National | Par La rédaction
Le travail agricole soumet parfois le corps à rude épreuve. En matière de prévention des maladies professionnelles et notamment des troubles musculo-squelettiques, la pratique sportive a des vertus reconnues.
L’activité agricole a une dimension physique parfois très prégnante. En témoigne le taux non-négligeable d’accidents du travail et de maladies professionnelles affectant les exploitants chaque année. Selon le bilan des risques professionnels établi par la MSA pour la période 2017-2021, on recensait environ 12 000 accidents du travail chaque année (principalement lors d’activités avec des animaux vivants ou avec du matériel et des infrastructures) et 1 100 maladies professionnelles avec et sans arrêt en moyenne. Des événements plus ou moins graves qui ont occasionné l’indemnisation de 1,2 million de journées de travail en 2021.
TMS à 90 %
Ces chiffres, dont la fréquence est tendanciellement orientée à la baisse (1), montrent néanmoins que le corps des agriculteurs peut être soumis à rude épreuve lors des manipulations propres aux différents métiers. La même étude de la MSA en témoigne : 90 % des maladies professionnelles sont des troubles musculo-squelettiques (TMS) dont une grande majorité d’affections « péri articulaire », provoquées par certains gestes et postures. Les autres causes de ces troubles sont -entre autres- des affections consécutives à la manipulation de charges lourdes et des lésions chroniques du ménisque. Il est établi depuis longtemps -et pas seulement pour l’activité agricole, mais aussi industrielle et logistique, voire de bureau- que la pratique régulière du sport peut constituer un levier important de prévention des maladies professionnelles. De nombreuses entreprises et administrations proposent ainsi aujourd’hui à leurs salariés la pratique du sport pour favoriser le bien-être et, par conséquent, limiter la survenue des TMS. Sous l’égide des ministères des sports et du travail, l’Agence française de normalisation (AFNOR) a même publié en 2021 un guide de recommandations et bonnes pratiques pour la mise en place d’activités physiques et sportives en milieu professionnel (1). Son objectif : « favoriser la pratique d’activités physiques et sportives de chacun, au quotidien, avec ou sans pathologie, à tous les moments de la vie et notamment dans le milieu professionnel ».
En Franche-Comté, des groupes se forment
L’importance de la préparation physique est désormais de mieux en mieux intégrée par le monde agricole et notamment par la MSA. En témoigne par exemple le dispositif Agrisport piloté par l’Association de santé d’éducation et de prévention sur les territoires (Aspet) en Bourgogne-Franche-Comté. Celui-ci permet à des exploitants agricoles, rattachés au régime de protection sociale de la MSA, ainsi qu’à leur famille, de bénéficier gratuitement d’un cycle de séances d’activités physiques proches de leur domicile et encadrées par un enseignant en activité physique adaptée (APA).
« L’objectif de ce dispositif est de créer un programme d’activités physiques adaptées à chacun des participants afin de répondre au mieux à leurs attentes et à leurs besoins », indique-t-on à l’Asept. « À long terme, il y a une volonté de prévenir les différents risques liés aux professions agricoles, qu’ils soient physiques, psychologiques ou sociaux ». Les candidats ont la possibilité de choisir leurs activités en lien avec l’enseignant. Cela peut aller de la marche nordique, aux étirements, jeux de balles, activité de relaxation, détente… Les séances prennent en compte également les difficultés physiques ou douleurs particulières des participants.
Les séances collectives fonctionnent par groupe de 7 à 15 personnes. Après la parenthèse du Covid, les activités sont reparties de plus belles. Fin 2022, 6 groupes étaient en activité avec 77 inscrits au total. Cette année, leur nombre a pratiquement doublé avec une dizaine de groupes, de Belfort au nord, à Lons-le-Saunier au sud.
La rédaction
(1) L’indice de fréquence des accidents du travail des chefs d’exploitation est passé de 34 à 28 pour 1000 de 2017 à 2021 et celui des maladies professionnelles de 2,9 à 2,2.