National | Par La rédaction
La Chine croule sous les stocks de poudre de lait. Ses habitants consomment moins de produits laitiers alors que la production nationale ne cesse de croître. Ce déséquilibre offre-demande ruine les élevages de dimension familiale alors que le nombre de méga fermes croît continument. Les importations chinoises de produits laitiers ne devraient pas se redresser de sitôt.
Illustration Robot traite lait © iStock-Vladimir Zapletin
La Chine débute l’année avec des stocks de poudre de lait très importants (175 000 t en février). Les confinements à répétition de la population et l’inflation des prix des produits alimentaires ont modifié les habitudes de consommation des Chinois. Une étude publiée par l’Institut de l’élevage rapporte que les produits laitiers n’ont plus la côte auprès des consommateurs. Par exemple, leur vente en ligne a chuté de 36 % au cours des neuf premiers mois de l’année passée.
Dépendance
En fait, les produits laitiers sont très chers à l’achat. Mais dans les élevages, la baisse de leur consommation rend la production de lait excédentaire. Aussi, les prix du lait ont diminué de 5 % à 55 centimes par kg de lait alors que les coûts de
production ont flambé (+25%). Pour nourrir son cheptel élevé hors sol, la Chine importe une grande quantité de luzerne et des tourteaux des Etats-Unis notamment. L’an passé, le lait excédentaire a été stocké sous forme de poudre quand il n’a pas été jeté (jusqu’à 4 000 tonnes par jour). Mais le coût de production de cette poudre était très élevé compte tenu du prix du lait payé aux éleveurs et des prix de l’énergie. Aussi, les industriels peinent, là encore, à trouver des débouchés pour écouler leurs poudres. La Chine s’est lancée dans la production laitière pour renforcer sa souveraineté alimentaire et pour réduire sa dépendance à l’égard des importations. En fait, son gouvernement tente de se prémunir des tensions géopolitiques redondantes, voire de conflits diplomatiques avec ses voisins de la région pacifique, qui pourraient affecter ses échanges commerciaux. Aussi, la filière laitière fait dorénavant partie des filières agricoles stratégiques de la Chine. Mais la conjoncture économique contrarie les ambitions expansionnistes des autorités chinoises. Aucun redressement du marché chinois n’est en vue.
Subventions
Dans ce contexte, la Nouvelle-Zélande ne doit pas s’attendre à une reprise massive de ses exportations jusqu’à l’entrée en application l’an prochain du nouvel accord de libre-échange. Il lèvera les quotas et les droits de douane. Toutefois, cet accord pourrait de nouveau déséquilibrer le marché laitier chinois et faire disparaître les élevages peu compétitifs, quelle que soit leur dimension. La poudre importée est bien meilleur marché que celle produite à partir du lait produit en Chine. «En revanche, les produits tels que le beurre, la crème, le fromage et les poudres de lait infantile et pour seniors devraient toujours bénéficier d’une forte demande notamment à l’import», souligne l’Idele. L’assainissement du marché chinois des produits laitiers est rendu compliqué par la politique expansionniste du gouvernement chinois. Un des objectifs du plan quinquennal de produire 41 millions de tonnes (Mt) de lait d’ici 2025 pourrait être atteint dès cette année. En 2022, environ 39 Mt de lait ont déjà été collectées, soit 3 % à 7 % de plus que l’année précédente.
En fait, le gouvernement chinois pousse les provinces à subventionner l’essor de l’élevage laitier. «Dans la province de la Mongolie intérieure (première productrice de lait), 23 méga fermes (+ 5 000 vaches) ont été construites en 2021, entraînant une hausse du cheptel de la province de 80 000 vaches, explique l’Idele. L’an passé, 41 nouvelles fermes de plus de 100 000 vaches ont été construites. Et pour 2023, quinze fermes sont en cours de construction».
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