Aveyron | Europe | Par La rédaction

Jeudi 18 décembre à Bruxelles : toutes les forces agricoles européennes en action !

Toutes les forces vives de l’agriculture européenne convergeront jeudi 18 décembre, devant le Parlement européen à Bruxelles. Ensemble elles dénonceront en priorité, la signature du pacte de libre-échange avec les pays du MERCOSUR et la baisse du budget de la PAC. Dominique Fayel, président du groupe viande du COPA COGECA (qui regroupe les organisations syndicales et professionnelles européennes), et Marie-Amélie Viargues, présidente de la FDSEA, expliquent les enjeux de ce rassemblement d’ampleur, auquel ils participeront.

© Franck Tourneret

En 2021, FDSEA et JA de l’Aveyron avaient déjà défilé sur le Viaduc de Millau pour défendre leurs positions sur la PAC (© Franck Tourneret).

Quelles sont les raisons de cette grande mobilisation agricole à Bruxelles ?

M.A. Viargues : «Cette mobilisation à laquelle une délégation aveyronnaise participera, entend montrer, une fois de plus, que l’on n’abandonne pas le combat face à la prochaine signature de l’accord de libre-échange avec le MERCOSUR. Jusqu’à la fin, nous défendrons nos positions. Et quand le COPA COGECA qui rassemble les organisations syndicales et professionnelles à l’échelle européenne ont appelé à cette manifestation d’ampleur, l’Aveyron ne pouvait pas ne pas répondre présent. Les enjeux sont bien trop importants pour notre élevage. 

Lorsque nous avons rencontré le Président Macron à Roquefort, il nous a dit qu’il ferait tout pour obtenir une minorité de blocage. Nous lui demandons qu’il aille au bout de cette position ! Nous ne nous résignerons pas !

D. Fayel : L’accord Mercosur a été conclu en décembre dernier par les négociateurs mais n’est pas encore ratifié. La Commission européenne use de tous les stratagèmes pour contourner la voie démocratique normale : scission de l’accord, procédures d’urgence au Parlement… Au delà de la défense de nos intérêts agricoles menacés, nous devons faire vivre le sujet dans le débat public où nous bénéficions du soutien d’une large part de la population. Ce soutien est aussi un levier de pression politique. 

Est-il encore possible d’empêcher cette signature ? N’est-ce pas trop tard, certains considérant que l’accord sera ratifié de toute façon ? 

D. Fayel : Certes, la minorité de blocage au Conseil paraît compromise depuis la volte-face du Président français. Mais le débat aura lieu aussi au Parlement, il s’annonce serré d’autant que certains parlementaires sont outrés des méthodes de la Commission. 

Au delà du Mercosur, il y a d’autres accords commerciaux à venir avec l’Australie, l’Inde, l’Indonésie… les «clauses de sauvegarde» présentées par la Commission sous la pression de certains Etats, dont le nôtre, ne sont qu’un alibi pour désamorcer l’opposition. Le cœur du sujet qui vaut pour TOUS les accords commerciaux, ceux déjà en vigueur, comme ceux en cours de ratification ou de négociation, c’est la réciprocité des normes : l’UE ne doit pas importer ce qu’elle interdit chez elle ! C’est un principe fondamental qu’il faut répéter encore et toujours.  

L’autre grand enjeu de cette mobilisation est la baisse du budget européen dédié à l’agriculture. Quelles sont vos revendications et positions sur ce sujet ?

D. Fayel : En juillet dernier, la Commission européenne a dévoilé sa proposition budgétaire. Dans un budget global prévu en hausse, le budget dédié à la PAC est en baisse de 20% ! Ce budget pour la période future 2028/2034 sera négocié avec les Etats membres qui sont les contributeurs de l’UE. Le parlement aura son mot a dire aussi, même s’il ne maîtrise pas la partie recette du budget. Il est donc essentiel de peser sur ces discussions à venir par la pression syndicale. Ursula von der Leyen a déjà oublié les manifestations de janvier 2024, ainsi que de nombreux Chefs d’Etat d’ailleurs, il est plus que temps de leur rappeler l’urgence et l’enjeu agricole ! Touts les autres grands acteurs mondiaux de l’agriculture investissent dans ce secteur et augmentent leur budget. Seule l’UE «dés-investit» dans l’agriculture, à contre sens, à contre temps. 

En plus de la question du montant, il y a l’évolution de la structure du budget : la Commission prévoit désormais un «fond unique» regroupant l’ensemble des politiques UE. Les Etats-membres disposeraient d’une enveloppe globale qu’ils pourraient utiliser selon leurs propres priorités. Seule une partie serait fléchée sur l’agriculture. Il y a deux dangers à ça : d’une part, l’agriculture va se retrouver en concurrence avec d’autres secteurs et avec les collectivités et d’autre part le caractère commun de la PAC sera dilué. La pression qui commence à Bruxelles le 18 décembre devra se poursuivre aussi au niveau national. 

M-A. Viargues : Nous défendons un budget de la PAC qui corresponde aux besoins de l’agriculture aveyronnaise, c’est-à-dire qui donne la priorité aux aides couplées à la production et à l’ICHN. Ces deux priorités doivent toujours être bien identifiées au sein de la prochaine PAC. Le soutien de la PAC doit revenir à la production et aux zones de handicaps naturels, montagne et piémont. Nous n’hésiterons pas à actionner tous nos canaux, nos réseaux pour que ces priorités pèsent dans les prochaines négociations mais cela sous-entend aussi le maintien d’un budget à la hauteur de ces besoins.

Quelle sera l’ampleur de cette mobilisation ?

M-A. Viargues : Cette action représente un front commun de l’ensemble des organisations professionnelles agricoles à l’échelle européenne. Ensemble nous voulons montrer que l’agriculture a encore une place importante au niveau européen. Il en va de notre souveraineté alimentaire. Une souveraineté alimentaire pourtant portée en étendard par l’Europe mais dans les faits, rien n’est fait pour l’atteindre ! L’agriculture doit garder encore beaucoup de poids en Europe. 

Cette manifestation est aussi un message d’espoir pour toutes les agricultrices et pour tous les agriculteurs : il ne faut pas se laisser abattre car rien n’est encore signé, que ce soit l’accord du MERCOSUR, comme le budget de la PAC…».

La rédaction

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