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Crise agricole : La FNSEA demande à Matignon de revoir sa copie

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu et un courrier adressé à la FNSEA, le syndicat agricole a répondu, aussi par écrit, au chef du gouvernement. En lui mettant encore un peu plus la pression.

Conformément à son engagement lors de sa rencontre avec la FNSEA à Matignon, le Premier ministre Lecornu, a fait parvenir un courrier de cinq pages à Arnaud Rousseau, président du syndicat agricole sur la gestion de la crise agricole. «Le courrier reçu ce soir ne répond pas à cette attente», a commenté la FNSEA sur son compte X. Le syndicat majoritaire «attend du Premier ministre qu’il revoie sa copie d’ici le rendez-vous de la première semaine de janvier. Le compte n’y est pas».

«Malgré un récapitulatif utile de la situation et du contexte, aucun engagement opérationnel supplémentaire n’est apporté. Les réponses attendues, notamment sur les indemnisations des animaux bloqués, la sécurisation économique des exploitations ou encore le soutien aux céréaliers, ne sont pas au rendez-vous», explique la FNSEA. Matignon travaille à «neutraliser pleinement l’effet des MACF» sur les engrais «ou encore à faire infléchir la Commission sur la réforme de la PAC». La FNSEA dit en prendre acte mais n’avoir aucune garantie concrète à ce stade.

Chantiers majeurs

Le syndicat majoritaire a néanmoins répondu au Premier ministre dans un courrier du 20 décembre. Il lui rappelle ses demandes «depuis plus de deux ans» pour que la France et la Commission écrivent une «vision claire sur l’avenir de l’agriculture en France et en Europe», «une politique publique permettant d’atteindre ce cap». La FNSEA presse le gouvernement de «passer aux actes «et de faire publier les décrets d’application de la loi d’orientation et de la loi Duplomb-Menonville».

Elle regrette aussi que le gouvernement reste inactif sur les projets structurants comme le Plan Agriculture Méditerranée, le plan Fruits et Légumes, mais aussi les chantiers majeurs que constituent la gestion de l’eau, la simplification, la prédation, les questions sociales et fiscales. De manière très diplomatique, la FNSEA estime que le gouvernement méprise en fait les agriculteurs, en prenant l’exemple des aires de captage. «Les discussions en cours avec le gouvernement (sur ce dossier, ndlr), laissent à penser que nous ne l’abordons pas de la bonne manière», affirme ainsi le courrier qui cite aussi un autre exemple : celui de 6000 agriculteurs qui ont reçu fin 2025 des courriers leur ôtant une partie des aides PAC «pour de pures questions de formalités administratives».

Espoirs déçus

A travers ce courrier argumenté et policé, on sent que la coupe est pleine chez les agriculteurs. «Les agriculteurs sont épuisés par les injonctions contradictoires, par les décalages entre les discours en faveur de la souveraineté et les contraintes imposées, par les politiques commerciales incohérentes avec nos normes de production…», écrit le président de la FNSEA qui évoque aussi la MACF, la crise viticole, la question de la mobilisation de la réserve européenne…

La FNSEA attend les réponses du Premier ministre de pied ferme, sur ces nombreux dossiers, à l’occasion de leur rencontre prévue vers le 8 janvier. Si les espoirs des agriculteurs devaient être une nouvelle déçus, nul doute qu’ils reprendraient le chemin de la contestation. La trêve hivernale devrait être de courte durée à Matignon.

Christophe Soulard

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Une délégation de la FNSEA conduite par son président, Arnaud Rousseau, a été reçue le 19 décembre par le Premier ministre, Sébastien Lecornu, à Matignon. La colère ne retombe pas. «Le Premier ministre s’est engagé, d’ici ce soir, à nous fournir un courrier avec l’ensemble des intentions de Matignon», a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA à sa sortie d’un rendez-vous avec le chef du gouvernement à Matignon. Ce dernier était entouré de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard et du ministre du Commerce extérieur, Nicolas Forissier. Arnaud Rousseau était notamment accompagné par le secrétaire général, Hervé Lapie, le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) Yohann Barbe, celui de la Fédération nationale bovine (FNB), Patrick…