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Un décret, publié le 9 août au Journal officiel, repousse d’un mois la date à partir de laquelle l’irrigation des vignes pour la production de vins est interdite. «L’irrigation des vignes aptes à la production de raisins de cuve est interdite du 15 septembre à la récolte», selon le texte qui modifie le code rural. Cette adaptation réglementaire figure dans les conclusions du Varenne agricole de l’eau, remises le 1er février 2022 par le gouvernement. L’Etat s’était engagé à «adapter les dispositions réglementaires afin de préserver la qualité des vins tout en prenant en compte la climatologie à venir». «Il y avait urgence à pouvoir irriguer jusqu’au 15 septembre dès cette récolte, considère Christian Paly président du Comité national AOC vins à l’Inao. Certains bassins comme les Pyrénées-Orientales n’ont pas eu une goutte de pluie depuis des lustres. La règle jusque-là en vigueur de fin d’irrigation au 15 août était devenue surannée. Voir cette date repoussée au 15 septembre est une satisfaction.» En vignes, 8,9% des surfaces sont irriguées en 2020 (plus de 69 000 hectares), d’après les chiffres du ministère de l’Agriculture.

Didier Bouville

Suite à la clôture, ces derniers jours, de la concertation nationale sur la révision des normes européennes sur le bien-être animal, attendue au second semestre 2023, le ministère de l’Agriculture a présenté, dans un communiqué paru le 9 août, les grandes lignes (sans précisions chiffrées) de la position de la France, qu’il a transmise à la Commission européenne, qui doit elle-même dévoiler prochainement sa proposition. Parmi les éléments les plus saillants, la France plaide pour que la mise en place d’un étiquetage européen relatif au bien-être animal, auquel aspire la Commission européenne, se fasse sur une «base volontaire». Plus largement, Paris demande que les révisions de normes n’entrainent pas de «situation de distorsion de concurrence ou de perte de compétitivité», et plaide pour ce faire, en faveur d’«études d’impact préalables» et «de mesures-miroirs (…) véritablement intégrées dans les textes du futur paquet législatif.» Sont également demandés «des délais d’entrée en vigueur des textes permettant de donner de la visibilité aux professionnels, notamment concernant le délai d’amortissement des investissements dans les bâtiments d’élevage.»

Didier Bouville

Après des défaillances observées lors des crises d’influenza aviaire et des canicules, le CGAAER a publié, fin juillet, un rapport sur l’organisation française des services d’équarrissage, lui accordant une «bonne» note «en temps de paix», mais constatant une «embolie du système» en cas de crise. Parmi les raisons invoquées: «extrême concentration» («deux opérateurs se partagent la quasi-totalité du marché»), des associations ATM et filières «insuffisamment impliquées dans la gestion de crise», «anticipation insuffisante» et «manque de solutions alternatives». Les auteurs du rapport proposent d’abord de mettre «l’ensemble des acteurs autour de la table», afin de définir une «stratégie partagée». Dans le même esprit, ils plaident pour une réunion annuelle des acteurs au niveau local. Structurellement, le secteur dispose de peu de marges: estimée à 1 Mt/an, la capacité de traitement est tout juste supérieure aux besoins (900 000 t/an). Mais le changement prochain de statut ESB de la France pourrait libérer une centaine de milliers de tonnes. Enfin les auteurs demandent d’évaluer plus précisément les «solutions alternatives». Lors de la crise d’influenza 2021-2022 (42 000 t de volailles éliminées), une partie des animaux avait par exemple été enfouie à la ferme (5000 t).

Didier Bouville

La production viticole 2023 est estimée entre 44 et 47 Mhl, au niveau de la moyenne 2018-2022, a indiqué le 8 août le service statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste). Elle est en baisse dans le Bordelais et le Sud-Ouest, touchés par le mildiou, en Languedoc et Roussillon, où la sécheresse persiste, selon une note de conjoncture. Dans le Bordelais, «le mildiou est virulent sur le cépage rouge merlot prédominant (60% environ des surfaces)», et dans le Sud-Ouest, «le mildiou, mais aussi l’oïdium et le botrytis, occasionnent des pertes importantes pouvant atteindre jusqu’à 30% en moyenne». Ailleurs, la situation apparaît «globalement favorable»: «les grappes de raisins sont souvent nombreuses et bien fournies, grâce à une floraison qui s’est déroulée dans des conditions climatiques optimales et des précipitations de début d’été qui ont humidifié les sols». Dans le Val de Loire, une production supérieure à la moyenne quinquennale est attendue, succédant à deux mauvaises vendanges. Une nouvelle récolte abondante est prévue en Champagne, aussi en Bourgogne, où «des mises en réserve sont envisagées». Concernant le Sud-Est, Agreste table sur une production proche de la moyenne sur cinq ans.

Didier Bouville

L’Insee a publié le 8 août le solde commercial de la France au deuxième trimestre, montrant une baisse de l’excédent commercial agricole par rapport au trimestre précédent, encore plus marquée en cumul sur les six premiers mois de l’année. Au deuxième trimestre, «le solde agricole recule légèrement (-0,1 Mrd€) mais demeure positif (0,2 Mrd€)» comparé au premier trimestre, selon une note: «Les importations ont légèrement augmenté et les exportations ont reculé, en valeur, dans un contexte de baisse du prix des produits.» Dans une note le 13 juillet, Agreste (ministère de l’Agriculture) avait souligné pour le deuxième mois consécutif un déficit en mai de la balance commerciale des produits agricoles bruts, sous l’effet de la baisse des exportations de céréales. Le solde agricole calculé par l’Insee tombe à 0,6 Mrd€ au premier semestre 2023 (contre 1,9 Mrd€ au premier semestre 2022). L’excédent agroalimentaire atteint quant à lui 1,3 Mrd€ au deuxième trimestre (+0,1 Mrd€ par rapport au premier trimestre). Cela marque une baisse sur les six premiers mois de l’année, à 2,6 Mrd€ (contre 3,2 Mrd€ au premier semestre 2022).

Didier Bouville

Dans un communiqué le 7 août, le ministère de l’Agriculture a dévoilé les critères d’éligibilité à l’enveloppe de 60M€ d’aide à l’agriculture biologique, qui avait été annoncée le 17 mai. Peuvent en bénéficier les exploitants dont l’ensemble des productions et surfaces sont certifiées bio ou en conversion. Ils doivent accuser une perte d’EBE d’au moins 20% et une dégradation de trésorerie d’au moins 20% sur l’année 2022-2023, par rapport à la moyenne des exercices comptables de 2018 et 2019. «L’aide compensera jusqu’à 50% de la perte d’EBE, et devra représenter un montant minimum de 1000 €» indique la Rue de Varenne, précisant qu’un «stabilisateur budgétaire» sera appliqué si l’enveloppe totale ne suffit pas à couvrir toutes les demandes. Le ministère précise aussi que «l’aide éventuellement reçue au titre du fonds d’urgence de 10 M€» annoncée au Salon de l’agriculture «sera déduite du montant d’indemnisation finale au titre de l’aide». Ce dispositif a reçu le feu vert de la Commission européenne le 3 août. Les producteurs pourront déposer leur demande au guichet de FranceAgriMer du 16 août au 20 septembre. Des détails concernant notamment les nouveaux installés et les exploitants relevant du régime d’imposition «micro-BA» seront publiés par FranceAgriMer le 10 août.

Didier Bouville

En charge de la communication du plan national d’actions Loup, la Dreal (préfecture) de la région Aura a produit, en juin, une note que se sont procurés nos confrères de Réussir Bovins viande, qui met en avant une nouvelle progression des attaques de loups sur les bovins en 2022. Les services de l’Etat recensent 405 victimes, contre 274 l’année précédente (2021). Concentré majoritairement dans les départements alpins, le phénomène s’étend aussi géographiquement, avec 24 départements concernés, contre 13 l’année précédente. Les attaques de bovins progressent par exemple vers l’est en Lozère ou vers le nord dans le Doubs et le Jura. La part des bovins reste faible au regard des autres espèces prédatées (7% des attaques, 3,3% des victimes), mais elle est en progression constante depuis sept ans – les bovins ne représentaient que 2% des attaques en 2016. Chez les bovins, chaque attaque fait par ailleurs deux fois moins de victimes en moyenne que sur caprins et ovins, ce qui «peut s’expliquer par la taille des animaux ou des troupeaux et par le fait que le loup est davantage sélectif (orienté vers les jeunes)». La plupart des animaux ont moins de six mois (62,4%) quand ils sont tués, et moins d’un an (67,3%) quand ils sont seulement blessés.

Didier Bouville

Dans le cadre de l’application de la loi AER (accélération des énergies renouvelables), la Direction générale de l’énergie et du climat (ministère de la Transition écologique) a dévoilé aux professionnels, le 30 juin, un projet de décret visant à encadrer le concept d’«agrivoltaïsme», auquel devra se conformer toute nouvelle installation photovoltaïque sur des terres agricoles exploitées. De sources syndicales, ce texte suscite notamment des débats autour de la notion d’«activité principale» des parcelles concernées. Une installation «agrivoltaïsme» doit maintenir une activité principale agricole, et pour ce faire, le texte propose que «le taux d’emprise au sol de l’installation agrivoltaïque (…) n’excède pas 30% sur parcelle pâturée et 45% sur culture végétale récoltée», d’après la version du décret qu’Agra Presse a obtenue. Autre critère pour être qualifié d’agrivoltaïque, le rendement doit rester significatif sur la parcelle concernée. Pour ce faire, il ne doit pas être «inférieur de plus de 10 % au rendement par hectare observé sur la zone témoin». Cette zone témoin représente «au moins 10% de la surface agrivoltaïque installée». Autre point central de la loi: les quatre types de services pouvant être rendus par les installations à l’agriculture, dont au moins un doit être apporté par une installation agrivoltaïque. Parmi ces services, l’amélioration du «potentiel et de l’impact agronomiques» est par exemple définit comme une «augmentation du rendement» ou «maintien voire réduction d’une baisse tendancielle» au niveau local.

Didier Bouville

Le ministère de l’Agriculture a publié le 3 août son «plan de vaccination officiel» contre l’influenza aviaire, constitué de sept fiches thématiques. La Rue de Varenne y confirme sa stratégie: vacciner tous les canards du maillon «production» (64 millions d’animaux) sur l’ensemble du territoire, à partir du 1er octobre, et pour un an. Le gouvernement apporte quelques précisions, notamment sur l’acte de vaccination, qui sera «supervisé» par les vétérinaires sanitaires. Toutefois, le vaccin pourra être administré par les vétérinaires, les éleveurs et leurs salariés, ou encore par les techniciens de différentes structures (cabinets vétérinaires, organisations de producteurs, organismes à vocation sanitaire). Le ministère précise également les «restrictions de mouvements des animaux vaccinés», ainsi que la «gestion des foyers dans un contexte vaccinal». Les éventuels dépeuplements préventifs viseront uniquement «les cheptels non vaccinés ou avec un schéma vaccinal incomplet», épargnant les volailles vaccinées. Enfin, le ministère confirme avoir choisi le vaccin de Boehringer Ingelheim dans le cadre de l’appel d’offres lancé en avril, sans en préciser les raisons. Tout en annonçant qu’«un deuxième appel d’offres sera lancé à l’automne».

Didier Bouville

Les entreprises de la filière vin peuvent tirer entre 33 M€ et 91 M€/an de crédits carbone, selon une étude des cabinets AND International et Carbone 4 publiée le 2 août par FranceAgriMer. Cette fourchette est calculée selon deux scénarios à échéance 2035: l’un dit «réaliste», lié à des efforts «significatifs et concertés» pour la décarbonation; l’autre dit «maximal», induisant «des ruptures importantes» au niveau des pratiques. L’étude se base sur des crédits carbone à 35 €/t (coûts de gestion déduits) pour les bénéficiaires. Différents leviers sont identifiés, notamment l’enherbement des inter-rangs, la plantation de haies, une évolution vers la fertilisation organique, la réutilisation des bouteilles en verre et le développement du bag-in-box, un changement des modalités de transport du vin à l’export. Les hypothèses retenues concernent, par exemple, les surfaces avec fertilisants organiques (27% dans le scénario «réaliste», 100% dans le scénario «maximal»), l’enherbement des inter-rangs (respectivement 83% et 100%), l’implantation de haies (+20% et +100%), l’utilisation de conditionnements alternatifs (30% et 60%), l’export en vrac (20% en Europe, 10% hors Europe; 40% toutes destinations). Le potentiel de crédits carbone est chiffré à l’échelle de l’exploitation «de quelques centaines à quelques milliers d’euros» par an.

Didier Bouville