National | Par Didier Bouville
Trois questions posées à Henri Biès-Péré, 2ème vice-président de la FNSEA (notre photo).
– Le numérique était omniprésent au Sia, est-ce une opportunité pour les agriculteurs ?
Henri Biès-Péré : « J’ai été impressionné par la place importante tenue par le numérique et ses multiples usages. Sur tous les espaces où il était question d’innovation, de traçabilité, de recherche, d’efforts pour le respect de l’environnement, les solutions passaient par la collecte et la valorisation des données, par la constitution de «big data» et leurs exploitations par de l’intelligence artificielle. Il ne faut pas craindre cette évolution, l’agriculteur sera le premier bénéficiaire de ces nouveaux outils d’aide à la décision (OAD), sa tâche sera facilitée dans la transition des informations permettant de rassurer le consommateur etc…
– Qu’est-ce que cela a comme répercussions pour les agriculteurs ?
HBP : Plus que jamais l’agriculteur doit prendre conscience que ses données constituent un actif de son exploitation, il doit être vigilant sur la façon dont elles sont collectées, quelle utilisation en est faite par celui qui les collecte et vérifier qu’il peut à tout moment les récupérer. Chaque fois qu’il achète un matériel, qu’il utilise un logiciel ou qu’il souscrit à une offre, il y a dans son contrat une clause qui traite le sujet des droits d’utilisation et du devenir des données. Cette clause est aussi importante que celle de la maintenance ou du SAV, il ne faut pas signer sans vérifier son contenu. Demain, grâce à cette chaîne de données qui se matérialisera, pour le consommateur, par un flashcode, un retour de valeur ajoutée vers l’agriculteur peut être envisagé. C’est la base d’une relation de confiance.
– Quelle est l’action de la FNSEA pour accompagner l’agriculteur ?
HBP : Consciente des difficultés pour un agriculteur de pouvoir décrypter seul un contrat ou des Conditions Générales de Vente, la FNSEA a développé une labellisation des fournisseurs de matériels, logiciels, équipement, etc. qui s’engagent à respecter un ensemble de règles éthiques sur les données des agriculteurs. Le label DATA-AGRI garantit à l’agriculteur que le contrat ne le dépossède pas de ses données, qu’il sera informé du devenir de celles-ci, que son consentement sera demandé en cas d’utilisation non prévue par le contrat initial, et qu’il pourra les récupérer en cas de rupture des relations avec son prestataire. De plus en plus de prestataires sont labellisés, c’est une garantie. Chaque agriculteur doit exiger, faute de label DATA-AGRI, que le devenir de ses données lui soit clairement expliqué, avant de conclure avec un fournisseur. Fort de cette action sur les données des exploitations agricoles, et conscient de l’enjeu syndical sur les sujets, la FNSEA est engagée dans plusieurs projets, qui permettront de contribuer à renforcer la valeur de nos productions, et donc de négocier des meilleurs prix. La bataille du revenu passe aussi par la maitrise des données et du dossier numérique ».
éleveurs+numérique+fnsea