National | Par Didier Bouville
La filière laitière craint moins la pénurie qu’un trop-plein de lait
«La filière laitière française affiche une solidarité pleine et entière pour maintenir l’accès aux consommateurs à des produits laitiers sains et sûrs, sans pénurie», affirme le Cniel, l’interprofession laitière dans un communiqué de presse du 17 mars. La filière se dit en ordre de marche pour relever trois défis prioritaires: «maintenir la collecte quotidienne du lait à la ferme», «assurer la transformation» et «faire face aux modifications de circuit de consommation» avec la fermeture de la restauration hors foyer – la baisse de consommation de produits laitiers en restauration collective avoisinerait les 60%.
Malgré cela, le tarissement de ce débouché, tant pour le lait que la viande de réforme, interroge la filière qui doit faire face au pic de collecte printanier. À cette période, les outils de transformation sont habituellement saturés, et notamment les tours de séchage utilisées pour transformer le lait en surplus. Si pour le moment la demande de la grande distribution prend le relais, «tout le monde est un peu inquiet pour traiter tous les volumes notamment avec la baisse des commandes en RHF», explique Damien Lacombe, président de la Coopération agricole laitière. «Le printemps va être compliqué», prédit-il appelant les éleveurs «à lisser la courbe de collecte».
L’agriculture toujours épargnée par les restrictions (FNSEA)
Après l’annonce du confinement à domicile pour 15 jours, «il est, ce matin, confirmé que les activités agricoles ne sont pas concernées par [les] restrictions d’activités» liées à l’épidémie de coronavirus, affirme la FNSEA dans un communiqué de presse le 17 mars. Une annonce qui fait suite à un «échange avec le ministre de l’Agriculture» le 17 mars au matin.
«L’arrêté du 15 mars qui listait les activités autorisées n’est pas remis en question», avance le syndicat. «Les agriculteurs et leurs salariés pourront donc poursuivre leur activité, qui ne peut être réalisée en télétravail, à condition de respecter les gestes barrières» et «les formalités administratives nécessaires à la circulation des personnes».
«Dans ce moment difficile pour l’ensemble des Français, la fourniture de produits agricoles et alimentaires est en effet une priorité absolue», indique le communiqué de la première fédération d’exploitants agricoles. «Travaillant avec du vivant, les agriculteurs et acteurs du secteur agricole» se posaient «de très nombreuses questions sur les conséquences des nouvelles mesures, en raison du caractère biologique et du lien au climat» de leurs activités.
Bruno Le Maire détaille l’éligibilité au «fonds de solidarité» TPE
Le ministre de l’Economie a détaillé le 17 mars le «fonds de solidarité» qui va être mis en place à destination de «l’ensemble des très petites entreprises» qui ont vu leur activité stoppée ou très gravement freinée par les mesures de lutte contre le coronavirus. Pour en bénéficier, les entreprises doivent avoir perdu au moins 70% de leur chiffre d’affaires «entre mars 2019 et mars 2020». Autre condition: un chiffre d’affaires inférieur à 1 M€. Cela pourrait permettre à des horticulteurs et pépiniéristes d’ornements, principale production agricole touchée, d’en bénéficier: en 2018, leur chiffre d’affaires médian était d’environ 230 000 euros, selon une étude de FranceAgriMer portant sur 300 exploitations du secteur.
Pour les bénéficiaires, le fonds se manifestera d’abord par une aide forfaitaire de 1500 euros, «rapide, simple, automatique sur simple déclaration (…) versés par la Direction générale des finances publiques». Au delà, il est prévu «un dispositif anti-faillites pour les entreprises qui emploient au moins un salarié et qui seraient en très grande difficulté malgré le recours à tous les autres dispositifs». Dans ce cas, «nous augmenterons au cas par cas le soutien financier pour (…) éviter toute faillite.» Le dispositif devrait être abondé d’un Mrd € par mois, annonce Bruno Le Maire, «et nous verrons combien de temps durera ce fonds». Les Régions abonderaient à hauteur de 250 M€
Bruxelles ouvre la voie à un report d’un mois des demandes d’aides Pac
Pour faire face à l’épidémie de coronavirus, la Commission européenne a décidé, le 17 mars, d’autoriser les États membres à accorder une prolongation d’un mois du délai imparti aux agriculteurs pour présenter leurs demandes de paiements directs et de certains paiements au titre du développement rural. Bruxelles en avait déjà fait de même pour l’Italie dès le 13 mars.
Les agriculteurs – si toutefois les États membres le décident – vont voir la date limite du 15 mai pour déposer leurs demandes d’aides Pac repoussée au 15 juin. La Commission européenne précise qu’elle «prépare actuellement les mesures juridiques à prendre pour permettre cette dérogation aux règles actuelles».
Quelques heures après cette annonce, la FNSEA a demandé dans un communiqué «au gouvernement français d’appliquer ce report». «Le confinement des conseillers de tous les organismes (FDSEA, chambres d’agriculture, centres de gestion…), ne permet pas l’accompagnement des agriculteurs dans de bonnes conditions», estime le syndicat. Pour la FNSEA, un report d’un mois «permettra de donner le temps aux conseillers de poursuivre leur mission, dans des conditions que nous espérons tous meilleures».
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