Aveyron | Par La rédaction
Pour répondre à la problématique d’un travail du sol moins agressif, deux experts : Jacques Fabry pour la CUMA de Ségur et Maxime Bedel pour la Cuma de Buzeins témoignent.
La CUMA de Ségur a opté pour un matériel Prolander 500r de la marque Kuhn, acquis auprès des Ets Bousquié. L’idée première était de répondre à une demande de cultivateur Bio, et l’utilisation d’un outil à dents permet une gestion des mauvaises herbes très efficace en évitant l’utilisation d’intrant chimique.
Le Prolander 500r.
L’outil, de par son envergure permet un travail rapide, avec une largeur de presque 5 mètres. C’est un outil lourd qui nécessite d’être utilisé en couplage d’un tracteur lourd de 180cv. «Au départ nous pensions l’utiliser sur 2 saisons (essentiellement l’automne et le printemps), cependant on se rend compte que l’étendue de ses fonctions en font un outil qui sort toute l’année. Il est parfaitement en accord avec les contraintes climatiques et l’adaptation de cette machine est optimale» confie Jacques Fabry. En effet sur la zone de la Cuma de Ségur, le sol est limoneux et sableux. Sur sa première année d’utilisation, très sèche, le prolander a été majoritairement utilisé en rechargement de prairie. Ses options (système de nivellement avec 2 rouleaux de ré-appui + les dents vibrantes en fonctionnement hydraulique + la herse à peigne pour le déchaumage) assurent la remontée des racines pour un séchage à l’air libre. Le fait de venir rappuyer le sol maintient l’humidité en terre. L’outil à dents vibrantes permet un travail des sols plus respectueux entre 3 et 12 cm de profondeur ainsi qu’une meilleure maîtrise de l’érosion. «Il fait vraiment de tout», du nivellement de parcelles, aux reprises de labours en passant par ameublir la terre. «Nous l’avions choisi avec un maximum d’options» ce qui lui permet donc d’être utilisé tout le temps et par tous les temps. Sa largeur le rend gourmand en énergie, cependant c’est largement compensé par sa rapidité de fonctionnement accélérée par la nature du sol qui permet aussi à un grand nombre d’adhérents d’y avoir accès. Sur le gain de temps par rapport à un système rotatif d’outil animé on est à 10-12km/h contre 6. Après un an d’utilisation, on constate une préparation des sols améliorée. On pourrait se demander comment réagit la machine en terme d’usure sur une utilisation CUMA optimisée et sur des terres sablonneuses qui usent d’autant plus le matériel. Là encore la réponse vient du choix des options, qui s’est porté sur des dents à revêtement carbure (métal spécifique, le coût des dents est multiplié par 4 mais, en contre-partie la longévité l’est par 10).
Le Xlander.
Dans ce panel de matériels, chaque CUMA fait le choix qui lui correspond, celle de Buzeins, a opté pour un engin «Xlander» de la marque espagnole OVLAC acquis auprès des Ets CMA à Rodez. Le recul est assez notable sur ce type de matériel, car il attaque sa troisième année de fonctionnement. La démarche s’est faite dans le cadre d’un remplacement d’un vieux matériel, sur le choix d’une machine en accord avec une nature de sol superficiel et bien empierré. Dans ce cas-là, le labour nécessite un surcoût car cela va moins vite. Le choix du chisel ovlac permettait de tout faire à la fois avec un seul outil en grande largeur (4m30). «Il a un meilleur rendement car à surface égale on va deux fois plus vite», confie Maxime Bedel en charge de ce matériel. «Les pattes d’oies retournent la totalité de la surface, ce matériel répond aussi à la forte demande que nous avions en agriculture Bio. L’idéal c’est 2 passages à 15 jours d’intervalle».
Ovlac et l’usure ? «Notre choix s’est porté sur une conception simple, ce sont des dents sur ressort qui sont faciles à entretenir (les vibrations se font grâce à un système de boudins en caoutchouc), les roues sont gonflables. Ensuite il s’adapte parfaitement à nos chemins d’accès qui ne sont pas larges, il est repliable et ainsi ne dépasse pas la largeur du tracteur». Pour le tracter, la Cuma utilise un 160cv, 4 roues motrices lesté. Le travail du sol se fait entre 8 et 10 cm de profondeur. «On peut labourer la première année, mais il y a des terrains où on ne laboure même plus, ils se prêtent complètement à l’utilisation du chisel». Maxime Bedel précise que l’engin a fait 150 heures la première année, «on fait 2 ha à l’heure et le coût d’utilisation est de 20€ de l’heure». Il a dépassé les objectifs premiers de la CUMA. Avoir fait ce choix va permettre d’économiser le renouvellement de charrue.
D’autre part, la possibilité d’avoir accès à cet outil a permis de motiver des néo-adhérents, en préservant un équilibre de fonctionnement. Sa largeur qui accentue le rendement permet de contenter le plus grand nombre d’utilisateurs.
Le pari est donc gagné pour la Cuma de Buzeins qui a fait le choix le mieux adapté à la nature de ses sols.