risquent de mettre la clé sous la porte dès le premier semestre si on ne les aide pas», répète Yves Sauvaget, alors que les arrêts de certification ont atteint 3% en lait en 2022.

Didier Bouville

L’examen de la proposition de loi (PPL) sur le régime juridique des baux ruraux est attendu en «avril-mai» à l’Assemblée nationale, a indiqué le 22 février à Agra Presse son coauteur Jean Terlier (Renaissance, Tarn). «Ma proposition de loi sera portée par le groupe Renaissance» qui doit en faire l’annonce «vraisemblablement au Salon de l’agriculture», déclare-t-il. Cela repousse à «avril-mai» l’examen à l’Assemblée, initialement prévu dans une niche parlementaire en mars sous forme de PPL transpartisane. Le texte est en effet issu d’une mission d’information avec le LR Antoine Savignat, non réélu. Espérant lever des «incompréhensions», Jean Terlier prévoit de rencontrer les organisations agricoles. «Il ne s’agit pas de bousculer les équilibres du statut du fermage», selon lui. Un article de la PPL sur la sous-location est très critiqué par les sections des fermiers (SNFM) et des propriétaires (SNPR) de la FNSEA. «Cette disposition a un garde-fou, puisque le preneur n’est autorisé à consentir des sous-locations qu’avec l’accord du bailleur», répond le député. Jean Terlier explique vouloir régulariser une pratique existante mais illégale.

Didier Bouville

À l’occasion d’une conférence de presse le 22 février, le ministre de l’Agriculture a déploré un manque de «coordination» entre l’Anses, l’Inrae et les instituts techniques dans le cadre de l’évaluation des produits phytosanitaires. «On ne peut pas avoir d’un côté l’Anses qui décide et l’Inrae qui recherche, sans coordination, il faut que tout le monde s’aligne», a déclaré Marc Fesneau, pointant également des décalages entre les échelons national et européen. Et d’évoquer plus particulièrement le cas de S-métolachlore, dont l’Anses a récemment annoncé qu’il mettra fin à la plupart des usages, alors que l’Efsa doit finaliser prochainement la réévaluation de la molécule: «L’Anses a été saisie en 2021, l’Efsa doit aboutir en avril-mai, il n’y a absolument aucune coordination». Le ministre affirme avoir réuni récemment l’Anses, l’Inrae et les instituts techniques au sujet des produits disponibles en cerise, face l’interdiction du phosmet: «Il y a une solution alternative appelée « insectes stériles », dont le dossier a été déposé il y a déjà trois ans», regrette Marc Fesneau. Le ministre a notamment fait part de son inquiétude pour le prosulfocarbe (herbicide, grandes cultures). La veille, la FNSEA plaide pour que le gouvernement reviennent sur la décision de Stéphane Le Foll en 2015, de transférer la compétence d’évaluation des mises sur le marché de pesticides à l’Anses.

Didier Bouville