National | Par Jérémy Duprat
RAGT investit dans une extension de son usine de fabrication d’aliments d’Albi. Avec un objectif : valoriser au maximum les céréales produites sur le territoire aveyronnais et des départements limitrophes.
Le maillage des usines de trituration en France (crédit : Terre Univia).
«Nous sommes dans une région dans laquelle l’élevage joue un rôle important. Et, comme en France en général, nous sommes très dépendants au niveau des protéines. Dans notre département, il y a peu de débouchés pour les cultures protéagineuses et oléagineuses. Alors qu’elles ont un grand intérêt pour les céréaliers au niveau de l’assolement. En tourteaux de colza nous consommons plus que nous ne produisons. Comme sur la partie tournesol et encore davantage en soja. Nous sommes déficitaires sur ces protéines», analyse Matthieu Pousthomis, directeur commercial pôle animal chez RAGT.
Pour une région comme l’Occitanie, un autre point noir est la présence de la majorité des unités de trituration dans le Nord de la France. «Ce sont ces deux facteurs qui ont poussé en 2020 RAGT à investir pour agrandir son site d’Albi afin d’y inclure une usine de trituration de graines de colza à froid. Le principe est simple : vous la pressez et vous obtenez de l’huile et du tourteau. C’est Prodial, notre société industrielle, qui est porteuse de ce projet là», rappelle Matthieu Pousthomis.
Pour les producteurs, l’intérêt de ce projet est une sécurisation des débouchés. «D’abord en essayant de limiter notre dépendance aux marchés mondiaux. Oui les prix sont mondialisés. Mais en ayant une filière régionale et structurée, nous pouvons éviter des fluctuations des cours qui n’ont pas de sens sur une journée, quand auparavant ces variations se mettaient en place sur des mois», estime le directeur commercial.
Pour les éleveurs, la philosophie du site de trituration à froid est de conserver au maximum de protéines et de matière grasse dans le tourteau. «L’objectif est de ne pas déshuiler le tourteau grâce au procédé à froid. Le premier métier des triturateurs c’est de valoriser l’huile. Le nôtre, c’est valoriser le tourteau. La teneur résiduelle en matière grasse approchera les 10% contre 1,5% pour le tourteau classique. Et du coup la valeur énergétique sera améliorée, malgré une perte de 33 à 31% de taux de protéines», prévoit Matthieu Pousthomis qui décrit les grands enjeux du projet.
Un nouveau métier pour RAGT qui demande de l’organisation. «Un triturateur doit fonctionner toute l’année tous les jours pour bien tourner. Cela demande des équipes formées et en astreinte. De même que des maintenances annuelles. L’objectif pour nous sera d’écraser autour de 8000 tonnes de graines. Notre collecte annuelle aujourd’hui est de 6000 tonnes. Nous allons nous développer pour arriver à combler la différence», conclut Mattieu Pousthomis.
Jérémy Duprat