Aveyron | Par eva dz

Face aux vautours, le désarroi des éleveurs

A une semaine d’intervalle en ce mois de novembre, sur le Sévéragais, Josette Rames et Fabien Fages ont été victimes d’attaques de vautours sur une de leurs vaches en train de vêler. Des attaques et non plus des inter-actions car les animaux étaient bel et bien en bonne santé avant leur rencontre avec les volatiles… Forts de leurs témoignages, la FDSEA et les JA continuent d’œuvrer pour que les populations de vautours soient régulées et ne soient plus une menace pour l’élevage.

La FDSEA et les JA sont venus soutenir les deux éleveurs, et encouragent les agriculteurs à signaler toute attaque.

Les témoignages sont poignants et on sent encore toute l’émotion, le désarroi même, dans la voix des éleveurs, démunis face à la souffrance de leurs bêtes victimes d’une horde de vautours. «On nous parle de bien-être animal mais quand on assiste ainsi à la souffrance de sa vache pourtant en pleine forme au moment de vêler et qui se trouve vidée par des vautours, ce n’est pas supportable !», confie Josette Rames. Avec son mari, éleveurs sur la commune de Lapanouse, ils n’ont pu que constater les dégâts occasionnés par les vautours sur l’une de leurs vaches en train de vêler, début novembre. La vidéo réalisée par un voisin lorsqu’ils ont découvert leur vache dans la pâture a d’ailleurs fait le tour des réseaux.

«Voir souffrir nos animaux, ce n’est pas supportable

Une dizaine de jours plus tard, Fabien Fages et son père, Gilbert, à quelques kilomètres de là, ont vécu la même tragédie. «Depuis toujours que nos vaches vêlent dehors, nous n’avons jamais eu de souci», témoigne Fabien, qui représente la 5ème génération d’éleveurs sur la ferme familiale. «Ça fait 45 ans que je fais vêler des vaches, je n’ai jamais vu ça !», complète son père. «Le matin j’étais monté voir les vaches et tout allait bien», confie Gilbert. «Et quand nous sommes arrivés, l’une de nos vaches avait traversé les ronces, cassé deux clôtures pour s’échapper, et finir dans le champ du voisin pour y mourir avec le veau dévoré de l’intérieur… Le reste du troupeau était complètement affolé à l’autre bout du champ !». Une souffrance aggravée par le manque de considération de leur témoignage et de ce que leur vache a vécu. «Les vautours étaient encore sur place et nous avons réussi à les faire échapper avec le quad et le tracteur mais c’était vraiment très impressionnant. A la LPO, ils m’ont dit de les faire fuir avec des casseroles… C’est vraiment nous prendre pour des cons !», dénonce Fabien. Et lorsqu’il appelle l’OFB pour demander l’expertise, on lui demande de laisser la vache sur place… et le vétérinaire agréé n’est venu que le mardi (le lundi étant férié)…
Tous les deux sont très déçus de l’expertise de leurs animaux. Chez Josette, le vétérinaire a même conclu que la bête était paralysée par le vêlage… alors qu’elle a pu rejoindre la ferme sur ses 4 pattes après l’attaque avant de devoir être euthanasiée vu l’ampleur de ses blessures… Et chez la famille Fages, le vétérinaire s’est à peine approchée de la vache. «Au-delà de la perte financière de nos animaux, la vache comme le veau, nous dénonçons le manque de considération pour ce que nous avons vécu», signalent les éleveurs. «Ce que je n’accepte pas c’est le manque de respect pour la parole de l’éleveur, c’est inacceptable», renchérit Samuel Maymard, venu apporter son soutien aux deux familles d’éleveurs dans cette épreuve. Le secrétaire général de la FDSEA, en charge du dossier prédation, dénonce le manque d’intérêt sur les inter-actions des vautours sur les troupeaux d’élevage et le manque de réactivité dans les expertises. «On nous dit même qu’il faut que les éleveurs modifient leurs pratiques d’élevage, qu’ils ne fassent plus vêler dehors alors que sanitairement c’est tout de même plus sûr que dans un environnement fermé comme un bâtiment», argumentent les éleveurs. «Laisser faire les vaches en plein air, comme elles le sentent, est un modèle d’élevage vertueux», défendent-ils. Et de partager aussi leur inquiétude face aux risques sanitaires de contamination de l’eau des abreuvoirs par les vautours.

Les tirs d’effarouchement, une première avancée

La publication la semaine dernière par le préfet d’un arrêté autorisant les tirs d’effarouchement est «une première étape pour aller chercher la régulation», souligne Samuel Maymard. «On accepte le rôle de charognard du vautour, pas de souci, il fait son boulot mais il doit en rester là et ne pas déroger de ce rôle pour attaquer des animaux en bonne santé !», appuie Léo Nakich, président de JA 12 et présent lors de cette rencontre. «La régulation des populations de vautours ne se fera pas par la nourriture, car le vautour n’a pas de limite. On l’a vu cette année avec l’attaque de brebis sur un élevage qui alimente par ailleurs l’une des 150 placettes disponibles en Aveyron… Les vautours sont tout simplement devenus trop nombreux. Il faut agir !», a-t-il poursuivi. Ils seraient autour de 3 000 individus en Aveyron. «La caste environnementale les défend sans y être vraiment au contact. On nous dit de modifier nos pratiques, de les faire fuir avec des casseroles, ce n’est pas concevable, ce n’est pas recevable, ce n’est pas acceptable !», appuie-t-il.
Alors la FDSEA et les JA appuyés par leurs homologues des départements alentours continuent leur bataille : «C’est long mais le travail continue, nous ne lâcherons pas !».

Eva DZ

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Sur la commune de Verrières en Aveyron, dimanche 22 septembre, une habitante a été attaquée par un vautour dans son jardin. FDSEA et JA de l’Aveyon ont fait part de leur colère : «Cela fait des années que nos syndicats tirent la sonnette d’alarme pour protéger nos troupeaux, cette fois il s’agit d’un humain». En mai 2021, la FDSEA et les JA de l’Aveyron avaient déposé une jument victime d’une attaque de vautours devant la DDT. «Souvenez-vous, nous l’avons montré à de multiples reprises, au prix de la vie de veaux, de brebis et même d’une jument, que les éleveurs n’avaient pas pu protéger : les vautours ne sont plus de simples charognards, ils passent à l’attaquent», dénoncent la FDSEA…