Aveyron | Par Eva DZ

«Déclarez les dégâts à tous les niveaux !»

La FDSEA et JA Aveyron font appel à leur réseau pour déposer des banderoles dans toutes les communes, dénonçant l’impact des dégâts de gibier et de la prédation pour les élevages et pour le budget de l’Etat… Les explications de Jean François Fabry et Nicolas Albouy, co-présidents de la section chasse et dégâts de gibiers de la FDSEA.

L’équipe FDSEA – JA du canton de Conques Marcillac a installé une banderole en fin de semaine dernière, visible par tous (© FDSEA – JA Aveyron)

Les dégâts de gibier sur le terrain ne semblent pas faiblir… Quelle est la situation ?
J-F. Fabry – N. Albouy : «La situation est en effet inquiétante car beaucoup d’animaux sont présents dans les territoires et des dégâts significatifs remontent par notre réseau sur les praires et les semis de maïs dernièrement. On remarque que la pression de chasse n’est pas la même partout.

Quel est votre message aux agriculteurs pour remédier à cette situation inquiétante ?
J-F. Fabry – N. Albouy : Si l’info remonte bien via nos réseaux, en revanche le nombre de déclarations de dégâts reste bien trop faible par rapport à la réalité du terrain. C’est pourquoi il est important, quel que soit l’ampleur des dégâts, de réaliser une déclaration. Ces déclarations constituent autant d’arguments pour faire avancer la problématique et surtout pouvoir agir en amont avant que les situations ne deviennent inextricables. Sans déclarations à l’appui on nous rétorque qu’il n’y a pas de dégâts ! Et donc pas de nécessité d’agir.

Quelles sont à votre avis les raisons de l’absence de déclarations de la part des agriculteurs ?
N. Albouy : Je comprends que faire une déclaration est une démarche administrative en plus et qu’en fonction des dégâts, les agriculteurs se disent que ça n’en vaut pas la peine. Mais au-delà de l’indemnisation, c’est important de faire remonter les dégâts, de montrer leur ampleur pour mettre en place d’autres leviers pour réguler. Nous savons aussi que certaines sociétés de chasse font pression sur les agriculteurs pour ne pas déclarer, plaidant qu’ils pourront «couler» la société de chasse… Et les agriculteurs ne voulant pas dégrader les relations avec les chasseurs qui souvent peuvent être des copains, abandonnent…
Je mets surtout en garde les agriculteurs de ne pas enlever les terres aux sociétés de chasse sinon ils ne pourront plus y déclarer les dégâts…

Des «points noirs» sangliers ont été enfin établis en Aveyron cette année. Quel est le résultat de ce travail ?
J-F. Fabry – N. Albouy : Le code de l’environnement impose une analyse annuelle de l’impact des sangliers. Il peut en ressortir un classement comme «point noir» de certaines communes, ce qui ouvre droit à d’autres moyens de régulation.
Pour 2025, en Aveyron, le critère de classement concerne les communes ayant plus de 3% de la surface impactée par des dégâts pendant 3 années consécutives. Il en ressort seulement une seule commune comme point noir. Il s’agit d’Arnac sur Dourdou… C’est très décevant car ce n’est pas représentatif de la situation du département en termes de dégâts. Le critère retenu est trop élevé et exclut beaucoup trop de territoires. D’où l’intérêt de déclarer tous les dégâts pour remplir ce critère… C’est primordial si nous voulons collectivement avancer !

Quelles sont vos propositions pour améliorer ce dispositif «point noir» ?
J-F. Fabry – N. Albouy : Le dispositif actuel n’est pas assez réactif. Par exemple, plusieurs communes dans le vallon de Marcillac sont typiquement dans une zone que l’on pourrait qualifier de point noir, mais au vu des critères, leur cas n’est pas retenu ! Dans le cadre actuel, il faudra attendre au minimum un an de plus et de nouveaux critères pour espérer un classement de ce secteur. Et en attendant les dégâts continuent.
Nous perdons un temps précieux sur le dos des agriculteurs qui se sentent seuls. Ils subissent de lourdes pertes économiques et finissent malheureusement par se lasser ! Nous les encourageons à prendre contact avec la section chasse et dégâts de gibier de la FDSEA, nous pouvons les appuyer si besoin.

Quelles sont les conséquences de l’annulation du classement ESOD (Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts) en Aveyron ?
J-F. Fabry – N. Albouy : Le 13 mai, suite au recours de plusieurs associations, le Conseil d’Etat a annulé le classement «ESOD» pour la martre, la fouine, le renard et la corneille noire en Aveyron. Cette décision se fonde là aussi sur l’insuffisance de preuves de présence significatives de ces espèces. A ce niveau aussi, nous le répétons, il est important de déclarer les dégâts. Nous ajoutons aussi le blaireau à cette liste d’animaux qui occasionnent des dégâts importants. Il faut faire des déclarations pour espérer un changement de statut de cet animal classé actuellement gibier. Sans déclaration on ne peut pas faire avancer le dossier».

Recueillis par L. Deneboude et Eva DZ

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