La petite coopérative laitière Cant’Avey’Lot qui regroupe une trentaine d’exploitations aux confins du Cantal, de l’Aveyron et du Lot a obtenu le label HVE pour l’ensemble de ses adhérents en avril dernier. Un plus pour conquérir de nouveaux marchés.
Depuis avril 2021, tous les adhérents de la Coopérative laitière Cant’Avey’Lot aux confins du Cantal, de l’Aveyron et du Lot sont certifiés haute valeur environnementale (HVE) par Qualisud après avoir audité les exploitations une à une. Elles sont aujourd’hui une trentaine regroupant une quarantaine d’agriculteurs à s’engager dans une démarche de réduction d’utilisation des pesticides et des engrais, d’économie d’eau, et pour ce qui est de l’alimentation des animaux une diminution de l’ensilage de maïs et du tourteau de soja remplacé par celui de lin.
Sans oublier l’enregistrement scrupuleux de leurs pratiques. « Nous sommes fiers de pouvoir afficher d’être aujourd’hui la première coopérative laitière en France dont l’ensemble des producteurs sont 100 % HVE », se félicite le président, Gilbert Domergue, producteur de lait et maire de Montmurat dans le Cantal. Les adhérents en tireront ils un bénéfice sur la fiche de paye de leur lait ? « Cette démarche ne va pas apporter une meilleure valorisation du lait, mais elle va nous permettre en revanche d’accéder à de nouveaux marchés », poursuit le président. Première concrétisation de cet engagement les produits Cant’Avey’Lot, seront référencés, à partir du 1er septembre, chez Monoprix.
Ils l’étaient déjà depuis quelques années chez Franprix et d’autres grandes surfaces au titre de Bleu Blanc Cœur. « Nous sommes en phase avec la loi Egalim qui promeut le label HVE pour accéder aux marchés publics », ajoute-t-il. Cette initiative et cette impulsion données par la coopérative permet à présent à l’ensemble des produits de la coopérative, lait UHT, yaourt, tome et fromage d’apposer le logo officiel « issu d’une exploitation HVE ».
L’histoire d’un succès
Cette ouverture aux attentes sociétales n’est pas nouvelle dans la coopérative. Créée en 2010 par des producteurs situés à la croisée des trois départements, Cant’Avey’Lot s’est inscrite dès le départ dans une démarche qualité. A l’origine, c’est la qualité nutritionnelle du lait qui a été privilégiée par les coopérateurs. Ainsi dès sa création l’ensemble des producteurs ont adhéré au cahier des charges « Bleu Blanc Cœur » qui garantit une teneur minimale en oméga 3 du lait. Grâce à ce positionnement, la coopérative a pu nouer de nombreux partenariats avec l’aval et obtenir un prix rémunérateur pour ses adhérents. Il est actuellement de 450 euros/1 000 litres contre 330/335 euros/litres en moyenne, reconnait Gilbert Domergue.
Plus de dix ans après, le président et Jean-Philippe Vayre, son vice-président à Cant’Avey’Lot et producteur de lait à Frontenac dans le Lot mesurent le chemin parcouru. A l’orée des années 2000 ils faisaient partie des 450 adhérents d’un GIE qui livraient leur lait à un opérateur espagnol Leche Pascual. Survient la crise du lait en 2009, l’Espagnol rompt le contrat. Tous les producteurs se retrouvent « sur la paille ». Aux confins des trois départements, une trentaine de producteurs décident de relever le gant. C’est le début de l’aventure.
Vers le label rouge
Aujourd’hui, les producteurs réunis livrent plus de 12 millions de litres de lait à la coopérative qui réalise un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. 85 % des volumes sont conditionnés en lait UHT par l’entreprise Saint Denis de l’Hôtel à Varennes sur Fouzon dans le Cher. Une autre partie du lait est valorisée dans la fabrication de tome (400 tonnes) destinée à l’aligot en partenariat avec la Coopérative de Saint Bonnet de Salers dans le Cantal. Le solde est transformé en yaourts au lait entier (2 millions de yaourts) et à la fabrication d’un fromage type cantal (25-30 tonnes) : Lou Mirabel, au siège de la coopérative à Bagnac sur Célé dans le Lot.
Après la teneur garantie en Omega 3, la certification HVE, Cant’Avey’Lot vise le label rouge pour le lait UHT. « Nous sommes les premiers à l’avoir demandé et l’Inao (ndlr : institut national de l’origine et de la qualité) en a accepté le principe pour le lait UHT et travaille actuellement à l’élaboration d’un cahier des charges », observe Gilbert Domergue. Ce sera en effet une première, puisque il n’existe à ce jour aucune labellisation de ce type pour le lait. Réponse attendue d’ici la fin de l’année.