Aveyron | Par La rédaction

Rénovation de puits et forages : solutions d’accès à l’eau

Jérôme Souques, sourcier-puisatier, s’est donné pour mission de rénover les vieux puits, une activité rare de nos jours. Il travaille avec Lionel Comby, foreur, directeur de l’entreprise Batco.


Comment optimiser un vieux puits ?

Jérôme Souques, puisatier devant le puits nettoyé de Michael Fayret. © Elisa LLop


«A l’époque, le métier de puisatier, traditionnel et central, était répandu. En revanche, rénover un puits en descendant dedans aussi profondément, ça ne se faisait pas et ça ne se fait toujours pas vraiment. C’est une activité dangereuse. Quand je descends, j’utilise un attirail dédié : potence supportant 3 treuils, groupe électrogène, échelle et matériel de spéléologie, tubes à oxygène… Et bien sûr, je suis assisté, je ne viens jamais seul» explique Jérôme Souques, puisatier depuis plus d’un an, une centaine de puits déjà rénovés à son actif.
«Un puits, c’est un ouvrage fantastique, une œuvre d’art. Quand on me contacte pour en créer un nouveau, si la personne en a déjà un considéré comme perdu, je vais plutôt m’occuper de le rénover car il n’est pas perdu. C’est dommage le nombre de puits abandonnés aujourd’hui» explique-t-il. «En revanche, si le puits a été volontairement condamné, il est techniquement possible de le déboucher mais c’est beaucoup de travail et très onéreux, donc je ne le propose pas».
Effectivement, il y a souvent confusion : ce n’est pas parce que l’on ne voit ou n’entend pas d’eau au fond du puits, que celui-ci est forcément à sec. Souvent, avec les décennies, une couche très épaisse d’encombrants, de vases etc, peut se former sur la surface de l’eau, la rendant en apparence solide. «Il m’est arrivé de déboucher un puits avec un bouchon de 3 m d’épaisseur (pour une moyenne de 50 cm) ! Croyez-moi, j’en ai vu des choses au fond des puits !» abonde Jérôme. «Un puits se nettoie en moyenne tous les 10 ans. Cela dépend des types, certains n’auront besoin d’être nettoyés que tous les 30, 50 ans. Il y a quand même des indices. Si dans votre puits plein d’eau, vous avez même une fine pellicule blanche, comme une tâche d’huile sur la surface, la qualité de l’eau et le puits ne sont pas optimaux, je peux intervenir» indique-t-il.
Pour la qualité de l’eau, «jusqu’à il n’y a pas si longtemps, il suffisait au propriétaire du puits de puiser l’eau avec une pompe (sans même la filtrer), l’eau était buvable. Aujourd’hui, je ne le recommande pas».
En effet, les veines d’eau de surface, alimentées par la pluie, tendent à être polluées. La consommation de l’eau du puits (comme son installation et utilisation) sont encadrées par la loi. Pour la consommation, d’une manière générale, cette eau est considérée comme non potable, sauf si elle a été analysée et validée par des experts, via le réseau de Direction de l’action sanitaire et sociale (DASS) départementale. De même, elle ne peut être utilisée pour l’alimentation que si l’habitation n’est pas raccordée au réseau public, et qu’après un traitement spécifique de potabilisation.
Le puisatier propose des services divers, cela peut aller du débouchage du puits, à la pompe envasée, des puits qui débordent, ceux ensablés ou bien des travaux de maçonnerie, en collaboration avec un maçon. Il peut aussi intervenir pour la construction de nouveaux puits. «Pour réaliser un puits à l’ancienne, cela prend en moyenne 3 mois. Aujourd’hui, pour des puits modernes, une après-midi peut suffire». Il intervient sur tous les types : ceux creusés dans la roche, les bâtis (les plus répandus), ceux en béton, en série, des plus grands aux plus petits (70 cm de diamètre)…
L’homme, également sourcier, identifie les sources d’eau, pour un forage ou un futur puits, en recourant aux baguettes, pendule, mais aussi, avec son seul ressenti corporel, et son rythme cardiaque. Il peut aussi détecter des fuites d’eau.Pour rappel, le taux de perte d’eau potable en France, causé par les fuites dans les canalisations, est d’environ 1 milliard m3 annuels.
«Mon taux de réussite est de plus de 90%. Bien sûr, parfois, je peux indiquer la présence de l’eau en profondeur avec une marge de différence de quelques mètres. Côté tarifs, il faut envisager 1500 € pour un nettoyage de puits en 2h. Pour des travaux supplémentaires, 100 € de l’heure, sans compter le déplacement» annonce Jérôme.
Michaël Fayret, botaniste, et producteur de plantes et fleurs comestibles, vient de faire nettoyer son puits à Sainte-Croix. «J’ai fait appel à Jérôme pour vider et nettoyer un puits sur mon terrain qui présentait un trop plein d’eau. Nous avons tous les deux retiré 1m50 de vase. Même la pompe, que je croyais finie, était en fait simplement prise. En quelques jours à peine, on voit déjà la différence : la veine d’eau s’est réactivée, le puits s’est rempli, et le débit est régulier». Michaël destine son puits à l’irrigation de ses plantations. «Comme l’eau du puits ne gèle pas forcément (si l’eau est puisée en dessous de la ligne du gel), prochainement, j’aimerais tester un système d’aspersion aérien, anti-gel, pour hydrater mes plantes en hiver. A l’avenir, je n’exclus pas d’abreuver les animaux de ma ferme».

Le forage, pour des consommations plus importantes


Lionel Comby, à la tête de l’entreprise de forage Batco depuis 2018, travaille avec le sourcier depuis 1 an. Avant de faire un forage, le client recourt d’abord à l’analyse du sourcier. «Aujourd’hui comme demain, en Aveyron, le vrai problème selon moi n’est pas tant le manque d’eau, mais plutôt la gestion des stocks sur la durée et la qualité de cette eau. Même dans un territoire préservé et qualitatif comme le nôtre, la potabilité est devenue un enjeu majeur au delà de nos frontières» estime Lionel Comby. Il en évoque d’autres : « nous ne sommes pas les départements les plus peuplés, et dès qu’il y a un surplus de consommation d’eau, en période touristique par exemple, nos réseaux de tuyauterie, qui n’ont pas été calibrés assez gros, ont un peu de mal. L’eau arrive en débit réduit, et souvent, les agriculteurs sont en dernière ligne».
Le métier de foreur, lui aussi, tend à se raréfier. De fait, les deux spécialistes interviennent dans la moitié de la France, du Roussillon jusqu’à Orléans ou Clermont-Ferrand.


Elisa Llop

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La sécurisation de la ressource en eau dans de bonnes conditions sanitaires est une question centrale pour tous les éleveurs. Outre l’accès au réseau d’eau potable, le stockage de l’eau de pluie en cuve peut être une solution ou bien le pompage dans un puits. Mais il faut alors potabiliser cette eau avant de la distribuer aux animaux. La société Soverdi propose justement le système de traitement ITREN AquaClean qui garantit une hygiénisation performante de cette eau et permet ainsi aux éleveurs de sécuriser leur approvisionnement. Gislain Griffeuille installé à Bagnac sur Célé, devant le système Aquaclean de la société Soverdi installé sur son élevage bovin viande. Gislain Griffeuille installé à Bagnac sur Célé, témoigne : «Je suis en GAEC…