National | Par Jérémy Duprat
Gérer l’alimentation du troupeau sans se déplacer jusqu’à l’auge. Et le tout en pianotant sur quelques boutons ou presque. C’est la solution proposée par les robots d’alimentation comme le Dairyfeed de chez GEA.
Le Dairyfeed F4500 qui distribue l’alimentation aux vaches. (Crédit photo : GEA)
3 mètres de largeur disponible
Un robot d’alimentation connecté en permanence à internet. Accessible par l’éleveur depuis son téléphone ou sa tablette. L’alimentation de la ferme peut désormais se gérer entièrement à distance. «Avec le logiciel unique DairyNet, qui prend en charge aussi bien le robot de traite que celui de l’alimentation, l’éleveur n’a qu’une seule interface pour bénéficier d’un retour production et alimentation. C’est un vrai plus pour avoir la main sur l’ensemble de la ferme», assure Patrick Ravier, responsable de marché chez GEA.
Le système est sur roue, avec deux caméras pour qu’il se repère sur le chemin du travail. «C’est un système de navigation atypique, puisque le robot n’utilise ni transpondeur ni fil. GEA travaille avec des leaders du domaine pour équiper le robot de deux caméras, à l’avant et à l’arrière. Il repère des points fixes, comme des poteaux, des charpentes ou un DAC. Une fois ces points assimilés, nous définissons ce dont le robot a besoin pour créer le circuit du parcours. Il n’y a rien au sol, aucun marquage ou autre. Pour résumer, le Dairyfeed a seulement besoin d’une cartographie, d’un parcours que nous lui créons, et voilà !», résume Patrick Ravier.
Comme pour un enfant en bas âge, il est facile d’imaginer qu’il faut adapter son environnement pour permettre au robot de circuler sans encombre. «Ce que nous demandons, c’est un passage de 3 mètres. Le robot fait 1m40 de large. Légalement, nous devons garantir 40 cm de libre de chaque côté par sécurité. Chez GEA, nous avons validé 3 mètres pour qu’il n’y ait aucun risque qu’il se coince ou qu’un objet se prenne dans le robot. Quant à lui, il peut gravir des pentes de 10% et des marches de 5 centimètres. Mais que les éleveurs ne s’inquiètent pas, notre travail c’est de valider techniquement l’installation d’un robot en fonction des contraintes géographiques, des différents bâtiments ou des problèmes de hauteur. Nous voyons tous types de bâtiments lors de nos déplacements et souvent il n’y a pas de soucis», rassure Patrick Ravier.
Le robot fonctionne sur une base de 3 km/h et 1,5 km/h en fonction distribution. «Nous avons l’exemple récent d’une ferme en Normandie qui utilise le Dairyfeed depuis un an. L’éleveuse possède 300 animaux avec une distance de 40 mètres entre la cuisine et deux bâtiments avec deux tables d’alimentation, avec 200 vaches d’un côté et 100 de l’autre. Le robot et le système fonctionnent bien et laissent à l’éleveuse pas mal d’amplitude pour répondre aux besoins du troupeau. Le principal argument du robot, c’est de conserver la fraîcheur des ingrédients. Si quelqu’un investit du temps et de l’argent dans le robot, il faut que la qualité soit au rendez-vous. L’éleveur va charger ses stockeurs tous les jours ou tous les deux jours. Avec des ingrédients secs, il peut le faire pour la semaine. En bout de course, il passe moins de 30 minutes à alimenter sa cuisine», relate Patrick Ravier.
L’humain irremplaçable
Une grande question reste en suspens. Est-il possible de laisser le robot se débrouiller sans assistance humaine ? Pour les week-ends par exemple. «Le facteur humain n’est pas remplaçable, malheureusement mais aussi heureusement. Je dimensionne le volume de stockage suivant les besoins et pour par exemple charger le samedi à midi et alimenter le lundi matin. Même si l’éleveur ne doit pas redonner de nourriture le week-end, il doit quand même aller jeter un œil et gérer le robot. Tous les agriculteurs que je connais se rendent sur la ferme pour remonter ce que la pince a fait tomber. Et pour s’assurer qu’il n’y a pas trop de refus en fin de semaine. De notre côté, nous travaillons aussi beaucoup sur la précision, à moins de 10kg, ce qui permet d’optimiser au maximum les rations» développe le responsable de marché chez GEA.
Du côté organisation des différentes rations, le Dairyfeed possède un large éventail de fonctions. Toujours avec cette idée d’optimiser l’alimentation et réduire les refus à néant. Ou presque. «Le robot a la possibilité de créer autant de rations que de groupes d’animaux. Et ce avec une grande précision et sans refus. Toujours avec l’exemple normand, sur 300 animaux, l’éleveuse ramasse une brouette de refus par semaine. Forcément, elle valorise mieux des animaux ou elle valorise même des bêtes qui ne l’étaient pas forcément avant, comme les vaches taries ou les génisses, avec des rations spécifiques. Sans système comme le robot, avec cette vitesse d’exécution, tout le monde ne peut pas alimenter avec précision et 0 refus 300 animaux avec des distances importantes à parcourir», assure Patrick Ravier
Comme sur de nombreux sujets agricoles, le coût à l’investissement interroge forcément. Malgré cela, Patrick Ravier ressent un engouement grandissant pour les robots d’alimentation. «C’est un marché qui n’est pas encore mature. Comme celui des robots de traite par ailleurs. Je sens par contre depuis 2 ans un véritable engouement pour l’alimentation automatisée. C’est le marché de demain pour les 10 ans à venir. Et souvent, pour les éleveurs qui acquièrent un robot de traite, ils réfléchissent à l’alimentation de façon naturelle. Ou même au paillage», estime le responsable de marché chez GEA.
Jérémy Duprat