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Le Crédit agricole, premier financeur de l’agriculture, a réalisé en 2022 une «nouvelle année record», avec 9,3 milliards d’euros (Md€) de prêts accordés au secteur (+13% par rapport à 2021), a annoncé la banque le 12 septembre, lors d’une conférence de presse au Space de Rennes. Quant à 2023, «le début d’année se présentait aussi sous des auspices très positifs», note Jean-Christophe Roubin, directeur du marché de l’agriculture de Crédit agricole SA. Mais, après une «légère décrue en juillet et août» et un dernier trimestre attendu en recul, les résultats 2023 devraient finalement être «un peu inférieurs à 2022». L’année dernière, seules deux filières ont vu leurs investissements ralentir: les volailles (-12%), pour cause d’influenza aviaire, et les porcins (-4%), pénalisés par la flambée de l’alimentation animale. Toutes les autres sont en progression: +7% en lait, +10% en autres bovins, +15% en céréales ou encore +22% en viticulture. La Bretagne a connu une croissance des investissements plus faible que la moyenne en 2022 (+2,1%), avant de rattraper le rythme national début 2023 (+13%). Pour la première fois, le Crédit agricole a présenté ses chiffres sur les emprunts accordés aux industries agroalimentaires, qui ont totalisé 1,5 Md€ en 2022 (+6% en un an).

Didier Bouville

Dans une note diffusée le 12 septembre, le ministère de l’Economie et des finances annonce qu’un accord a été trouvé avec la FNSEA sur la trajectoire de relèvement de la fiscalité du GNR (gazole non routier) dans le secteur agricole. Une hausse linéaire de 2,85 ct€/l/an du montant de la TICPE a été «proposée à la FNSEA» et «a été acceptée», annonce Bercy. Pas de suppression du tarif réduit en vue. La trajectoire conduirait à une fiscalité de «23,81 ct€/l/an en 2030», contre un tarif normal de 60,75 ct€/l/an. Bercy promet par ailleurs que le gain budgétaire pour l’Etat sera «intégralement rétrocédé au monde agricole». Les compensations applicables l’année prochaine seront les suivantes: création d’une «avance de trésorerie pérenne de 50% du remboursement de TICPE, en deux acomptes annuels» ; «inscription de mesures de baisse de la fiscalité sur les exploitations agricoles» en projet de loi de finances ; «travail sur l’accès de la filière au biocarburants» ; «construction d’une feuille de route pour la décarbonation de la filière en 2024, qui contiendra une mesure budgétaire ou fiscale compensant les hausses à venir à partir de 2025». Pour le secteur du BTP, qui se dirige vers une suppression du tarif réduit, une conférence sur l’accès aux biocarburants sera organisée dès le 25 septembre.

Didier Bouville

Dans une note d’analyse publiée le 7 septembre, le CEP (ministère de l’Agriculture) souligne la «fragilité» de l’équilibre entre offre et demande de matières fertilisantes d’origine résiduaires (Mafor) utilisables en agriculture biologique. Une vulnérabilité liée à une offre limitée en azote, mais aussi à une grande disparité spatiale, en fonction de la spécialisation des productions agricoles dans les territoires. Selon la note, il conviendrait d’employer «la quasi-totalité» du gisement de Mafor utilisables en agriculture biologique pour équilibrer les besoins azotés des cultures biologiques. L’étude table sur un accroissement des besoins de l’agriculture biologique en Mafor d’ici 2030, tout en mettant en exergue les tensions qui pourraient s’exercer pour répondre à la demande. «Les Mafor agricoles, c’est-à-dire les effluents d’élevages, sont de loin la première source en volume brut, puisqu’ils constituent 97 % du gisement de Mafor utilisables en agriculture biologique», précise la note. Or, la baisse des effectifs d’animaux, notamment bovins, la poursuite de la concentration des élevages, associées à l’essor de la méthanisation pourraient en effet «priver les productions biologiques de ressources dans le cadre règlementaire actuel», souligne la note d’analyse. Et de prévenir que «le développement de nouvelles ressources issues de biodéchets ne permettrait pas de compenser cette baisse».

Didier Bouville

Réagissant aux premières mesures contenues dans la future loi d’orientation agricole (LOA), présentées par le ministre de l’Agriculture le 10 septembre sur leur salon Terres de Jim, les Jeunes agriculteurs se disent «satisfaits de voir affichés les grands axes issus des travaux de son réseau en faveur du renouvellement des générations». Dans un communiqué le jour même, les JA estiment qu’il est désormais «urgent de les concrétiser par des mesures précises» et attendent un «calendrier soutenu». En matière de transmission, les JA attendent qu’’«un travail important soit fait avec Bercy pour débloquer les fonds nécessaires». Selon les information de la FNSEA, un crédit d’impôt pour «inciter les futurs cédants à intégrer un parcours de transmission» est sur la table. Dans le même esprit, les chambres d’agriculture «saluent les annonces de Marc Fesneau mais restent dans l’attente de la confirmation des moyens». Et de citer notamment le cas du Casdar, dont Marc Fesneau a annoncé une hausse de budget de 15 millions d’euros, sans préciser son usage. Ses bénéficiaires peuvent être les chambres, les instituts techniques ou les Onvar. Dans son communiqué le 11 septembre, les chambres veulent voir cet argent utilisé «pour répondre à deux enjeux immédiats des agriculteurs».

Didier Bouville

La Commission européenne envisagerait, selon le Financial times, d’abandonner la présentation de sa proposition de révision des règles sur le bien-être animal. Ce texte normalement attendu pour l’automne vise notamment à interdire les cages et le broyage des poussins ou à mettre en place un étiquetage européen relatif au bien-être animal. Toutefois, la crainte que les changements proposés n’entraînent une hausse du coût des denrées alimentaires, qui a déjà fortement augmenté avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, aurait conduit Bruxelles à reconsidérer ses projets, selon des sources citées par l’article du quotidien britannique. Les coûts pour les agriculteurs pourraient augmenter en moyenne d’environ 15%, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix à la consommation et une augmentation des importations, selon un projet d’étude d’impact de la Commission européenne. Trois fonctionnaires européens auraient déclaré que la Commission avait complètement abandonné sa proposition. Un autre a nuancé que Bruxelles proposerait une version réduite des propositions. La possibilité d’un report inquiétait déjà les eurodéputés de l’intergroupe du Parlement européen sur bien-être animal, qui, dans une lettre adressée le 5 septembre à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lui demandaient de veiller à ce que la révision de la législation soit bien soit bien inscrite au programme de travail de la Commission pour 2024.

Didier Bouville

«Le 18?août 2023, Bigard a communiqué par courrier son intention de quitter le Marché du porc breton (MPB)», indique le Paysan breton sur son site web le 8 septembre. Comme le précisent nos confrères, c’est précisément l’abattoir Abera (racheté en 2022 par le n°1 de la viande) qui cessera de s’y fournir dans un délai de 12 semaines, après «une baisse progressive des achats». Parmi les raisons expliquant ce départ, l’hebdomadaire cite «l’augmentation de l’offre au marché du cadran alors qu’il y a une baisse de production, l’absence d’une cotation spécifique mâle entier et une qualité du porc en baisse». Autant d’arguments contestés par les éleveurs. Dans un communiqué du 7 septembre, la FNP (éleveurs de porcs, FNSEA) affirme «son soutien à la transparence du prix de base et aux outils de la convention de marché du MPB». Pour la FNP, la décision de Bigard est un «sabotage» qui porte un «risque d’explosion des acquis collectifs». Dans son propre communiqué, la FRSEA de Normandie appelle les éleveurs à «présenter au maximum leurs produits à la vente» au MPB. Et le syndicat d’exhorter les organisations de producteurs à «adopter une attitude responsable» en «faisant le maximum pour inscrire des porcs au marché et rendre au marché sa crédibilité et son rôle de référence».

Didier Bouville

Interrogé sur la fin de la défiscalisation du gazole non routier (GNR), le 7 septembre en marge de sa visite au salon Innov-Agri, le ministre de l’Agriculture a annoncé une première réduction de «60 à 70 millions d’euros» (M€) en 2024, d’après un message envoyé par son cabinet à la presse. «C’est 5% de l’avantage fiscal [d’un total] de 1,3 Md€», précise Marc Fesneau. La veille, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a confirmé la volonté du gouvernement de supprimer totalement cette niche fiscale d’ici 2030 (avec peut-être une prolongation pour l’agriculture). «On ne peut pas continuer à financer les énergies fossiles, dire que cela ne changera pas, c’est mentir aux agriculteurs», a justifié Marc Fesneau. Le locataire de la Rue de Varenne dit avoir «obtenu que cela (les sommes économisées par la fin du tarif réduit, NDLR) revienne au monde agricole». Dans le détail, son collègue de Bercy a évoqué un «fonds de soutien à la transition» qui pourrait être inclus dans la LOA. Interrogé par Agra Presse, la FNSEA réaffirme sa volonté d’une «compensation à l’euro près, dans des modalités faisables», sans cacher son scepticisme sur la proposition de Bruno Le Maire «d’investir dans des matériels dans des matériels qui n’existent pas encore».

Didier Bouville

A l’occasion de sa visite sur le salon Terres de Jim le 10 septembre à Cambrai, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a précisé les moyens dont son ministère disposera pour «assurer les transitions» dans les prochaines années. D’abord, une enveloppe «d’un milliard d’euros» supplémentaire sera proposée au budget 2024 du ministère de l’Agriculture dans le cadre du projet de loi de finances (PLF). Pas de recyclage, a assuré le ministre. Dans le détail, les alternatives aux pesticides bénéficieront notamment de 250 millions d’euros de rallonge, qui s’ajouteront à 250 millions d’euros issus du plan France 2030. La stratégie protéines sera dotée de 100 millions d’euros supplémentaires, et les diagnostics carbone et installation-transmission de 32 millions d’euros. Enfin le Casdar bénéficiera de 15 millions d’euros de plus en 2024, et son «fonctionnement» fera l’objet d’une «évolution» pour «permette, à terme, de mieux accompagner les prises de risques et les transitions à l’échelle de l’exploitation». Sur les trois prochains exercices, Marc Fesneau prévoit 2,6 à 2,7 milliards d’euros d’engagements supplémentaires.

Didier Bouville

Le Secrétaire général à la Planification écologique, Antoine Pellion, a participé, ce 7 septembre, au conseil d’administration de Chambres d’agriculture France, au cours duquel le réseau consulaire a pu livrer les résultats de son étude de la faisabilité des objectifs visés par la Planification écologique, dans le cas particulier de la filière laitière. En activant les leviers proposés par le gouvernement (ex. haies, méthanisation, autonomie protéique…) sur des fermes du réseau de références technico-économiques des chambres (Inosys), «notre analyse est convergente avec la leur, les objectifs sont réalistes, atteignables sans baisser notre souveraineté et en maintenant les équilibres économiques», rapporte Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France. L’analyse du réseau a notamment permis d’affiner les scénarios selon les types de ferme: «dans les Hauts-de-France, on ne va pas abandonner la pomme de terre pour la luzerne, mais on peut activer le levier colza, ou les intercultures car elles posent moins de problèmes d’eau qu’ailleurs. En montagne, le recours aux intercultures sera plus difficile». Toutefois précise-t-il: «Nous avons un sujet d’accompagnement, qu’il soit humain pour accompagner les changements de systèmes, ou législatif, par exemple dans le cas des haies.»

Didier Bouville

La détaxe sur le gazole non routier (GNR) dont bénéficient certaines professions sera, à terme, supprimée pour les agriculteurs et les entreprises de travaux publics, a confirmé le 7 septembre le ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur France Info. L’information était déjà parue dans Agrafil en juin. Des discussions avec les représentants des agriculteurs sont en cours afin de «trouver un accord», a-t-il poursuivi, précisant qu’il y aurait «compensation pour accompagner la transformation» – le véhicule pourrait être en être un «fonds de soutien à la transition» inscrit dans l’avant projet de Loi d’orientation agricole du gouvernement. «Il ne faut pas procéder par brutalité», a ajouté le ministre. Fait nouveau: interrogé par l’AFP, le ministère de l’Économie et des Finances a indiqué que la fin de la défiscalisation du GNR s’appliquerait progressivement à partir de 2024 et jusqu’à 2030 pour le BTP, voire un peu au-delà pour les agriculteurs. Le président de la FNSEA sera à Bercy la semaine prochaine, a-t-on ajouté de même source. Son président Arnaud Rousseau a encore déclaré, ce 7 septembre sur RMC, qu’il n’était «pas question que ce soit supprimé» de «manière abrupte».

Didier Bouville