Aveyron | Par eva dz
La coopérative UNICOR fête ses 30 ans, ce vendredi 16 septembre. A Laissac, plus de 1 500 personnes (adhérents, salariés) sont invitées à célébrer cet anniversaire. Jean-Claude Virenque, le président, accompagné de Julien Volpelier, qui assure la transition au poste de directeur général adjoint, mesurent le chemin parcouru.
Pour les 20 ans d’UNICOR, le président d’alors, Bernard Cazals, parlait de «jeunesse», de «fougue», de «passage de génération»… Comment qualifiez-vous les 30 ans aujourd’hui ?
JC. Virenque : «30 ans c’est l’âge de la maturité ! UNICOR est une coopérative bien assise sur ses fondamentaux, dont la mission est de sécuriser, d’organiser, de structurer et de se consolider sur un périmètre qui a un peu évolué depuis 10 ans. Cette solidité nous permet de rester serein face à ce qui nous attend.
Pourquoi est-ce important de marquer cet anniversaire ?
JC. Virenque : Nous avons voulu proposer un moment convivial à nos adhérents, à nos salariés. Pouvoir nous retrouver c’est important, d’autant plus dans un contexte aussi incertain, marqué par une crise géopolitique, économique, climatique, sanitaire encore et une inflation record. Fort de ses avantages, UNICOR veut accompagner au mieux ses adhérents, mais il faudra faire preuve d’optimisation, de réactivité, de souplesse, d’innovations…
Quel regard portez-vous sur les 30 ans d’histoire du groupe coopératif que vous présidez ?
JC. Virenque : Notre coopérative a vu le jour grâce aux coopératives de territoires qui l’ont précédée. Elles avaient été mises en place par des agriculteurs visionnaires et ont pu perdurer à travers leur union, qui a donné naissance à UNICOR en 1991. Des personnes, des équipes ont marqué notre histoire, je pense notamment au pionnier, Gilbert Sérieys dont nous avons célébré les 100 ans cet été. Grâce à toutes ces personnes, nous pouvons aujourd’hui fêter les 30 ans de notre coopérative.
Au fil des années, les valeurs portées par la coopérative UNICOR sont-elles toujours les mêmes ?
JC. Virenque : Bien sûr nous portons toujours les mêmes valeurs coopératives. Notre force à l’avenir résidera dans notre capacité à nous adapter à un contexte qui évolue.
J. Volpelier : Nos adhérents continueront de faire confiance au modèle coopératif si nous démontrons notre capacité à être performants, compétitifs… L’adhésion à une coopérative n’est plus génétique ! Il faut faire preuve d’agilité et d’adaptabilité aux périodes difficiles : démontrer que collectivement on peut être meilleur !
Salariés, adhérents partagent le même objectif de rendre dynamique l’activité sur notre territoire car les nouvelles générations s’installeront et resteront sur des territoires dynamiques, c’est-à-dire avec des emplois, des services, des activités pour les familles… L’une de nos vocations est d’entretenir la dynamique rurale. Pour exemple, nos magasins de service à l’agriculture et au rural sont une force dans le maillage territorial.
UNICOR c’est aussi un laboratoire d’idées nouvelles. Quels sont les prochains défis de la coopérative ?
JC. Virenque : Notre groupe coopératif va franchir un cap, celui d’une coopérative agro-alimentaire. La reprise du site d’Arsac s’inscrit dans ce processus de transformation. Mais notre credo reste le même : capter de la valeur pour la redistribuer à nos associés coopérateurs.
J. Volpelier : Aujourd’hui la donne a changé, forcément. Nous sommes passés d’une gestion d’organisation de mise en marché à flux poussés à une organisation de mise en marché à flux tirés en jouant sur la segmentation, les nouvelles attentes des consommateurs… Les enjeux sociétaux ont pris le pas. Les dossiers traçabilité, bien-être animal étaient déjà des préoccupations il y a 10 ans mais aujourd’hui ils sont clairement une composante de la création de valeur. Sur le bien-être animal, nos filières bovine et ovine ont engagé un travail d’échanges avec une ONG, c’est une première en France ! Avec notre pôle viande, nous avons désormais un accès élargi aux gens de la distribution, nous devons donc nous adapter à ces nouvelles demandes.
Dans ce contexte économique perturbé, comment se portent les productions animales chez UNICOR ?
J. Volpelier : Bien sûr nos marchés sont impactés par les inflations subies aussi par les agriculteurs sur l’ensemble des intrants. Et nous devons gérer en parallèle l’acceptabilité des coûts par nos clients… Nous sommes dans une gymnastique permamente de recherche de valeur, de différenciation, de segmentation des produits mais en face les marchés doivent être preneurs ! Nous sommes capables d’augmenter les prix à la production mais il faut bien mesurer l’impact sur les marchés et ne pas négliger non plus le risque de baisse de consommation de viande…
Nous réussirons à créer de la valeur si nos outils sont en capacité de proposer une viande comme ingrédient et non plus brute, c’est en ce sens que notre pôle viande a été pensé par le biais de Ruthènes viande.
Sur les marchés, notre difficulté à gérer les pics et les creux de production, la régularité des volumes ne sont plus d’actualité, désormais il est plus difficile de gérer les creux de production, les flux mondiaux ont changé. Tout dépend désormais de notre capacité à trouver le bon équilibre entre la hausse des prix à la production et les prix payés par nos clients. Aujourd’hui nous y parvenons grâce à la diversité de nos marchés à l’export, à l’import. Nous sommes en veille sur tous les flux commerciaux, vers l’Espagne, l’Italie, les pays tiers à travers le prisme des crises géopolitiques et sanitaires… Ces équilibres restent fragiles : il faut être présents sur nos marchés habituels et ne pas hésiter à prospecter.
En 10 ans, la donne a beaucoup changé : pour la production comme pour nos outils, il faut assurer leur approvisionnement ! A cela s’ajoute un territoire d’élevage très dense et donc très concurrencé en approvisionnement comme en commerce. Un contexte qui nous oblige à être dynamique, à être un intervenant privilégié. D’où notre stratégie dans un contexte de marché très opportuniste, de redistribuer sur le long terme la valeur à nos adhérents. Nous l’avons montré cette année…
En conclusion, quelques mots sur l’après 30 ans ?!
JC. Virenque : Nous avons lancé des marques fortes comme Engagement paysan, pour accéder aux marchés. Nous avons adapté nos outils pour des viandes semi-élaborées et investi dans des compétences industrielles pour franchir le pas d’une coopérative agro-alimentaire. C’est le prochain défi qui nous attend pour assurer le credo qui nous anime depuis toujours : capter de la valeur ajoutée et la redistribuer à nos adhérents coopérateurs».
Recueillis par Eva DZ
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