Mercredi 12 novembre, 250 agriculteurs de toute la région Occitanie dont une délégation de l’Aveyron, sont venus à la rencontre d’Emmanuel Macron, en déplacement à Toulouse. Répondant à l’appel de la FRSEA et de JA Occitanie, ils ont profité de la visite du chef de l’Etat dans la région pour lui exprimer leur colère face aux propos qu’il a tenu sur l’accord UE – MERCOSUR ces derniers jours.

A l’appel de la FRSEA et JA Occitanie, 250 agriculteurs sont allés à la rencontre d’Emmanuel Macron à Toulouse, le 12 novembre (© FDSEA 12).
En début d’après-midi, une délégation de responsables syndicaux a été reçue par Emmanuel Macron et la ministre de l’agriculture, Annie Genevard. Germain Albespy, secrétaire général de la FDSEA Aveyron en faisait partie : «Nous avons échangé pendant une heure avec la ministre puis une heure de plus avec elle et le Président Macron. L’accord UE/MERCOSUR a pris une large part du temps de discussion, le Président nous a redit sur ce sujet, ce qu’il avait dit lors de sa venue à Roquefort, à savoir que dans l’état actuel des choses, la France ne signerait pas… Il nous a précisé que ses propos repris à Belèm au Brésil avaient été, je le cite, tronqués par la reprise médiatique». A Toulouse donc, même engagement qu’il y a 4 mois à Roquefort… «Autour de cet accord, le Président a abordé plusieurs points : sa volonté de rechercher un équilibre dans tout accord commercial, défendant un commerce loyal entre les parties», rapporte Germain Albespy.
Les propos du Président «tronqués par la reprise médiatique» ?
«Il nous a aussi dit que les pays du MERCOSUR entendaient, enfin, les revendications notamment françaises, telle la mise en œuvre de clauses miroir, de contrôles sanitaires renforcés… Il a également évoqué un soutien aux filières en cas de souci dans l’application de l’accord mais on sait bien, au vu des expériences passées et en cours dans nos accords commerciaux classiques, combien il est difficile d’agir a posteriori quand le mal est fait !», relaie le responsable syndical. Au-delà de l’accord du MERCOSUR, les discussions ont également porté sur la prochaine PAC : «Le Président nous a répété qu’en l’état, la baisse de budget de la PAC était trop importante et qu’il était attaché à une PAC qui donne de la visibilité à long terme aux agriculteurs… Nous partageons cette position et nous serons vigilants à ce qu’il la tienne lui aussi dans le temps…».
Au global, Germain Albespy qualifie cet entretien de «constructif» : «le Président comme la ministre ont été à l’écoute et constructifs. Nous avons eu des réponses mais nous restons prudents, attentifs parce que cet engagement à ne pas signer l’accord du MERCOSUR nous l’avions eu en juillet à Roquefort de la part du Président… Alors restons vigilants sur la suite !», a prévenu Germain Albespy.
La position de la France sur l’accord UE/MERCOSUR est capitale en vue d’une éventuelle minorité de blocage au Conseil de l’UE. En parallèle, à Strasbourg, 150 eurodéputés souhaitent solliciter un avis juridique de la Cour de justice de l’UE sur la compatibilité de l’accord avec les traités européens. La résolution sera officiellement déposée le 14 novembre en vue d’un vote en plénière entre le 24 et le 27 novembre. En cas d’issue positive, le processus de ratification pourrait être bloqué.

(© FDSEA 12).
Des avancées… mais vigilance sur la mise en œuvre
A la sortie de l’entrevue, le président de la FRSEA, Jean-Marie Dirat, a annoncé plusieurs avancées concrètes dont l’engagement du chef de l’Etat à retirer la taxation carbone sur les engrais importés dans le cadre du dispositif MACF (Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières) : «une victoire pour notre réseau et une décision essentielle pour préserver la compétitivité de nos exploitations !».
Lors de cet entretien, Emmanuel Macron et Annie Genevard se sont engagés à mettre en œuvre une aide de trésorerie exceptionnelle pour les exploitations d’Occitanie en difficulté, particulièrement touchées par la conjoncture actuelle. Par ailleurs, la région a été reconnue comme «territoire d’expérimentation» notamment sur le stockage de l’eau qui se traduit notamment par une gestion locale des dossiers placée sous la responsabilité du Préfet de région. «C’est une décision positive qui encourage une démarche déployée à l’échelle régionale, et qui pourra se gérer en local. Maintenant il faut se mettre au travail et l’Aveyron y participera !», a commenté Germain Albespy.
Enfin, la ministre de l’agriculture s’est engagée à travailler en partenariat avec la FRSEA Occitanie et les JA sur le Pacte de souveraineté alimentaire régional, porté par le réseau.
Eva DZ


