Aveyron | Par Jérémy Duprat
APO exporte 15% de sa production vers l’Asie. Pour répondre à ce marché qui n’attend que d’être fourni en porcs, le groupe a investi 10 millions dans une extension destinée à la congélation et au stockage. Cet article est publié dans le cadre du dossier filières viande qui paraît dans la VP de cette semaine.
30 tonnes par jour
10 millions d’euros d’investissement, deux ans de travaux et une inauguration attendue. Alliance Porci d’Oc a sorti le grand jeu. Le préfet, le président de la Chambre d’agriculture, celui de la Chambre de commerce et d’industrie, le maire de Rodez, celle de Sainte-Rade-gonde… Tous les élus et représentants ayant participé de près ou de loin à ce projet étaient présents. L’extension du site d’abattage est officiellement ouverte. Même si elle est en fonctionnement depuis le début d’année. Cette nouvelle partie du bâtiment est destinée à la congélation et au stockage pour un groupe qui commercialise 85% de ses produits découpés (300 000 porcs par an) en Occitanie.
Pour les 15% restants, la congélation et le stockage sont indispensables. Car si tout est bon dans le cochon, certaines parties de l’animal sont boudées en Europe. «Il n’y a pas vraiment de débouché pour les oreilles, la queue, le groin ou encore les pieds. Pour bon nombre de pays asiatiques, ces parties sont considérées comme nobles. Le tiercé des pays vers lesquels nous avons exporté en 2022 ce sont les Philippines, la Chine et Taïwan», explique Mikaël Le Gallic, directeur général du groupe APO. Cette nouvelle activité représente 5 emplois supplémentaires créés pour une activité d’avenir : les dirigeants d’APO en sont convaincus, le porc congelé a également un avenir sur le marché français. Mais c’est une autre histoire à écrire dans les prochaines années pour le groupe.
La centaine de personnes présente lors de l’inauguration s’équipent rapidement de charlotte et de sur-chaussure. À l’intérieur, la température descend rapidement. Les tunnels de congélation affichent -20 degrés. Chacun des deux tunnels peut stocker 30 tonnes de marchandises par jour. «Cela correspond à nos besoins. La durée de vie de la viande de porc est assez courte. Il faut donc la congeler rapidement pour conserver sa qualité. Plus vite vous la congelez, meilleure est sa qualité. Le cochon est abattu le jour 1. Le lendemain matin il est découpé et l’après-midi il est congelé. 30 heures après, on le sort du tunnel, on retire les intercalaires entre les cartons et la palette est stockée dans l’entrepôt. Ensuite nous chargeons nous mêmes les conteneurs sur le quai de chargement en partance pour l’Asie. Ils ne seront rouverts qu’une fois à destination. Depuis l’Aveyron, nous faisons partie des marchandises loin dans le monde», dévoile Mikaël Le Gallic.
Une rénovation énergétique
La force de l’investissement d’APO dans cette extension, c’est le volet énergétique. «Le site avait 30 ans. La production de froid était vieillissante et demandeuse en termes d’énergie. Sa production sur l’ensemble du site a été revue. Nous dégivrons désormais par récupération de chaleur pour rendre le site efficace au niveau de la consommation énergétique. Pour faire simple, dans la salle des machines il n’y a aucune production de chaleur. Les ballons sont entièrement chauffés par récupération de chaleur du groupe froid. Cette récupération se fait via des tuyaux contenant de l’ammoniac : c’est le fluide le plus efficace pour transporter la chaleur. Au bout du compte, cela nous permet d’économiser 60% de notre consommation de gaz», résume Mikaël Le Gallic lors de la visite.
Le projet a été financé à hauteur de 9 millions par APO. Pour le reste, différents acteurs sont venus apporter des fonds au projet. 500 000 euros proviennent de la Région, incluant les fonds Feader de l’UE. L’agglomération de Rodez a épaulé l’entreprise à hauteur de 160 000 euros.
Le dernier financeur, c’est le groupe Leclerc. «Certains acteurs type stations-services sont obligés de financer des projets qui font des économies d’énergie. Dans ce cas précis, les stations Leclerc ont financé une partie de l’extension, en contrepartie des émissions de CO2 qu’ils produisent. Puisque notre projet est basé sur un système d’économie d’énergie. Dans l’idée, nous compensons leur rejet de gaz à effet de serre dans l’atmosphère en contribuant à diminuer la pollution atmosphérique», explique Mikaël Le Gallic.
Jérémy Duprat