National | Par La rédaction

L’apiculture française à la loupe

Fin juillet, FranceAgriMer a publié une intéressante étude sur la production apicole française. Elle livre un panorama assez exhaustif qui couvre aussi bien les aspects économiques, géographiques que sociologiques.

En 2023, en France et dans les départements d’Outre-Mer, 63 415 apiculteurs se sont déclarés auprès de la direction générale de l’alimentation (DGAL) pour une production de miel estimée à 29 857 tonnes, indique l’étude de FranceAgriMer qui a fait appel au cabinet Agrex Consulting pour recueillir les données. Sur ces 63 415 apiculteurs, une importante majorité (57 753 apiculteurs – 91 %) disposent de moins de 50 ruches. Parmi les 9 % restant, 2 660 exploitants annoncent un cheptel compris entre 50 et 149 ruches, 714 entre 150 et 199 ruches. Ils sont 1 407 à déclarer posséder 200 à 399 ruches. Enfin 881 apiculteurs disposent de plus de 400 ruches. D’un point de vue géographique, c’est en région Auvergne-Rhône-Alpes que l’on trouve le plus d’apiculteurs : 20,9 %, loin devant le Grand-Est (12,8 %), la région Nouvelle-Aquitaine (11 %) et l’Occitanie (10 %). C’est en Normandie où l’activité semble la moins attractive (4,7 %).

L’une des caractéristiques de cette profession agricole tient au fait qu’elle est très majoritairement effectuée à temps partiel. Ils ne sont en effet que 5,7 % à déclarer exercer ce travail à temps complet. Pour les apiculteurs de moins de 50 ruches, cette activité annexe est souvent couplée avec des grandes cultures (13,5 %), de l’arboriculture (11,2 %) et de l’élevage (10,9 %). A l’image du reste du monde agricole, les apiculteurs sont rattrapés par le manque de renouvellement des générations. En effet «la moyenne d’âge des apiculteurs de moins de 50 ruches atteint 59 ans en 2023, elle était de 57 ans en 2022», note Agreste. Les statisticiens expliquent ce phénomène par le fait que de «nombreux amateurs se lancent dans l’activité apicole à la retraite». Quant aux exploitants de plus de 50 ruches, il reste quasi-stable d’une année sur l’autre : 46 ans en 2022 contre 47 ans en 2023.

Miel de colza

Parmi les autres données de cette synthèse, FranceAgriMer et Agrex ont recensé 1 325 587 ruches en activité l’an dernier, soit presque 10 000 de moins qu’en 2022 (9 481 exactement). C’est en partie ce qui explique le léger repli de la production de miel en France en 2023 : 29 857 tonnes contre 31 395 tonnes en 2022. Comme attendu, ce sont les exploitations ayant le plus grand nombre de ruches (400 et plus) qui réalisent une part prépondérante des volumes (39,9 %) devant les apiculteurs de 200 à 399 ruches (22,4 %) et les apiculteurs de moins de 50 ruches (20,8%). Les miellées ayant été différentes d’une région à l’autre, le rendement général s’en est trouvé affecté, perdant 1 kg entre 2022 (23,5 kg/ruche) et 2023 : 22,5 kg/ruche. D’un bout à l’autre de la chaîne, les écarts peuvent être importants : 15,9 kg en moyenne chez les moins de 50 ruches ; 28,7 kg/ruche pour ceux en possédant 400 et plus. La situation géographique peut également jouer sur ce rendement : 16,5 kg/ruche en moyenne en Corse jusqu’à 35,5 kg/ruche en Bourgogne-France-Comté. L’étude FranceAgriMer-Agrex révèle aussi qu’en dehors des miellées toutes fleurs (33,27 %), c’est le miel de colza qui tient le haut du panier, représentant à lui seul 9,3 % des volumes nationaux. « La miellée la plus produite en transhumance est la lavande. Elle est pratiquée par 70,2 % des apiculteurs de plus de 50 ruches ».

Enfin, la France détient un stock de presque 16 000 tonnes de miel (53,2 % de la production 2023). La vente directe reste le premier circuit de distribution et le premier débouché des apiculteurs (36,8 %) devant les grossistes, conditionneurs et coopératives (23,7 %). La production de miel bio continue à progresser (1 392 apiculteurs bio ou en conversion et près de 4 500 tonnes de production annuelle) et d’une manière générale, les apiculteurs ont du mal à lutter contre le varroa dont la pression reste forte à l’échelle du territoire national. 87 % des apiculteurs interrogés (96 % de ceux de plus de 50 ruches) indiquent que ce bioagresseur a été impactant sur leur exploitation. Il représente pour eux une menace tout aussi redoutable que le frelon asiatique présent dans une immense majorité d’exploitations (85 %). Cette étude très instructive aurait peut-être mérité d’être complétée par quelques chiffres sur la consommation et nos concurrents étrangers, afin de mieux situer la production française à l’échelle européenne ou mondiale. 

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