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Face à l’inflation des prix alimentaires, les industriels de l’agroalimentaire «feront leur part», a assuré à l’AFP le président de l’Ania Jean-Philippe André le 27 avril. Le porte-parole de la principale organisation d’industriels «privés» exclut toutefois une renégociation «généralisée». Plus tôt dans la journée, la Première ministre Élisabeth Borne avait appelé les industriels à «répercuter» la baisse de leurs coûts de production dans les prix de vente de leurs produits. La chef du gouvernement vise des «baisses concrètes, tangibles» sur les tickets de caisse d’ici à la fin juin. «Il ne peut pas y avoir des renégociations sur tous les produits», explique Jean-Philippe André. Le président de l’Ania indique que, pour certains produits, les cours des matières premières nécessaires à leur fabrication n’ayant pas baissé sur les marchés mondiaux, une renégociation des prix de vente à la baisse n’était pas envisageable. Il souligne également que certains contrats sur les achats de blé ou de gaz souscrits par les industriels courent sur plusieurs mois, voire une année, avec des tarifs fixés à la signature. «Tant que l’on n’arrive pas à l’échéance, on ne peut pas répercuter la baisse», fait-il ainsi valoir.

Didier Bouville

Face à une sécheresse exceptionnelle, de nouvelles restrictions d’eau entreront en vigueur le 10 mai dans les Pyrénées-Orientales, a annoncé le préfet du département Rodrigue Furcy le 28 avril. Ce «niveau d’alerte de crise» – dont la teneur sera précisée le 9 mai par un arrêté –, concernera «les territoires de la Têt et de l’Agly», deux fleuves traversant une partie de ce département frontalier de l’Espagne, a-t-il précisé à l’AFP. «Je ne veux pas être dans une posture qui affecte l’outil de production, qui porte atteinte aux arbres», a néanmoins souligné le préfet à propos de l’agriculture, sans indiquer si des dérogations à l’interdiction d’irriguer étaient prévues. La veille de cette annonce, le président de la FDSEA des Pyrénées-Orientales avait chiffré à 200 M€ les dommages pour les agriculteurs en raison des restrictions actuelles, ajoutant que «dans la pire des situations, cela va être 400 M€». Le 24 avril, la présidente du conseil départemental, Hermeline Malherbe (socialiste), avait alerté le président Emmanuel Macron sur un risque de «catastrophe humaine», demandant «la mise en place d’un fonds de solidarité» pour les secteurs agricole et touristique. Le lendemain, la présidente de la région Occitanie Carole Delga (socialiste) soutenait cette demande, annonçant «un dispositif exceptionnel d’un million d’euros» du conseil régional.

Didier Bouville

«Nous ne sommes pas dans une perspective de clôture» du projet de règlement européen sur l’utilisation durable des pesticides (Sur), a indiqué le ministre espagnol de l’Agriculture Luis Planas le 27 avril, alors que son pays prendra pour six mois la présidence tournante du Conseil de l’UE au 1er juillet. «Nous attendons l’étude d’impact supplémentaire de la Commission», a-t-il rappelé lors d’une conférence de presse avec son homologue français Marc Fesneau, ajoutant qu’il sera «très difficile de conclure des dossiers législatifs» vu la proximité des élections européennes (mai 2024). Pour lui, le projet de règlement Sur est un texte «très complexe, du point de vue technique comme des conséquences pour la production agricole». «Un dossier si complexe que celui-là va être difficile à boucler [sous présidence espagnole] au Conseil comme au Parlement européen». Le ministre espagnol souhaite toutefois «avancer» sur plusieurs points du règlement, comme «la délimitation des zones sensibles» ou les pulvérisations par drone (aujourd’hui assimilés à des traitements aériens). Inclus dans le Pacte vert, «l’objectif européen de -50% [de pesticides] est très ambitieux», a estimé M. Planas. «L’approche d’une grande majorité de ministres [de l’Agriculture] et de parlementaires est qu’il faut garder un équilibre entre les avancées du Pacte vert et la production agricole et agroalimentaire».

Didier Bouville

Dans un rapport publié le 25 avril (document en anglais), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que la viande, les œufs et les produits laitiers sont des «sources essentielles de nutriments» pour la population mondiale. Ces derniers «fournissent des protéines de qualité supérieure, un certain nombre d’acides gras essentiels, du fer, du calcium, du zinc, du sélénium, de la vitamine B12 (…), qui assurent des fonctions essentielles pour la santé et le développement», selon la FAO. «C’est particulièrement vrai à certaines périodes clés de la vie, telles que la grossesse, l’allaitement, l’enfance, l’adolescence et le grand âge». Face à l’ampleur de la malnutrition – jusqu’à 828 millions de personnes souffraient de la faim en 2021, selon l’ONU –, la FAO encourage les gouvernements à «promouvoir les bienfaits des aliments issus de l’élevage d’animaux terrestres». Toutefois, le secteur de l’élevage devra «relever un certain nombre de défis», en premier lieu environnementaux, soulignent Maria Helena Semedo, numéro deux de la FAO, et Maximo Torero Cullen, économiste en chef. L’organisation rappelle aussi qu’une «consommation, même faible, de viande rouge transformée peut augmenter le risque de mortalité et de maladies chroniques, notamment de maladies cardiovasculaires et de cancer colorectal».

Didier Bouville

En raison des «problèmes techniques de la plateforme de déclaration», la FNSEA a demandé le 26 avril au ministre de l’Agriculture «un report de la date limite au 31 mai» pour le dépôt des demandes d’aides Pac, au lieu du 15 mai comme prévu. Une requête formulée lors de la première rencontre entre Marc Fesneau et les nouveaux dirigeants du syndicat, Arnaud Rousseau (président) et Hervé Lapie (secrétaire général). «Nous avons alerté sur les difficultés de déclaration et le risque très élevé de ne pas pouvoir tenir les délais», précise le syndicat majoritaire dans un communiqué. Malgré cette demande de délai supplémentaire, Arnaud Rousseau a insisté sur «la nécessité que les agriculteurs soient payés le 15 octobre comme habituellement, et pas au-delà», lors d’un échange avec quelques journalistes le 25 avril. Lors de son rendez-vous avec M. Fesneau, le nouveau patron de la FNSEA a aussi alerté le ministre au sujet de la définition de l’agriculteur actif, qui risque d’exclure certaines catégories d’agriculteurs du bénéfice des aides Pac. Enfin, le ministre et le président de la FNSEA ont abordé la crise de la bio – pour laquelle le syndicat demande un «plan d’aide ambitieux» de 50 à 100 M€ –, ainsi que la gestion de l’eau et les alternatives aux phytos.

Didier Bouville

Face à la sécheresse qui frappe une grande partie du pays, 19 départements français ont pris des arrêtés d’arrêt ou de réduction des prélèvements d’eau, rapporte la plateforme Propluvia (gérée par le ministère de la Transition écologique) le 26 avril. En «crise», une partie des départements des Bouches-du-Rhône et du Gard est concernée par des arrêts des prélèvements non prioritaires, y compris ceux à des fins agricoles. «Seuls les prélèvements permettant d’assurer l’exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité)», précise le site Propluvia. Six départements – l’Aude, l’Ain, le Gard, l’Oise, les Pyrénées-Orientales, les Yvelines –, sont en alerte renforcée sur la totalité ou une partie de leur territoire. Un tel arrêté implique notamment «une réduction des prélèvements à des fins agricoles supérieure ou égale à 50%» ou «une interdiction supérieure ou égale à 3,5 jours par semaine». Enfin, quatorze départements* sont «en alerte», avec tout ou partie de leur territoire visé par des «réductions de prélèvements à des fins agricoles inférieure à 50%» ou «une interdiction jusqu’à 3 jours par semaine».

* Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Ardèche, Bouches-du-Rhône, Deux-Sèvres, Drôme, Haute-Saône, Hérault, Isère, Oise, Seine-et-Marne, Var, Vaucluse, Vienne

Eva DZ

Lors de la présentation de la feuille de route gouvernementale et de l’agenda législatif le 26 avril, la première ministre Élisabeth Borne a, entre autres, précisé le calendrier de la planification écologique et du projet de loi d’orientation agricole (LOA). Côté planification écologique, elle a annoncé que le gouvernement présentera en juin «une vision d’ensemble» qui comprendra trois projets de documents : la stratégie nationale bas carbone, la stratégie nationale biodiversité et la programmation pluriannuelle de l’énergie. Suivra une phase de concertation et d’«échanges avec nos territoires et les filières économiques», à l’issue de laquelle l’exécutif présentera son projet de loi de «programmation énergie-climat» à l’automne. Concernant la loi d’orientation agricole, le gouvernement a confirmé, dans un dossier de presse, son objectif de présenter sa copie «à la rentrée». Comme annoncé, la LOA sera accompagnée d’un «pacte d’avenir» (volet réglementaire), qui sera dévoilé «à l’été». Ce dernier a vocation à «soutenir les nouvelles générations d’agriculteurs dans leur installation et leur permettre de développer une agriculture plus durable et résiliente au changement climatique».

Eva DZ

Alors que l’Espagne prendra la présidence du Conseil de l’UE et le Brésil celle du Mercosur lors du second semestre 2023, Madrid et Brasilia ont fait savoir le 26 avril qu’ils voulaient faire aboutir l’accord de libre-échange UE/Mercosur d’ici la fin de l’année. Celui-ci est actuellement bloqué depuis la conclusion des négociations en 2019. «Cette coïncidence représente une opportunité extraordinaire pour essayer de concrétiser notre rapprochement», en rappelant que l’Espagne souhaitait «fermement la ratification de cet accord», a déclaré le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, lors d’un point presse à Madrid avec le président brésilien Lula. «Si c’était facile, ça aurait déjà été fait», mais «quelqu’un doit conclure» les négociations, a poursuivi le chef d’État brésilien. Toutefois, plusieurs États membres de l’UE (Autriche, France, Pays-Bas…) ont récemment réitéré leur opposition à la ratification de l’accord UE/Mercosur en raison de considérations environnementales liées notamment à la déforestation en Amazonie, et au respect de l’accord de Paris sur le climat. Face à ces doutes, M. Sanchez a assuré vouloir «travailler pour vaincre ces réticences», en estimant que les arguments en défaveur de l’accord pesaient peu face à son «potentiel» économique. À cette fin, Bruxelles négocie toujours avec le bloc Mercosur pour trouver un accord sur le protocole additionnel visant à intégrer des garanties solides en matière de développement durable, en particulier sur l’aspect environnemental.

Eva DZ

Quatre mois après l’entrée en vigueur de la nouvelle Pac, les ministres de l’Agriculture de l’UE, réunis le 25 avril à Luxembourg, ont fait un premier bilan de la réforme de la Pac. Et le constat est sans appel: c’est «malheureusement une occasion ratée en matière de simplification», a résumé la France. L’Allemagne a déploré un dispositif «extrêmement complexe» à mettre en œuvre pour les administrations et les agriculteurs. Et la Finlande a fait état «des très nombreux soucis» liés au nouveau système de contrôle (avec le passage au dispositif de performance) ou aux bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE). Certains États membres (Danemark, Lettonie…) ont aussi noté le faible intérêt de leurs agriculteurs pour les éco-régimes. Tous appellent donc la Commission européenne à faire preuve d’un maximum de flexibilité face aux demandes d’amendement des plans qui lui seront adressées dans les prochains mois. Le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, a assuré que, lorsqu’il s’agirait de simplifier les règles, il serait toujours ouvert, mais a aussi prévenu que Bruxelles se montrerait vigilante face aux demandes s’apparentant à du «greenwashing».

Didier Bouville

Lors d’un rendez-vous le 25 avril entre la Première ministre Élisabeth Borne et le nouveau président de la FNSEA Arnaud Rousseau, la chef du gouvernement a précisé les modalités d’élaboration du plan sur la recherche d’alternatives aux pesticides. Annoncé au Salon de l’agriculture, ce plan consiste à identifier, parmi les 200 substances devant être réexaminées d’ici cinq à six ans, celles qui nécessitent un effort supplémentaire de recherche d’alternatives. Côté calendrier, une première réunion est prévue le 10 mai avec les interprofessions et les instituts techniques, puis une deuxième afin d’aboutir à un plan pour l’été. Le président de la FNSEA a aussi fait part à Mme Borne de son «incompréhension» sur le dossier du S-métolachlore. L’Anses a confirmé l’interdiction en France de plusieurs herbicides contenant cette molécule. Visant un «alignement des calendriers» de Paris et Bruxelles, le ministre de l’Agriculture a annoncé son intention de demander une interdiction à l’échelle européenne. «Tout porte à croire que, dans le meilleur des cas, il y aura un an d’utilisation supplémentaire dans d’autres pays de l’UE», a déploré M. Rousseau. Selon lui, cette substance était «le dernier sujet dans les cartons, il n’y en aura plus de nouveau».

Didier Bouville