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«Nous demandons expressément à la Commission d’engager une action spécifique comme le stockage privé ou la régulation des volumes», lancent la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) dans un communiqué le 3 avril, le lendemain d’un appel de Christiane Lambert dans ce sens. A la suite du confinement et de la fermeture des restaurants, «des déséquilibres majeurs sont en train de se créer sur certains marchés», soulignent les syndicats majoritaires, jugeant «nécessaire» de «réagir de toute urgence». La FNSEA et les JA appellent donc Bruxelles à activer les outils prévus par le règlement OCM (Organisation commune des marchés). La situation actuelle liée au Covid-19 «remplit malheureusement tous les critères», selon eux: «Elle n’était ni prévisible, ni intrinsèque au secteur agricole». Ils demandent aussi à la Commission d’agir pour les produits non couverts par le règlement OCM (comme les volailles par exemple) «au travers des articles 219 à 222 du règlement qui donnent plein pouvoir à la Commission». «Nous ne comprendrions donc pas que la Commission ne propose pas des moyens exceptionnels pour des secteurs stratégiques comme le sont l’agriculture et l’agroalimentaire», menacent les syndicats. Et de rappeler que la crise sanitaire a poussé l’UE à suspendre la règle des 3% de déficit budgétaire.

Didier Bouville

Après les confinements dus au coronavirus, le cheptel porcs reprend la croissance en Chine. Selon le gouvernement chinois les effectifs auraient augmenté de +2,8 % en février par rapport au mois précédent. Il s’agit d’une augmentation atypique, car normalement le nombre de porcs diminue après le Nouvel An chinois. Autre signe de cette évolution positive, 87 % des 9 700 entreprises d’aliments du bétail autorisées, ont repris à mi-mars leurs activités normales, ainsi que 85 % des producteurs de médicaments vétérinaires. Parmi les 5 520 entreprises d’abattage, 87 % d’entre elles étaient en activité. Mais l’approvisionnement en viandes de porcs n’en n’est pas encore normalisé pour autant. Selon les analystes il y a eu par exemple en février dans 11 entreprises cotées en bourse une production de 15,3 Mio de porcs, soit un recul de -39 % par rapport à la normale.

Didier Bouville

Dans un communiqué le 2 avril, la MSA a annoncé le versement anticipé de ses aides sociales aux adhérents concernés dès le 4 avril. «Cette décision s’applique à l’ensemble des allocations et prestations versées par la MSA: minima sociaux (RSA, allocation adulte handicapé…), prime d’activité, aides personnelles au logement, allocations familiales», précise le communiqué. Cela fait suite à une disposition prise la veille par le gouvernement afin d’aider les personnes les plus précaires en s’assurant qu’elles puissent faire face à leurs dépenses «dans les meilleures conditions». En effet, dans un communiqué diffusé le 1er avril, l’exécutif précisait que les personnes souhaitant percevoir leurs aides sous forme d’espèces pourraient retirer l’argent «dès samedi». «Compte tenu de l’épidémie de Covid-19, et afin de permettre de respecter les gestes barrières, les autorités recommandent chaque fois que cela est possible de retirer les sommes versées dans les distributeurs de billets plutôt qu’en agence», poursuivait le communiqué. Dans cette annonce, le gouvernement rappelait également que le versement des minima sociaux sera «assuré» et la continuité des droits «garantie».

Didier Bouville

«Nous nous sommes tournés vers le ministre de l’Agriculture pour demander à Bruxelles d’envisager le plus vite possible des mécanismes d’accompagnement et de retrait» des produits agricoles privés de débouchés, a annoncé Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, le 2 avril. «Nous ne pourrons pas trouver des débouché pour tout», a-t-elle précisé, évoquant les produits les plus affectés par la fermeture de la restauration hors domicile: fromages AOP, canards, pintades pigeons, viande (pièces à griller notamment) ou encore pommes de terre. La FNSEA souhaite un «accompagnement financier pour pouvoir stocker, reporter, congeler, bref, faire en sorte que les produits ne soient pas jetés ou détruits», d’après sa présidente. L’objectif est aussi «que la perte économique pour les producteurs soit atténuée, parce que, sinon, ça serait catastrophique». Le 25 mars, le commissaire européen à l’Agriculture avait déclaré que «des mesures de soutien du marché telles que l’intervention publique, l’aide au stockage privé, les retraits, etc. et des mesures de marché exceptionnelles sont disponibles dans le cadre de la Pac. Mais je ne vous cacherai pas que si de telles mesures s’avèrent nécessaires, elles auront des implications budgétaires», avait-il indiqué aux ministres européens de l’Agriculture.

Didier Bouville

Le choc de l’épidémie de coronavirus fait craindre à de nombreux observateurs des marchés laitiers une chute des cours de la poudre de lait maigre. «Les cotations de la poudre pourraient tomber au niveau d’intervention dans un mois», observe Gérard You, économiste à l’Institut de l’élevage, lors d’un webinaire le 2 avril. Un constat partagé par d’autres économistes. «On va arriver au prix d’intervention dans quelques semaines», analyse Gérard Calbrix, économiste à Atla (association des industries laitières privées et coopératives) interrogé par Agra Presse. «Depuis trois-quatre semaines déjà, en alimentation animale, de la poudre est vendue sous la barre des 2000 euros la tonne», indique-t-il. Face à la chute des cours, «nous pouvons craindre une dégradation du prix du lait», alerte Gérard You. Il estime que les prix payés aux producteurs au printemps pourraient revenir au niveau de 2019. Le prix d’intervention publique correspond au seuil à partir duquel la Commission européenne, afin d’assurer l’équilibre des marchés, achète les excédents de lait sous forme de poudre de lait.

Didier Bouville

L’Association des maires ruraux de France (AMRF) propose une souscription pour soutenir les petits commerces des villages. Avec le dispositif Bouge ton coQ, l’AMRF a lancé le 31 mars un appel aÌ la solidarité sous le hastag #CestMaTourneìe. Ils invitent « chacun aÌ faire un don en lieu et place de la tournée générale rendue impossible ». Concrètement, une connexion sur la plateforme :

www.bougetoncoq.fr/c-est-ma-tournee/

permet d’effectuer un don « en deux clics ». La contribution peut se faire de manière publique, privée ou anonyme. Il s’agit de venir en aide aux petits commerces, bistrots, épiceries, artisans, petits producteurs, que l’association d’élus présente comme « les petites entreprises qui font notre paysage économique, nos emplois et notre vie quotidienne ». Les fonds sont versés sur un fonds de dotation qui ouvre droit aÌ la défiscalisation, pour les particuliers comme pour les entreprises, dans les limites accordées par la loi. « Pendant toute la durée du confinement, chaque semaine et sur la demande des maires, l’intégralitéì des dons sera distribuée pour aider ceux dont l’action est ou pourrait être déterminante dans la gestion de la crise en local et en particulier au soutien aux plus démunis », précise l’association dans un communiqueì.

Didier Bouville

Dans une lettre du 31 mars adressée à ses membres, le Cniel (interprofession laitière) annonce vouloir mettre en place un «fonds de solidarité exceptionnel de 10 millions d’euros qui pourra indemniser tout éleveur dans son effort de limitation de production». Il sera financé par la trésorerie de l’interprofession. Mis en place en avril, l’aide sera calculée sur la «totalité du volume non produit – pour une baisse de 2 à 5% sur la base de la production avril 2019 – et pour un prix du lait fixé à hauteur de 320 euros maximum les 1000 litres», explique le Cniel. Avant de pouvoir le mettre effectivement en place, l’interprofession demande l’autorisation de la Commission européenne. «Si on ne modère pas les volumes, il est clair qu’il y aura du lait jeté», alerte Damien Lacombe, président de la coopération agricole laitière. Pour le moment, le risque de non-collecte est évoqué, notamment par de petites laiteries ou en zone de montagne, mais sur le terrain aucune rupture massive n’est observée. «Il y a des inquiétudes et des rumeurs mais ce n’est pas une réalité aujourd’hui», explique Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne Rhône Alpes. Pour pallier, des accords sont passées entre laiteries et du lait est vendu sur le marché spot.

Didier Bouville

Fallait-il une crise comme celle du coronavirus «pour que nous nous rendions compte que l’alimentation, la pêche, l’agriculture sont bien des secteurs économiques stratégiques?», demande l’eurodéputé centriste (groupe Renew Europe) Jérémy Decerle, dans une tribune publiée le 1er avril sur le site Réussir.fr. L’ancien président des Jeunes agriculteurs estime qu’au lieu de «trop souvent» critiquer les agriculteurs, il faut redonner «un sens à l’agriculture européenne», «un cap à la Politique agricole commune», revaloriser «l’image de nos agriculteurs» et arrêter de «faire de l’agriculture la variable d’ajustement de nos négociations commerciales avec le reste du monde», sans quoi «un jour viendra où même les pâtes disparaîtront de nos rayons». «Je ne peux, indique-t-il, pour ma part, que m’engager à veiller, avec mes collègues députés européens, à ce que l’Europe soit à la hauteur de l’enjeu et puisse apporter, là où elle en a les compétences, les réponses, les outils et le soutien nécessaire au secteur».

Didier Bouville

Lancée le 24 mars pour pallier la pénurie de main d’œuvre en agriculture due à la crise du Covid-19, la campagne de recrutement ‘Des Bras pour ton assiette’ a permis de constituer un réservoir de 207 000 profils intéressés pour effectuer les travaux des champs sur l’ensemble du territoire. Un véritable boom, alors que l’offre de travail saisonnière n’en est pas encore à son pic. «On a fait 746 mises en relation. C’est-à-dire que pour 746 missions agricoles, on a proposé des bras», explique le fondateur de la start-up Wizi Farm Jean-Baptiste Vervy qui met en relation agriculteurs employeurs et salariés potentiellement disponibles. Vu les mesures de confinement, un certain nombre de citadins intéressés sont bloqués en ville sans autre possibilité de logement et/ou transport. Une limitation à la mobilité que Wizi Farm aimerait lever. «On est en train de regarder si on peut faire des partenariats», indique Jean-Baptiste Vervy. «On essaie de rentrer en contact avec Airbnb, Le Bon coin et PAP, pour l’aspect logement. Ce matin, c’est Facebook qui nous a contacté ».

Didier Bouville

Le 1er avril 2015 avait sonné le glas des quotas laitiers européens. Si certains pays s’étaient préparés à ouvrir les vannes comme les Pays-Bas, l’Irlande et la Pologne, finalement, cinq ans après, «cela n’a pas été une révolution sur l’équilibre offre-demande», analyse Vincent Chatellier, ingénieur de recherche à l’Inrae, dans un dossier à paraître dans notre hebdomadaire. «En Europe, la collecte de lait a progressé de 151 Mt en 2015 à 157 Mt en 2019. En France, la régulation des volumes s’est faite par le canal des contrats. Aujourd’hui, la production française est proche de celle de 2015», assure le spécialiste de la question laitière. Et au niveau du paysage industriel français, il n’y a pas eu de «reformatage majeur», non plus. Les mêmes grands transformateurs sont toujours présents. Certes, la crise laitière de 2016 a ébranlé la filière mais «la mettre sur le dos des quotas laitiers n’est pas si simple», observe-t-il. «La France n’a pas joué la carte des volumes», renchérit Christophe Perrot, économiste à l’institut de l’élevage. Selon lui, la stratégie de croissance des volumes a fait son temps et la «deuxième manche» post-quota se jouera sur le terrain de la valeur et de la montée en gamme. Et là, «la France a des atouts à faire valoir».

Didier Bouville