Pierre Casenave, vétérinaire praticien à Naucelle, est à la tête du GTV12 (Groupement Technique Vétérinaire) depuis juin 2024. Il exerce une activité mixte, à prédominance rurale, et est également référent en Dermatose Nodulaire au sein de la Commission Épidémiologie de la Société Nationale des Groupements Techniques Vétérinaires (SNGTV). Diplômé en 2005, il partage son expertise sur cette maladie virale contagieuse qui touche spécifiquement les bovins.

Début août, une réunion d’informations a été organisée à la Maison de l’agriculture, à l’initiative de la FDSEA et de JA.
Qu’est-ce que la Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC) ?
«La Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC) est une maladie virale, contagieuse, incluse parmi les maladies de catégorie A selon la Loi Santé Animale, au même titre que la fièvre aphteuse. Elle est transmise principalement par des insectes piqueurs que sont les stomoxes (mouches piqueuses) et les tabanides (taons). Il existe également une possibilité de transmission directe d’animal à animal mais qui est beaucoup moins importante.
Elle touche exclusivement les bovins, les buffles et les zébus, mais elle ne constitue pas une zoonose, c’est-à-dire qu’elle n’est pas transmissible à l’homme, ni par contact direct avec des animaux infectés ou par consommation de produits animaux tels que le lait ou la viande.
Quels sont les symptômes de la DNC et comment la diagnostique-t-on ?
Les premiers signes cliniques de la DNC incluent une forte fièvre, souvent supérieure à 40°C, qui dure plusieurs jours. Cette fièvre est souvent accompagnée d’une chute de production, d’une réaction ganglionnaire et rapidement de l’apparition de nodules cutanés caractéristiques. D’autres symptômes peuvent inclure des écoulements oculaires et nasaux. Il convient de noter que certains animaux peuvent présenter des signes plus discrets.
Le diagnostic de la DNC repose principalement sur la PCR effectuée sur des biopsies de nodules cutanés. Les tests sont pratiqués à partir d’écouvillons oculaires ou nasaux, de prises de sang et de biopsies des nodules permettant des résultats fiables (la présence du virus dans le sang est de courte durée ce qui la rend difficile à diagnostiquer pour les animaux infectés qui ne déclenchent pas la maladie)..
Comment la maladie est-elle prise en charge ?
Lorsqu’un animal est déclaré positif à la DNC, étant donné la catégorisation A de cette maladie, une stratégie de lutte rapide doit être mise en place avec pour objectif l’éradication rapide. Cette stratégie passe obligatoirement par une association de mesures :
• La détection rapide des animaux infectés et l’abattage total du foyer épidémiologique pour éliminer les animaux potentiellement en incubation.
• L’instauration de zones réglementées autour des foyers (zone de protection et zone de surveillance), avec des restrictions sur les mouvements d’animaux.
• La vaccination systématique de tous les bovins dans la zone réglementée.
L’objectif principal de ces mesures est d’éradiquer les sources du virus en éliminant les animaux infectés, d’interdire la circulation d’animaux afin d’empêcher la propagation du virus, et de créer une immunité collective via la vaccination.
Comment prévenir la maladie et qu’en est-il de la vaccination ?
Un vaccin existe et a déjà fait ses preuves dans d’autres pays en terme de gestion de la maladie. Il s’agit d’un vaccin vivant atténué, qui s’administre en une seule injection. Les animaux sont considérés comme protégés 21 jours après l’administration du vaccin. La vaccination doit impérativement être effectuée par un vétérinaire sanitaire, seul habilité à certifier cette dernière..
Quel est votre message aux éleveurs ?
Je tiens à rappeler l’importance de la vigilance face à cette maladie et je souligne les lourdes conséquences économiques qu’elle peut entraîner. La DNC peut provoquer des baisses de production significatives et affecter le statut sanitaire de la France, avec la perte de son statut indemne de la maladie. Bien que les mesures de lutte puissent sembler contraignantes pour les éleveurs (et elles le sont), elles sont techniquement justifiées.
Heureusement, les efforts déployés ont montré des résultats : Depuis la fin de la semaine dernière, nous constatons une diminution marquée du nombre de foyers quotidiens, et la zone réglementée n’a pas évolué depuis environ 15 jours. J’insiste sur le rôle essentiel de la collaboration entre l’éleveur et le vétérinaire pour assurer une surveillance quotidienne et détecter la maladie le plus tôt possible».
La rédaction