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«Nous sommes tous très inquiets pour l’élevage», confie à Agra Presse François Gibon, directeur général de la Fédération du négoce agricole (FNA), à l’issue d’une réunion d’urgence sur la crise ukrainienne, qui s’est tenue autour du ministre de l’agriculture le 25 février. Pour le seul aliment porcin, confirme le Snia (fabricants d’aliment), la hausse des prix des céréales le jeudi 24 février a fait bondir le prix de 20 €/t sur un jour, par rapport à un prix précédemment aux alentours de 330 €/t. «Ce conflit vient renchérir des cours déjà élevés, en fragilisant la rentabilité de l’élevage», confirme Stéphane Radet, directeur général du Snia, rappelant le contexte haussier des 18 derniers mois. Une situation dont il faudra, prévient-il, «tenir compte dans les coûts des production des élevages». À cout terme, rassure-t-il, aucun problème de disponibilité de matière première ou d’aliment n’est toutefois envisagé en France.

Eva DZ

«Nous sommes en train de bâtir un plan de résilience pour sécuriser dans nos filières nos intrants, pour des boucliers en termes de coûts au niveau national et européen, et apporter des réponses dans la durée», a indiqué Emmanuel Macron lors de son discours d’inauguration du Salon de l’agriculture le 26 février. Ce plan, précise l’Élysée, comportera «des réponses de court et moyen terme permettant de sécuriser au maximum les revenus, mais également l’approvisionnement en énergie et en intrants». Il sera préparé «dans les prochaines heures» par le ministère de l’agriculture, «en collaboration avec les filières et les interprofessions agricoles».

Eva DZ

Sans s’être officiellement déclaré candidat, Emmanuel Macron a dévoilé, lors de son discours du 26 février pour l’inauguration du Salon de l’agriculture, plusieurs pistes pour un second quinquennat. «Nous avons encore beaucoup de chantiers», a reconnu le Président de la République. Principale mesure : «un grand texte d’orientation et d’avenir agricole», ayant pour objectif d’installer 20 000 jeunes par an contre 14 000 actuellement. Le texte viserait à «renforcer la formation», à faciliter les investissements dans le numérique, mais aussi à inventer «des systèmes de portage pour faciliter l’installation». «Nous serons au rendez-vous du renouvellement des générations», a assuré le Président.

Eva DZ

Le Parlement a définitivement adopté le projet de loi portant réforme des outils de gestion des risques climatiques en agriculture. Le 24 février en fin de journée, le Sénat a adopté en séance plénière les conclusions de la CMP (commission mixte paritaire) qui s’était réunie le 16 février, rebaptisant ainsi le texte en projet de loi «d’orientation». Deux jours plus tôt, le 22 février, l’Assemblée nationale avait fait de même en adoptant le texte par une large majorité (114 votes pour, 7 abstentions). Le texte «sera promulgué dans les prochains jours», s’est réjoui le gouvernement dans un communiqué diffusé dans la foulée du vote des sénateurs. «Désormais, le travail réglementaire doit s’ouvrir pour permettre la pleine opérationnalité du système dès 2023, comme annoncé par le président de la République» a déclaré le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, cité dans le communiqué.

Didier Bouville

L’enjeu de la crise ukrainienne dans le secteur agricole «concerne plutôt ses effets sur les cours mondiaux qu’une inquiétude sur l’approvisionnement de la France», indique l’entourage du président de la République le 24 février. Car l’Hexagone, rappelle-t-on, est «indépendant», avec une production de blé tendre de 35 Mt en 2021-2022, à comparer aux 230 000 t importées la même année. Dans l’immédiat, la situation «pourrait même bénéficier à la France, en lui ouvrant quelques marchés», reconnaît Sébastien Windsor, président de l’APCA (chambres d’agricultures). Mais dans les autres filières, la hausse des cours va aussi, selon lui, «continuer à déstabiliser l’élevage, et notamment le porc et la volaille». Autres inconnues: les conséquences sur l’énergie et les engrais, ainsi que les éventuelles sanctions commerciales qui pourrait être prises d’une part comme de l’autre, avec des effets à craindre sur le lait et les spiritueux. «Personne ne peut dire combien de temps ça va durer, mais ça pourrait être très destructeur pour certaines filières», prévoit Sébastien Windsor. Sur le volet énergie au moins, «le gouvernement interviendra s’il le faut», rassure-t-on à l’Élysée.

Didier Bouville

Les prix des grains flambaient le 24 février à la mi-journée sur le marché européen, avec un pic totalement inédit pour le blé à 344 €/t (+57 €/t), quelques heures après le début de l’invasion russe de l’Ukraine. En blé et maïs, dont l’Ukraine est respectivement le 5e et le 4e exportateur mondial, les cours se sont envolés dès l’ouverture, avant de se dégonfler dans la journée autour de 320 €/t pour le blé. Le colza suivait la même tendance, prenant 37,75 €/t sur l’échéance rapprochée, à 778 €/t en fin d’après-midi. Devenue en 2018 le premier exportateur mondial de blé, la Russie est «cruciale» pour alimenter la planète, mais les analystes s’inquiètent surtout pour les capacités d’exportation de l’Ukraine. «Les autorités russes interdisent la navigation sur la mer d’Azov, les ports d’exportation sont fermés et Odessa a été bombardé, cela veut dire que les céréales ukrainiennes ne peuvent plus sortir du pays», relève pour l’AFP l’économiste Philippe Chalmin, coordinateur du guide Cyclope sur les marchés mondiaux. «À part le problème d’accès aux ports, il y a aussi un risque de dommage aux récoltes ukrainiennes si des combats au sol ont lieu », ajoute le cabinet d’analyse Capital Economics dans une note.

Didier Bouville

L’interdiction des viandes issues d’animaux en provenance des pays tiers ayant reçu des antibiotiques comme facteurs de croissance est «une première étape, mais pas tout à fait suffisante», car «elle fait reposer le contrôle sur la responsabilité des entreprises», a déploré Yann Nédélec, le directeur d’Anvol (interprofession des volailles de chair) le 22 février. D’après l’arrêté paru au JO la veille, «les exploitants du secteur alimentaire et du secteur de l’alimentation animale mettent en œuvre des diligences raisonnables aux fins de s’assurer» du respect de cette interdiction. Anvol demande donc «une augmentation des contrôles par les pouvoirs publics». L’interprofession souhaite aussi que cette interdiction «soit étendue» au reste de l’UE, comme prévu par le règlement de 2018 sur les médicaments vétérinaires, car «la plupart des importations de volailles ne rentrent pas directement en France, mais passent par Rotterdam», d’après son président Jean-Michel Schaeffer. De son côté, l’interprofession bétail et viandes Interbev a salué, dans un communiqué du 22 février, «un premier pas d’intérêt majeur en faveur de la réciprocité des normes». Son président Jean-François Guihard appelle Bruxelles à «faire preuve de responsabilité en suivant l’exemple français et en généralisant cette interdiction sans attendre».

Didier Bouville

Présentant le rapport d’évaluation de la loi Egalim 1 en commission des Affaires économiques, le 23 février, le député Jean-Baptiste Moreau (LREM, Creuse) a appelé à créer des «outils statistiques» pour évaluer «la mise en œuvre du SRP (seuil de revente à perte, NDLR) et le partage des revenus générés». Une des mesures phares de la loi Egalim 1, promulguée le 30 octobre 2018, est le relèvement à 10% du SRP. «Nos auditions ont montré de grandes interrogations sur ce point: où est passée la valeur libérée par le [relèvement du] SRP? Une chose est sûre, elle n’est pas redescendue chez le producteur», a lancé M. Moreau. Alors que le texte a introduit une part minimale de 50% de produits sous signe de qualité et durables en restauration collective, «nos auditions nous amènent à réfléchir sur le financement» de cette mesure, a souligné Grégory Besson-Moreau (LREM, Aube). Co-rapporteur de l’évaluation, il a salué «une bonne loi qui nécessitait un léger réajustement, ce qui a été fait avec Egalim 2». «Nous avons encore à progresser sur la maîtrise des volumes, la formation et l’accompagnement au regroupement de l’offre», a relativisé son co-rapporteur Dominique Potier (PS, Meurthe-et-Moselle), estimant que «tous les instruments de la Pac n’ont pas été mobilisés» dans ce sens.

Didier Bouville

Une semaine avant la fin des négociations commerciales annuelles le 1er mars, le taux de signature des contrats entre industriels et distributeurs est de 30% pour les marques nationales et 75% pour les PME, informe le ministère de l’Agriculture à l’issue du quatrième comité de suivi des négociations, le 23 février. Le taux de signature moyen est inférieur à la normale (-20 points par rapport à 2021). Quant aux coopératives, les deux tiers ont finalisé leurs contrats ou sont dans «une avancée favorable», déclare la Coopération agricole. Le dernier tiers est «dans une zone à risque» et craint de ne pas signer ses contrats avant la date butoir. Les blocages concernent particulièrement certains produits comme les œufs, la volaille, la charcuterie ou les légumes en conserve. «La situation est encore plus tendue sur le non alimentaire», relève le cabinet du ministre. «Ceux qui reprochent à la loi Egalim 2 de créer de la complexité et d’empêcher les signatures ont tout faux, conclut l’entourage du ministre. Les tensions sont plus liées à l’inflation des coûts de production agricoles et industriels.» Le gouvernement rappelle sa détermination à faire appliquer la loi et cible plusieurs «comportements inadmissibles» de la part d’industriels «qui refusent toute transparence» ou de distributeurs «qui remettent en cause le prix de la matière première agricole, même certifié».

Didier Bouville

Après avoir, dans un premier temps, pris acte de la décision du tribunal administratif de Paris sur les missions de la cellule Déméter, les ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture ont finalement fait appel de ce verdict, annoncent-ils dans un communiqué le 21 février. Le 31 janvier, la justice administrative avait enjoint le gouvernement de «faire cesser les activités de la cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole qui visent à la prévention et au suivi d’ »actions de nature idéologique »». Le 2 février, la Place Beauvau et la Rue de Varenne avaient d’abord réagi en indiquant que la mission de la cellule Déméter serait «précisée et cadrée dans un nouveau texte d’organisation interne qui prendra en compte les termes de la décision du tribunal administratif de Paris». Cette décision ne concerne toutefois pas les autres missions de la cellule Déméter, ayant trait à la sécurité des exploitations agricoles (violences, vols, etc.). Créée en octobre 2019 au sein de la Gendarmerie nationale, la cellule Déméter a fait l’objet d’une convention de partenariat le 13 décembre 2019 entre le ministère de l’Intérieur, la FNSEA et les JA, afin de «renforcer la sécurisation par la gendarmerie des exploitations agricoles».

Didier Bouville