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Côté formation, le texte généraliserait la découverte de l’agriculture chez les enfants des classes de primaire, indiquent les professionnels ; et cette fonction pourrait notamment être assurée par les chambres d’agriculture, dont les missions seraient par la même occasion étendues à la formation. Comme annoncé par Emmanuel Macron à Terres de Jim, le texte instaurerait un statut d’«expert associé» pour les professionnels intervenant dans l’enseignement agricole. Plus nouveau, il créerait un diplôme de «bachelor Agro», sanctionnant trois années d’étude après le bac, intermédiaire entre le BTS et l’ingénieur, à destination des conseillers. Concernant la recherche et l’innovation, le texte soulève la question des fonds du Casdar (développement agricole). Il est acquis que son plafonnement budgétaire serait «levé», pour financer l’«innovation» et la «recherche appliquée» en agriculture, assure un professionnel – cette question ne serait pas encore arbitrée selon une autre source. Des mesures en faveur des projets alimentaires territoriaux (PAT), portées par Marc Fesneau, auraient été recalées du projet de loi par l’Elysée, selon une source.

Didier Bouville

Concernant l’installation et l’attractivité du métier, le texte prévoirait l’amélioration du crédit d’impôt remplacement et l’élargissement de son accès à davantage d’agriculteurs – il est aujourd’hui essentiellement réservé aux éleveurs. Comme attendu, un point d’accueil installation et transmission serait créé dans les chambres d’agriculture départementales, qui orienterait les jeunes souhaitant devenir agriculteur ou salarié agricole vers des structures d’accompagnement agréées par l’Etat. Une source mentionne le renforcement des sanctions pour les agriculteurs qui ne rempliraient pas leur Déclaration d’intention de cessation d’activité agricole (Dica), sans que les modalités de sanction ne soient connues. Par ailleurs, le texte mentionne la création d’un fonds dédié au portage, annoncé par Emmanuel Macron au salon Terres de Jim en 2022 ; une source indique le financement proviendrait de fonds issus du livret A, gérés par la Caisse des dépôts. Le texte créerait aussi un nouveau statut de société agricole, le «GFA investisseur», sur le modèle des Groupements Forestiers d’investissement (GFI) qui sont autorisés à effectuer une offre publique de leurs parts sociales.

Didier Bouville

Plusieurs professionnels ont livré, à Agra presse, les grandes lignes du projet gouvernemental pour la loi d’orientation et d’avenir (LOA), tel qu’ils ont pu en avoir pris connaissance avant la pause estivale auprès de la Rue de Varenne. Après des rumeurs évoquant l’hypothèse – étudiée en plus haut lieu – de ne passer que par la voie réglementaire, ces professionnels ont d’ailleurs reçu l’assurance qu’un texte sera bien soumis au Parlement, en vue d’un vote d’ici la fin d’année. Fin juillet-début août, le projet de texte comportait d’abord une mesure symbolique: inscrire un objectif de «souveraineté» dans le préambule du code rural. Le document instaurerait également un «fonds de soutien à la transition» de l’agriculture, dont les actions restent à définir. Son financement pourrait provenir notamment de la re-fiscalisation annoncée du gazole non routier (GNR), dont les contours devraient être précisés dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) pour 2024. En plein débat sur les bassines, il pourrait aussi prévoir un statut plus protecteur pour des projets hydrauliques dits «d’intérêt général majeur», comme proposé par plusieurs sénateurs en début d’année ; «c’est presque officiel», glisse un professionnel, ne souhaitant confirmer fermement cette information d’une autre source.

Didier Bouville

La FNEDT (entreprises de travaux agricoles) a réclamé le 17 août des «références partagées et transparentes» sur les coûts liés à la décarbonation du secteur. Elle propose la création d’un index du carburant agricole et forestier pour mesurer l’évolution et la part de cette charge dans le prix de la prestation des ETA, selon un communiqué. «Envisager la décarbonation des travaux agricoles mécanisés se heurte aujourd’hui à un constat d’impuissance technique – l’absence de motorisation de forte puissance avec des énergies non fossiles pour les engins de traction et de récolte – et à une impasse économique – le coût d’investissement astronomique des matériels verts», souligne la FNEDT. Et de réclamer «un prix accessible» pour les carburants alternatifs. La fédération souligne l’impact de la transition énergétique, en termes d’entretien des machines, formation du personnel, vitesse de travail, poids des machines, avec aussi «une nécessaire réorganisation logistique des chantiers à laquelle beaucoup de professionnels ne sont ni prêts, ni préparés». Attentive aux travaux sur la décarbonation des filières céréales, lait et viande, la FNEDT dit vouloir participer à la concertation avec les ministères.

Didier Bouville

L’Hexagone pourrait connaître dans les prochains jours son épisode de chaleur le plus intense de l’été et l’un des plus tardifs jamais enregistrés, un évènement qui mobilise déjà l’exécutif. La Première ministre Elisabeth Borne doit activer dès ce jeudi à 17h00 une cellule interministérielle de crise. A partir de la fin de semaine, de l’air chaud va remonter par le sud, conduisant à la mise en place d’un dôme de chaleur. Les hautes pressions anticycloniques vont alors former une sorte de couvercle, emprisonnant l’air chaud et l’intensifiant au fil des jours. «Ces températures élevées s’annoncent durables, avec des pointes voisines de 40°C sur le Midi méditerranéen et en vallée du Rhône à partir de ce week-end», indique Météo France. «La chaleur va alors déborder sur les régions plus au nord, du Centre-Val de Loire au Nord-Est en passant par le bassin parisien où on pourra tutoyer les 35°C», ajoute l’institut de prévisions météorologiques. Le pic d’intensité est attendu en début de semaine prochaine, lundi et mardi, et les températures ne devraient pas redescendre «avant le milieu, voire la fin, de la semaine prochaine». En France, les épisodes de chaleur survenant après le 15 août sont plutôt rares: six sont intervenus depuis 1947, tous au XXIe siècle (2001, 2009, 2011, 2012, 2016 et 2017).

Didier Bouville

Bernard Farges, président du Cniv (comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et à IG), a appelé le 16 août à «investir, avec le soutien de l’Etat et de l’Europe, pour aller chercher les marchés à l’export». Numéro un mondial de l’exportation de vin, la filière française est déjà «très présente» à l’international mais a besoin «qu’on se développe beaucoup plus là-dessus», a-t-il dit au micro de la radio Europe 1. Et de souligner la «déconsommation des vins en France». Les ventes de vins tranquilles en grande distribution affichent une baisse de 5% en volume au premier semestre par rapport à 2022 (-11 % comparé à la moyenne 2020-2022), selon les derniers chiffres de FranceAgriMer. Cette tendance, Bernard Farges la voit «se prolonger dans les années à venir». Elle est liée à «un changement des modes de consommation», avec en particulier «des jeunes générations qui consomment plutôt moins de vin, une consommation à table, notamment le midi, qui est forte régression», d’après lui.

Didier Bouville

Dans une étude parue le 14 août dans la revue scientifique Earth’s Future, les chercheurs de l’université Yale (Etats-Unis) ont estimé pour la première fois la quantité de CO2 pouvant être séquestrée à travers le monde grâce aux techniques d’«altération forcée» de roche via les sols agricoles. Cette technique méconnue de séquestration consiste à épandre des roches siliceuses riches en calcium ou magnésium, comme le basalte, sous forme pulvérisée, sur des sols agricoles. La dégradation de la roche est ainsi accélérée, qui convertit du CO2 atmosphérique en ions bicarbonates qui, une fois lessivés, seraient transformés et stockés au fond des océans sous forme de minéraux carbonatés, pour une durée théorique d’environ 100 000 ans, expliquent les chercheurs. Selon leur estimation, basée sur l’épandage de 10 tonnes de basalte par hectare et par an, la technique permettrait de séquestrer environ 215 GtCO2 entre 2006-2080. Un potentiel significatif, puisque dans ses scénarios de limitation du réchauffement à 1,5°C à 2100, le Giec mise à hauteur de 100 à 1000 GtCO2 sur les techniques de séquestration du carbone. Les coûts seraient similaires à ceux d’autres techniques comme l’enfouissement de CO2 ou le biochar, mais supérieurs à ceux du stockage sous forme organique dans les sols, ou de la reforestation/renaturation.

Didier Bouville

La FNSEA veut voir «cesser les violences et les dégradations» sur les exploitations, a déclaré le 11 août son président, quelques heures avant que le Conseil d’Etat ne suspende la dissolution prononcée par le gouvernement. Cette procédure de dissolution avait été engagée le 28 mars, quelques jours après les violents affrontements entre gendarmes et opposants aux retenues d’eau destinées à l’irrigation agricole de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), dont l’exécutif avait imputé la responsabilité au mouvement. «La décision du Conseil d’Etat lui appartient (…). Pour nous ce qui compte c’est de voir cesser les violences et les dégradations qui ont lieu sur nos exploitations», a déclaré le 11 août au matin sur Europe 1 le président de la FNSEA Arnaud Rousseau. «Ce genre d’actions, ça crée inutilement de la tension, ça donne parfois dans certains endroits l’envie de se faire justice soi-même. Ce qu’on ne souhaite pas, absolument pas», a-t-il poursuivi. «On fait en sorte que la pression ne monte pas (…) que les réponses soient apportées» par le gouvernement «pour que cette pression ne monte pas», a conclu M. Rousseau.

Didier Bouville

Dans un rapport sur la «transition de l’agriculture» pour «un futur durable», le cabinet de conseil McKinsey identifie 28 mesures pour «décarboner» les exploitations afin de limiter la hausse des températures à 1,5 degrés d’ici 2050. Prises toutes ensemble, elles ont «un potentiel annuel de réduction des émissions d’environ 2,2 Gt eqCO2», indique le document publié le 27 juin. Ces mesures sont divisées en quatre grands secteurs: protéines animales, qui engagerait un effort de baisse de 23% de ses émissions de gaz à effet de serre (GES), cultures (-36%), riz (-59%) et énergie (-15%). Elles sont accompagnées d’une courbe de coût marginal d’abattement (MACC) qui fait apparaître les mesures les plus coûteuses à déployer (méthanisation, sans labour, engrais à efficacité améliorée pour réduire émissions d’oxyde nitreux…) et les plus économiques (biosolutions, inhibiteurs d’azote, sélection génétique, adaptations de l’alimentation animale, machines électriques et à l’hydrogène). Pour faciliter l’utilisation de ces leviers, McKinsey estime que les investisseurs public et privés ont un rôle à jouer notamment dans les dispositifs incitatifs comme «les marchés du carbone et de la biodiversité», la «traçabilité de la chaîne de valeur» et le développement des innovations pour la décarbonation.

Didier Bouville

Malgré la nouvelle interdiction des néonicotinoïdes en début d’année, les surfaces de betterave touchées par la jaunisse sont «faibles à modérées au niveau national», indique la CGB (betteraviers, FNSEA) dans un communiqué de presse du 10 août. Et de préciser qu’il existe notamment des foyers où la pression jaunisse est déjà forte, avec des parcelles touchées à plus de 50% dans les régions Centre-Val de Loire et Ile-de-France. La CGB ajoute qu’il est toutefois «prématuré» de dresser un bilan définitif de la jaunisse pour 2023: «Les symptômes continuent à apparaître dans plusieurs régions et il sera nécessaire d’attendre le début de la récolte à la mi-septembre pour mesurer précisément l’ampleur de l’épidémie et ses conséquences sur les rendements», souligne-t-elle. Dailleurs, le président de la CGB Franck Sander demande que «l’engagement de compenser intégralement les pertes de rendement» soit «respecté pour les agriculteurs concernés, quelle que soit l’ampleur de la jaunisse». Sa prise de parole intervient alors que l’interprofession dit avoir reçu un courrier du délégué interministériel auprès de la filière sucre indiquant «qu’en l’absence de crise de grande ampleur, il ne sera très vraisemblablement pas possible de justifier l’activation de l’article 221 de l’OCM», qui définit les «mesures d’urgence nécessaires et justifiables pour résoudre des problèmes spécifiques».

Didier Bouville