Aveyron | Par Jérémy Duprat
Un entre-deux qui ne fait aucun heureux. Le Plan National d’Actions (PNA) Loup, tiraillé des deux côtés par ses deux tuteurs, le ministère de l’écologie et celui de l’agriculture, est l’illustration parfaite de la phrase de Georges Clémenceau : « Pour prendre une décision, il faut être un nombre impair de personnes. Et trois c’est déjà trop ».
Après une réunion à huis-clos, le gouvernement a dévoilé à Lyon les grandes lignes du PNA Loup 2024-2029 lundi 18 septembre.
Parmi les demandes des agriculteurs, peu ont été retenues. Pas d’augmentation du taux de prélèvement établi à 19%, soit 209 loups sur l’année, pour une population établie à 1 104 individus. Un chiffre qui interroge l’ensemble de la profession agricole, notamment face à l’ampleur que prend le nombre d’attaques de loups depuis des années. Tout en sachant que la viabilité de l’espèce est établie à 500 individus. Quant à la méthode de comptage, il faudra patienter jusqu’en 2025 pour une révision. D’après le gouvernement, le système actuel est « le meilleur au monde ».
Pas de fusion des tirs de défense en un seul non plus. Le tir sera seulement simplifié dans les départements classés comme « prédatés » et sur les élevages ayant pris des mesures de protection qui sont dans le cercle 2. Le cercle 1 comprend les zones où la prédation sur le cheptel domestique a été constatée une ou plusieurs fois au cours des deux dernières années. Le cercle 2 comprend les zones où des actions de prévention sont nécessaires du fait de la survenue possible du loup sur l’année.
Le nouveau Plan loup compte changer le statut du loup pour le faire passer d’espèce « strictement protégée » à « protégée » au niveau international et européen. Une mesure qui va dans le sens de la déclaration d’Ursula Von Der Leyen : « la concentration de meutes de loups dans certaines régions d’Europe est devenue un véritable danger pour le bétail et, potentiellement, pour l’Homme ». Elle a ouvert la porte à une révision du statut du loup.
Enfin, un budget de 2,5 millions d’euros sera consacré à la recherche sur les moyens de protection des troupeaux (renforcement de l’efficacité des tirs, adaptation des moyens de protection aux contextes d’élevage et de prédation, etc.), notamment pour répondre aux enjeux des nouveaux territoires prédatés. Pour rappel, 12 000 animaux de ferme sont tués chaque année sur 55 départements. La FNSEA ne se satisfait pas des mesures et les associations écologistes ont claqué la porte du Groupe national loup.
Bruxelles a invité les communautés locales, les scientifiques et toutes les parties intéressées à soumettre d’ici le 22 septembre des données actualisées sur les populations de loups et leurs impacts. La FDSEA de l’Aveyron, aux côtés de JA, de la Chambre d’agriculture, du Département, des députés et sénateurs de l’Aveyron ont saisi cette occasion de s’exprimer. Cette semaine, ils ont préparé ensemble une lettre qui reprend en chœur les demandes aveyronnaises, une lettre qu’ils ont adressée à Bruxelles et à Paris. Le principal grief des éleveurs concernés est avant tout le manque d’actions préventives efficaces. La FDSEA demande des mesures en amont, notamment une meilleure régulation, et non pas des réactions après les attaques.
En parallèle, mercredi 20 septembre, le préfet a rencontré la profession agricole et les louvetiers sur le Larzac. L’objectif de la rencontre était de mettre en avant le travail de ces derniers, sollicités chaque nuit depuis quelques temps. Le préfet a tenu à féliciter l’action des louvetiers en faveur de la protection des troupeaux.
Jérémy Duprat