Aveyron | Par eva dz

Marie-Amélie Viargues : « L’élevage est une préoccupation de tous les jours »

Élue le 8 mars à la présidence de la FDSEA, première femme à ce poste, Marie-Amélie Viargues revient sur ses premiers mois marqués par une actualité agricole dense, la mobilisation forte de son équipe au quotidien pour amener du concret dans les exploitations aveyronnaises à la suite des annonces du gouvernement mais aussi les enjeux des semaines et mois à venir à l’échelle européenne et locale.
Rencontre avec une Aveyronnaise convaincue, une agricultrice engagée, bien décidée à faire avancer l’agriculture de son département.

Qui est Marie-Amélie Viargues ?
M-A. Viargues : «Je suis Aveyronnaise. Issue d’une famille d’agriculteurs. Mon frère a d’ailleurs repris la ferme familiale en bovins et ovins viande à Gages. J’ai 45 ans et je me suis installée en 2012 sur l’exploitation de mon mari, Lionel, à Pruines, pour remplacer mon beau-père qui partait à la retraite. Nous élevons des vaches laitières et allaitantes en système broutard, deux productions historiques sur la ferme.

Quel fut le déclic pour vous installer ?
M-A. Viargues : Je n’avais pas forcément en tête de m’installer… J’ai fait mes études au lycée La Roque puis j’ai passé un BTS Aménagements paysagers à Rignac et travaillé pendant 3 ans dans ce milieu. Pour me rapprocher de ma famille, j’ai ensuite travaillé pendant 10 ans à l’ADMR de Villecomtal ce qui m’a permis d’être un peu plus présente sur la ferme pour donner des coups de main… Puis je me suis impliquée un peu plus… Et quand mon beau-père a pris la retraite, j’ai sauté le pas pour m’installer !

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier d’agricultrice ?
M-A. Viargues : Le contact avec les animaux. Après 13 années de salariat, j’apprécie aussi la liberté dans la gestion du temps même s’il y a l’astreinte de la traite, des soins aux animaux, nous sommes libres de pouvoir nous organiser. L’envie aussi de pérenniser l’exploitation familiale m’a également motivée. Etre agricultrice pour moi, a vraiment été un choix : je voulais apporter ma patte pour continuer le travail des générations avant nous et faire évoluer la ferme.

Comment a démarré votre engagement professionnel ?
M-A. Viargues : Un peu par hasard ! Peu de temps après mon installation, j’ai été élue présidente de mon syndicat local à Pruines. J’étais aussi élue à la section bovins lait de la FDSEA, représentant le collège des agricultrices. Et trois plus tard, j’ai été élue secrétaire générale adjointe à la FDSEA, puis secrétaire générale et depuis quelques mois, présidente.

Comment abordez-vous votre engagement ? Est-ce plus difficile lorsqu’on est une femme ?
M-A. Viargues : En fait, je me suis petit à petit prise au jeu ! Je ne me pose pas vraiment de question : j’y vais ! Si je m’engage, c’est pour apporter du concret, faire avancer les dossiers. Je veux m’impliquer pour les autres, faire bouger les choses pour les autres. Je représente ma profession, tout simplement, sans mettre en avant que je suis une femme. Je représente mon département, son agriculture, un point c’est tout !

L’élection à la présidence de la FDSEA est une étape supplémentaire. Comment appréhendez-vous cette fonction ?
M-A. Viargues : Pendant le mandat précédent, j’étais secrétaire générale sous la présidence de Laurent Saint Affre. Ma proposition pour lui succéder a été une décision commune. Laurent, ayant pris des responsabilités nationales à la FNSEA, ne souhaitait pas cumuler les mandats, il m’a donc proposé de prendre la suite.
Humainement, professionnellement, c’est un poste très intéressant. Dans cette fonction, on sort de sa zone de confort ! On s’expose forcément, on se met des défis !
J’ai la chance d’être accompagnée par une équipe expérimentée avec des agriculteurs et des agricultrices engagés depuis longtemps pour certains ou tout nouveaux pour d’autres mais chacun apporte son expérience. Et nous partageons le même objectif : œuvrer pour la profession agricole dans le département. J’ai constitué une équipe représentante de la diversité des productions et des régions naturelles du département pour une meilleure représentativité des agriculteurs. Certains sont spécialisés sur des productions, d’autres sur des dossiers de fonds comme l’environnement… Ils constituent un bon appui pour moi sur des dossiers qu’ils connaissent très bien. Laurent Saint Affre est notre relais aussi à l’échelle de la FNSEA ainsi que Dominique Fayel, à l’échelon européen. L’Aveyron a toujours eu une place dans les instances nationales et il est important que notre département y soit toujours bien représenté !

Quel regard portez-vous sur l’agriculture aveyronnaise ?
M-A. Viargues : L’agriculture aveyronnaise porte un héritage forgé par des hommes et des femmes impliquées. La FDSEA de l’Aveyron a une histoire, une expérience, elle pèse de par son nombre d’adhérents. Nous sommes élus pour parler au nom de tous, en lien avec les organisations professionnelles agricoles du département.
Notre agriculture est riche, forte, dynamique dans sa production, dans ses effectifs aussi. Nous sommes encore nombreux. L’enjeu est de rester unis, de rester solidaires, d’avancer tous ensemble dans le même sens. Ne pas se disperser pour des broutilles… Notre priorité est de permettre à tous les agriculteurs, toutes les agricultrices, de vivre de leur métier. Chaque production, chaque région naturelle, chaque canton a ses particularités, son identité mais si nous sommes unis, nous resterons forts syndicalement et professionnellement.
A nous aussi de cultiver notre héritage avec les organisations professionnelles agricoles du département, c’est ce qui tirera notre agriculture aveyronnaise vers le haut.

Quel est votre projet pour l’agriculture départementale ?
M-A. Viargues : Avec mon équipe, nous avons décidé d’aller à la rencontre d’un maximum d’agriculteurs et d’agricultrices sur le terrain. Plus que des réunions, nous voulons initier des moments plus conviviaux d’échanges… L’idée est que les agriculteurs viennent nous parler ! On ne peut construire un projet et parler au nom des agriculteurs de notre département sans les écouter et sans connaître leurs attentes, leurs besoins, leurs envies… Nous viendrons donc à leur rencontre d’ici la fin du mois de juillet pour répondre à leurs questions et surtout les écouter.
A partir de ces échanges, nous allons écrire notre projet. Un projet qui animera notre mandat et notre proposition pour les prochaines élections Chambre d’agriculture en janvier.

Par rapport à l’actualité plus proche, après des semaines de mobilisation, des annonces du gouvernement… Où en est-on ?
M-A. Viargues : Pour l’instant, nous n’avons rien vu de concret dans nos fermes et les annonces pour l’élevage, déjà peu nombreuses, sont encore moins concrètes ! Ce que je peux dire, c’est que nous avons amorcé un travail avec l’administration départementale, notamment sur la simplification, un travail de fonds, qui nécessite du temps. Nous avons une belle écoute de l’administration départementale, consciente de nos besoins et de l’urgence de la situation. Nous essayons de faire avancer le plus rapidement possible les dossiers mais les blocages restent encore à l’échelle nationale de la part du gouvernement et du législateur.
Quelques ouvertures sont à noter comme les tirs d’effarouchement à l’encontre des vautours, comme la coordination des contrôles, le paiement des aides au resemis. Nous suivons tous les dossiers et les comptes sont rendus mais il manque encore cruellement d’avancées et de reconnaissance pour l’élevage. L’élevage est un combat, une préoccupation de tous les jours. Il doit être défendu et reconnu à sa juste valeur.
Ces derniers jours, nous avons décidé de bâcher de nouveau, les radars dans le département, comme nous l’avions fait en début d’année, pour rappeler qu’à ce jour, l’élevage attend toujours du concret de la part de l’Etat. Et nous sommes aussi en veille sur l’examen du projet de loi agricole et avec les JA de l’Aveyron, nous faisons remonter plusieurs amendements pour que, là aussi, l’élevage ne soit pas oublié».

Eva DZ

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