National | Par La rédaction
Nuffield est un réseau international qui finance les voyages d’études d’agriculteurs, de porteurs de projets d’installation ou de salariés du monde agricole pour explorer des domaines très diversifiés liés à l’agriculture. Trois lauréats sont sélectionnés chaque année en France. L’Aveyronnaise, Yolène Pagès, préside l’association Nuffield France. Rencontre.
L’Aveyronnaise, Yolène Pagès, lauréate Nuffield 2017 préside l’association française, elle est entourée d’un vice-président, Baptiste De Fressanges, lauréat 2015 éleveur en polyculture élevage Charolais dans l’Allier, d’un trésorier, Maxime Moinard lauréat 2016, éleveur en polyculture élevage Limousin en Vendée et d’une secrétaire, Chloé Pellerin, lauréate 2019, apicultrice en Haute-Vienne.
Qu’est-ce que le réseau Nuffield ?
Y. Pagès : «C’est un réseau qui rassemble des passionnés d’agriculture à l’échelle internationale. Une quinzaine de pays sont actifs au sein de ce réseau en Europe (France, Royaume-Uni, Irlande, Pays-Bas, Allemagne, Roumanie), aux Etats-Unis, au Canada, en Amérique du sud (Brésil, Chili, Paraguay, Argentine), en Afrique (Zimbabwe, Kenya), au Japon, en Nouvelle-Zélande, en Australie. Et nous espérons grâce à nos partenariats et notamment notre concours au prochain SIMA en novembre, élargir notre réseau à d’autres pays.
A quoi sert ce réseau ?
Y. Pagès : Il permet des échanges sur les meilleures pratiques agricoles dans un contexte d’agriculture durable. Les lauréats sont en effet sélectionnés sur une thématique de leur choix qu’ils vont approfondir pendant les 2 années de leur bourse, à travers des échanges nationaux et internationaux. Ainsi leurs travaux contribuent à faire avancer les agricultures, les innovations ou bien à faire aboutir des projets entrepreneuriaux.
Qui peut prétendre à la bourse Nuffield ?
Y. Pagès : Pour candidater, il faut avoir une expérience professionnelle dans le monde agricole, avoir moins de 45 ans, avoir envie de mener une réflexion et d’approfondir un sujet concernant l’agriculture et inscrit dans une démarche de développement durable. Enfin, une certaine maîtrise de l’anglais et la possibilité de s’organiser pour partir au moins 12 semaines à l’étranger dans les 2 ans suivant la sélection sont nécessaires.
Une fois sélectionnés, les lauréats disposent d’une enveloppe d’environ 12 000 €, en fonction des ressources de l’association, afin de financer leurs voyages d’étude dans le monde et leur participation à la conférence annuelle internationale où les lauréats présentent leur projet en anglais.
Qui sont les financeurs de cette bourse ?
Y. Pagès : Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur un réseau de partenaires fidèles, comme la Confédération nationale de l’élevage (CNE), le Crédit Agricole, Axema (filière agro-équipement), Comexposium (SIMA), Actura (filière intrants agricoles) et les Chambres d’agriculture. Grâce à eux, nous pouvons financer les projets de trois lauréats chaque année. Et nous espérons élargir le cercle pour augmenter le nombre de lauréats à 6 par an. Nous explorons aussi de nouvelles pistes notamment auprès du Service de remplacement pour que des éleveurs puissent accéder plus facilement à la bourse en se faisant remplacer.
Quelles thématiques peuvent être choisies par les lauréats ?
Y. Pagès : Diverses thématiques ont déjà été abordées par les 50 lauréats français depuis la création de l’association il y a 40 ans (1 800 lauréats depuis 1947 à l’échelle internationale). Le champ des possibles est large : la féminisation de l’agriculture et la mécanisation, le paillage des animaux en zone herbagère, les nouvelles variétés dans le contexte de changement climatique, les sources d’énergie sur les fermes… Nous avons créé une chaîne Youtube où les lauréats présentent leur projet.
Quelles sont les valeurs portées par Nuffield ?
Y. Pagès : Il faut être ouvert d’esprit, avoir envie de découvrir de nouvelles cultures. Le respect des idées de chacun est aussi une valeur forte de notre réseau, tout comme l’écoute et l’humilité. Notre ambition commune est de faire avancer toutes les agricultures. C’est aussi une manière de s’imprégner d’idées innovantes pour les filières, un atout auprès de nos partenaires.
Quels sont les bénéfices d’intégrer le réseau Nuffield ?
Y. Pagès : Quand on est lauréat Nuffield, on l’est pour toute la vie ! On se constitue un réseau fabuleux dans le milieu agricole à l’échelle nationale et internationale. On échange avec des porteurs de projet de tout pays, on maîtrise mieux les enjeux internationaux… et on parle mieux l’anglais ! Et même après nos deux années de bourse, on reste lié au réseau, on continue de partager, d’apporter aux autres, de faire vivre une agriculture positive et entreprenante.
Qui sont les lauréats Nuffield ?
Y. Pagès : Parmi les lauréats, on compte des administrateurs de la CNE, du Crédit Agricole, des créateurs d’entreprises, des agriculteurs et des agricultrices… Des personnes qui ont fait avancer l’agriculture.
L’Aveyron compte trois lauréates de la bourse : Sarah Singla sur l’agriculture de conservation en 2011, moi-même en 2017 sur la valorisation du lait de brebis et Bertille Fages lauréate en 2020 sur la représentation paysanne.
Comment peut-on candidater à la bourse ?
Y. Pagès : Les candidatures sont à déposer chaque année avant le 30 septembre. Dans son dossier, le candidat ou la candidate doit expliquer le sujet qu’il ou elle a choisi sur une page, présenter son implication professionnelle, associative… ainsi que deux lettres de recommandation. Une pré-sélection sur dossier est réalisée avant un passage devant un jury composé de nos partenaires majeurs et des membres du réseau à Paris».
Recueillis par Eva DZ
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