Aveyron | Par La rédaction

Entrepreneurs des Territoires Denis Pailhas, à Millau, a démarré avec le battage

En France comme en Aveyron, le battage est à l’origine des entreprises de travaux agricoles. D’abord organisés au sein de syndicat de battage, les entrepreneurs des territoires (EDT) ont depuis, développé leurs activités et services. A l’image de Denis Pailhas entrepreneur depuis plus de 25 ans sur la commune de Millau.

Les machines de Denis Pailhas ont été conçues pour travailler dans les pentes, parce qu’une grande partie des zones qu’il couvre sont dans les côteaux. Ces machines sont en effet équipées de correcteur de niveau pour assurer un battage de qualité. Des machines qui nécessitent aussi une certaine dextérité des chauffeurs : «il faut savoir travailler dans le bon sens !», sourit Denis.

Le battage, c’est par là que Denis Pailhas a démarré son activité d’entrepreneur des territoires avec l’achat d’une première moissonneuse. Depuis, il a diversifié son activité ainsi que sa clientèle et a développé sa petite entreprise grâce à l’embauche de 2 salariés à temps plein. Un parcours à l’image de ce que sont les entrepreneurs des territoires en Aveyron.

L’envie d’entreprendre

Sa passion pour la mécanique, Denis la cultive depuis son plus jeune âge. Sur la ferme familiale, transmise par son grand-père, son père et reprise par son frère, déjà gamin, il préférait les machines aux animaux ! Pendant les vacances d’été, il travaillait dans une entreprise pour conduire la moissonneuse ! Et donnait un coup de main à la CUMA locale dont s’occupait son père. «C’était un rêve pour moi que d’avoir mon propre tracteur pour aller faire les travaux chez les agriculteurs !», se souvient Denis. Tout naturellement, il s’est tourné vers des études de mécanique. Son BTS agro-équipement en poche, il a été salarié pendant 10 ans en tant que mécanicien agricole. Puis pendant 10 ans, il fut formateur dans ce domaine avant de prendre son envol ! «J’avais envie d’entreprendre !», commente tout simplement Denis. L’envie de se lancer seul en achetant sa première moissonneuse. «J’ai commencé avec une, puis deux, puis j’ai acheté un tracteur et du matériel pour diversifier mon activité», explique Denis. En 25 ans, l’entrepreneur installé sur la commune de Millau, aux portes des Gorges du Tarn a développé sa clientèle dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres, auprès d’agriculteurs. «Ayant été mécanicien agricole dans une entreprise locale, j’avais déjà un petit carnet d’adresses à mes débuts que j’ai complété au fil de temps !», explique Denis.

L’entrepreneur travaille aussi pour les collectivités locales. L’un des pans de l’activité de Denis, ce sont aussi les travaux d’aménagement qu’il assure avec ses pelles mécaniques. Il travaille notamment sur la réalisation de pistes ou chemins forestiers, sur l’aménagement foncier et sur le terrassement…   

Pour assurer l’ensemble de ces prestations, Denis a embauché deux salariés à temps plein et fait appel à un salarié à temps partiel via un groupement d’employeurs, et quelques saisonniers lors des pics d’activité. «J’ai de la chance, je n’ai jamais eu de souci pour recruter et mes salariés sont à mes côtés depuis plusieurs années. Peut-être que le fait d’avoir été salarié avant me facilite un peu le relationnel !», souffle Denis.

Battage, fenaison (de la fauche à l’andainage, au pressage), semis, labour, cassage des pierres, débroussaillage… font partie du panel d’activités et de services assurés par Denis et ses salariés. «Si j’ai commencé par le battage, je ne pouvais pas me cantonner à cette seule activité. Il faut savoir se diversifier, c’est d’ailleurs le cas de la plupart des Entrepreneurs des territoires. Rares sont ceux qui se spécialisent», témoigne l’entrepreneur. Ne serait-ce aussi que pour amortir les machines, dont les prix ne cessent de grimper, regrette l’entrepreneur.  

D’ailleurs, Denis confie à ses salariés l’entretien et la réparation des machines pendant la période hivernale, dans son bâtiment installé sur la route menant aux plages de Millau. «Au vu du prix très élevé des machines, il faut en prendre soin ! Et puis tout doit être prêt pour assurer les saisons en toute sérénité !», explique Denis, dont les compétences initiales en mécanique agricole et agro-équipement sont un atout. Fidèle à une marque, il se simplifie ainsi l’entretien et le travail sur les machines. Des tâches d’entretien qui prennent dans l’année, presque autant de temps que les périodes de récolte ! «C’est aussi une façon de sécuriser l’emploi de mes salariés sur l’année».  

Après plus de 25 ans dans le métier, Denis mesure le chemin parcouru : «Les jeunes qui se lancent aujourd’hui sont courageux ! Quand on voit la flambée du prix du matériel, ça devient difficile de répercuter cette hausse sur le prix de nos prestations. La diversité de clients, d’activités nous permettent d’équilibrer mais ce n’est pas simple !», avance-t-il. Il note aussi une belle évolution dans le matériel utilisé : «Grâce aux nouvelles technologies, nous gagnons du temps et aussi du confort de travail et ce n’est pas négligeable quand on passe des journées entières sur les machines !», assure Denis.

Beaucoup d’énergie, beaucoup de travail

Et puis le contexte et les mentalités aussi ont évolué ! «Les clients sont plus exigeants qu’auparavant. Sans compter sur les variations de temps, de météo… ce qui ne nous simplifie pas le travail. Nous essayons d’organiser le travail en fonction des fenêtres météo, et de façon à contenter le plus de monde possible…». Faire le maximum de travail, le mieux possible dans un minimum de temps est devenu la règle ! C’est pour cette raison que Denis a investi dans deux groupes de fauche : «on limite ainsi le temps sur la route et on peut intervenir sur plusieurs secteurs». Il n’hésite pas non plus à travailler avec les CUMA de son secteur : «Nous nous rendons des services. Il y a une bonne entente… et de la place pour tout le monde !», sourit Denis.

Le métier d’entrepreneur des territoires, c’est beaucoup d’énergie, beaucoup de travail sur le terrain mais aussi dans le bureau (les tâches administratives sont souvent gérées le soir ou le dimanche matin). Mais Denis est heureux dans son métier : «J’ai réussi à entreprendre dans un domaine passion. D’ailleurs il faut être passionné pour se lancer !». Aujourd’hui, il s’interroge sur la suite de son entreprise : «La transmission n’est pas facile parce que c’est une activité qui nécessite de gros investissements pour se donner le droit de travailler et si en plus, la météo n’est pas bonne les premières années… Et pourtant l’activité est là, une très grande partie de mes clients sont des fidèles de la première heure. Il y a de la place !», avance Denis, heureux aussi d’avoir de bons salariés qui le soutiennent. «Notre credo : le travail bien fait ! D’ailleurs aujourd’hui on n’est pas encore sorti du champ que déjà, notre travail est commenté ! Tout va très vite !».

Vice-président pendant une dizaine d’années des entrepreneurs des territoires de l’Aveyron, en charge notamment de la commission mixte des employeurs, Denis a à cœur aussi de communiquer sur son métier : «C’est important de s’impliquer, pour faire entendre la voix de notre profession. Il y a beaucoup à faire et je suis heureux de voir de nombreux jeunes nous rejoindre. Ça nous donne un peu d’élan !».

Eva DZ

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