National | Par Jérémy Duprat

Point de Vue – Congrès FNO, France brebis laitière, PAC et brexit


Jean-François Cazottes, secrétaire général adjoint de la FNO, s’est rendu au congrès de la fédération à Limoges. L’occasion d’un tour d’horizon des dossiers du moment.

L’association France brebis laitière a été créée en avril 2019. Quelle évolution à l’avenir dans sa structuration et quel rôle assure-t-elle dans la filière ovins lait ?

Jean-François Cazottes : «L’objectif central de France brebis laitière est de s’inscrire durablement dans le paysage national. Pour cela, nous acquérons depuis deux ans une légitimité auprès des pouvoirs publics en étant une association représentative. Parce que nous représentons à la fois la filière de production, de transformation et les coopératives. Notre présidence est tournante d’une année sur l’autre : d’abord élu parmi le collège des producteurs l’année dernière, celui des coopératives cette année et l’industrie privée l’année prochaine. C’est la phase d’apprentissage. Aujourd’hui avec la Fédération nationale ovine (FNO) l’association travaille au recensement de tous les producteurs fermiers qui ont pour habitude de travailler seuls. Car adhérer à une structure, c’est avoir la possibilité de faire entendre sa voix. Et pour une association, plus ses membres sont nombreux, plus elle a de poids. La suite du parcours de France brebis laitière, c’est devenir une interprofession nationale. Pour l’instant, nous accordons nos violons grâce à cette phase associative.

Un mot sur la PAC : que pensez-vous de l’aide couplée ovine? Satisfait ou non ?

J-F. Cazottes : La FNO ne se satisfait pas des mesures concernant l’aide couplée. L’enveloppe de l’ensemble des aides couplées de la PAC actuelle s’élève à 113 millions d’euros. La nouvelle enveloppe 2023-2027 diminuera chaque année de 3%, transférés vers le plan protéine. De 108 millions en 2023, elle baissera à 95 millions en 2027. Ceci étant dit, la seule solution viable est celle qui est mise en place. La complexité européenne, voire nationale, nous contraint à simplifier pour sauver les meubles. Pour faire simple, la FNO avait travaillé à l’allocation d’un montant de base pour les brebis et des lignes optionnelles. Notamment une majoration lorsque le taux de production était supérieur à un agneau vendu par brebis. Une autre option pour les signes officiels de qualité. Ou encore une option génétique pour les éleveurs en schéma de sélection.

Sauf qu’il est excessivement compliqué d’obtenir un budget par ligne optionnelle, à cause de la rigueur européenne, d’établir un prévisionnel précis sur 5 ans. Nous étions incapables de le faire. D’autant plus que si un éleveur ne se tenait pas aux engagements mentionnés, l’enveloppe était retirée. La seule option viable pour nous était donc de créer une aide de base classique qui s’applique sans contrainte au plus grand nombre. La seule majoration retenue, actuellement en vigueur, est pour les jeunes éleveurs et les nouveaux installés. Elle s’élève à 6 euros par brebis. Nous avons réussi à la pérenniser : le renouvellement des générations est un enjeu majeur des 10 prochaines années.

Quelles leçons tirer du brexit pour la filière de viande ovine ?

J-F. Cazottes : L’agneau anglais représente à lui seul un quart des agneaux consommés en France. C’est assez important. Le brexit offre des assouplissements commerciaux entre l’Angleterre et la France en l’absence de droits de douanes ou de quotas. Les Anglais ont toutes les libertés pour envoyer des agneaux sur notre territoire national. Par contre, la production Outre-Manche se contracte. Et provoque donc une augmentation du prix ce qui rend l’agneau anglais moins compétitif aujourd’hui qu’hier. Quand des arrivages importants se profilaient sur le marché français, automatiquement, la cotation française baissait. C’est le jeu de l’offre et de la demande.

Aujourd’hui, la différence de prix entre les deux produits est de l’ordre d’un euro le kilo. D’abord parce que ce ne sont pas les mêmes types de produits. Notamment en ce qui concerne les agneaux produits dans les territoires comme l’Aveyron. C’est un agneau sous signe officiel de qualité comme le Label rouge. Les agneaux anglais sont beaucoup nourris à l’herbe, ils sont abattus plus vieux et donc la qualité de viande n’est pas la même. D’un autre côté, nous avons besoin des importations. La France n’est auto-suffisante qu’à hauteur de 47%. Tout ce que nous défendons, c’est la juste rémunération des éleveurs français».

 Propos recueillis par Jérémy Duprat

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