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À l’occasion de l’assemblée générale du FMSE (fonds professionnel sanitaire) le 30 mai, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a annoncé qu’il «est opportun de réformer le financement» de la gestion des risques sanitaires dans les filières animales. Pour ce faire, une mission va être lancée dans les prochaines semaines au CGAAER (ministère de l’agriculture). Le ministre a promis que cette réforme se fera «à coûts constants pour l’État» et a appelé à une «mutualisation accrue entre filières». Il a aussi assuré que «l’État abondera son implication dans les indemnisations à mesure de celle des professionnels». Alors que le ministère de l’agriculture s’apprête à réformer le dispositif du suivi sanitaire permanent (SSP), et qu’une réforme du bien-être animal doit être proposée par la Commission européenne d’ici la fin de l’année, le président du FMSE Joël Limouzin a appelé à une «pause dans la mise en place des Programmes sanitaires d’intérêt collectifs (Psic)» mis en place par le fonds national.

Eva DZ

Pour compenser l’afflux de céréales et oléagineux ukrainiens dans les pays d’Europe de l’est (Pologne, Bulgarie, Roumanie, Slovaquie, Hongrie), «il est nécessaire à ce stade de prolonger jusqu’à la fin du mois d’octobre la clause de sauvegarde exceptionnelle autorisant uniquement le transit de céréales et d’oléagineux sur leur territoire», a déclaré le 30 mai le commissaire à l’agriculture, Janusz Wojciechowski, à l’issue du Conseil agricole. Avant de préciser que «cela permettrait d’éviter de graves difficultés lors de la prochaine récolte». Cette mesure doit initialement expirer le 5 juin, date à laquelle il est prévu de renouveler pour un an la suspension des droits de douane et contingents tarifaires sur les produits ukrainiens importés dans l’UE. Malgré la réticence de plusieurs États membres (Allemagne, Espagne, France) à renouveler la clause de sauvegarde, Janusz Wojciechowski a expliqué qu’elle était également nécessaire pour stabiliser le marché. Depuis juin 2022, les importations en produits agroalimentaires ukrainiens de ces cinq pays d’Europe de l’est ont augmenté de 5 Mrd€. Avant d’être proposée formellement, cette mesure doit encore être approuvée par le collège des commissaires. Venu échanger avec les ministres des Vingt-sept, le ministre ukrainien de l’agriculture, Mykola Solskyi, a exprimé son opposition à la reconduction d’une telle mesure.

Eva DZ

«Il semblerait que du matériel génétique [du virus de l’influenza aviaire] ait persisté sur les parcours» d’élevage dans le Sud-Ouest, a indiqué François Landais, vétérinaire avicole au cabinet Anibio, lors d’une visioconférence des chambres d’agriculture le 17 mai. «Les animaux remis en place ont eu quatre, cinq semaines de vie normale. Dès qu’ils ont eu accès aux parcours, il est probable qu’ils se soient contaminés.» Une conclusion surprenante, car «on pensait impossible que le virus se maintienne trois ou quatre mois dans l’environnement, même avec un hiver froid et humide comme cette année». Comme suspecté, des séquençages confirment que la flambée actuelle est due à une «résurgence locale, et pas à une réintroduction par la faune sauvage migratoire», selon Jean-Luc Guérin, professeur à l’École vétérinaire de Toulouse (ENVT). Des doutes subsistent sur les mécanismes de cette résurgence, avec deux hypothèses : celle d’une «boucle locale qui fait que le virus n’a jamais quitté la zone», et celle d’une «évolution des propriétés du virus» qui aurait «gagné en stabilité dans l’environnement des élevages». «Toutes les données que l’on connaît sont défavorables» à cette deuxième hypothèse, note M. Guérin, qui «ne croit pas à la résistance du virus [à long terme] dans les bâtiments».

Eva DZ

Dans un rapport sur l’installation des personnes non issues du milieu agricole (Nima), le CGAAER (ministère de l’agriculture) souligne les besoins supplémentaires pour accompagner ces nouveaux profils. Il propose d’accroître la contribution de l’État au financement du parcours préparatoire à l’installation à hauteur de 50 à 80 %, selon les conclusions d’une mission dans le cadre de la LOA (loi d’orientation agricole). Cela représente 5 à 10 M€ d’enveloppe supplémentaire pour le PAIT (Programme d’accompagnement de l’installation transmission en agriculture), financé par l’Etat et les régions. «La remise à plat du parcours est indispensable pour prendre en compte ces nouveaux profils, former les conseillers et ouvrir les dispositifs à la pluralité des agricultures», considèrent les auteurs. Accompagner les Nima nécessite des moyens supplémentaires mais aussi «des changements de posture et surtout une remise à plat de l’écosystème agricole», d’après le CGAAER. Le rapport préconise ainsi d’élargir la gouvernance des instruments de régulation du foncier agricole pour mieux intégrer les nouveaux profils d’actifs. Cela concerne notamment le contrôle des structures et l’intervention des Safer.

Eva DZ

Jacky Salingardes, éleveur en Occitanie, a été réélu à la présidence de la Fnec (éleveurs de chèvres, FNSEA), annonce un communiqué. Le conseil d’administration de la Fnec s’est réuni, le 25 mai, pour élire son nouveau bureau après le renouvellement des administrateurs du syndicat lors de l’assemblée générale qui s’est tenue les 5 et 6 avril. Producteur de lait en AOP Selles sur Cher dans le Loir-et-Cher, Sylvain Boiron est élu secrétaire général à la suite de Franck Moreau, ce dernier ayant transmis son exploitation. Les postes de vice-présidents reviennent à Jean-Philippe Bonnefoy et Samuel Herault. Laurence Gueit assurera la trésorerie.

Eva DZ

Le syndicat Jeunes agriculteurs a souligné, en conférence de presse le 25 mai, les points de consensus à l’issue de la concertation sur le Pacte et la Loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOA), souhaitant les voir repris dans les textes finaux. Sur le volet «orientation et formation», il s’agit de sensibiliser au monde agricole et à ses transitions dès le plus jeune âge, pour favoriser les vocations. JA soutient l’idée d’une modernisation de l’offre de formation visant «plus d’ouverture et d’adéquation» avec les nouvelles compétences de l’agriculteur (adaptation au climat notamment). Concernant l’installation et la transmission, le syndicat adhère au consensus sur un guichet unique intégrant la formation, ouvert aux exploitants et aux salariés. JA défend la proposition d’un diagnostic de transmissibilité et d’un plan d’entreprise orienté vers la durabilité. Les avantages fiscaux et sociaux sont jugés nécessaires afin d’orienter la politique publique. Sur le volet adaptation au climat, JA souligne le consensus autour de la rémunération des productions, s’appuyant sur une planification au sein des filières. Il s’agit par ailleurs de mettre en place un diagnostic de gestion des risques, un droit à la prise de risque par l’expérimentation, des paiements pour services environnementaux.

Didier Bouville

Une trentaine d’éleveurs de la FNB (producteurs de bovins viande, FNSEA) se sont rassemblés le 25 mai devant le ministère de l’Économie, à Paris, pour réclamer un «plan de sauvegarde» de la filière, récemment pointée par un rapport de la Cour des comptes. Son président Patrick Bénézit plaide pour «un plan qui protège les éleveurs, qui permette d’arrêter la décapitalisation et qui permette aux éleveurs de pouvoir vivre de leur métier». La FNB a choisi de placer son action à Bercy en réponse au ministre de l’Économie Bruno Le Maire, accusé par la FNB d’avoir «stigmatisé lourdement le secteur de l’élevage» lors d’une visite chez HappyVore (steaks végétaux). Les éleveurs bovins souhaitaient aussi répondre à la Cour des comptes, qui a proposé dans un récent rapport de «réduire drastiquement l’élevage», selon le syndicat, afin de diminuer les émissions françaises de gaz à effet de serre. Une «véritable provocation» pour Patrick Bénézit: «La Cour des comptes parle de 11% des émissions pour l’élevage bovin, mais oublie de prendre en compte le CO2 stocké et la biodiversité dans nos 13 millions d’hectares de prairies». Tout en critiquant l’appel à réduire le cheptel, alors que la France a perdu «trois millions de vaches en soixante ans», mais que la consommation de viande bovine se maintient, au profit des importations. De son côté, dans un entretien sur France Inter le 25 mai, le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a proposé de «rencontrer les responsables du monde agricole, de la filière bovine aussi, pour discuter du fond du rapport»

Didier Bouville

Dans le cadre des négociations de l’accord de libre-échange avec l’Australie, la Commission européenne a proposé le 24 mai «un contingent d’importation de 24 000 tonnes de viande bovine», a rapporté le président de la FNB (éleveurs de bovins viande) Patrick Bénézit le lendemain. «Il s’agit d’une proposition de début de négociation, ce sera donc probablement un minimum», s’est-il inquiété lors d’une action syndicale devant le ministère de l’Économie à Bercy (Paris). Selon Dominique Fayel, président du groupe bovins viande au Copa-Cogeca, il s’agirait d’un quota à droits de douane nuls. Et il pourrait être mis en place progressivement sur une période de sept ans, d’après les informations d’Agra Europe. Bruxelles, qui compte conclure les négociations avec Canberra en juillet, aurait aussi proposé des quotas pour d’autres produits animaux: 20 000 t de viande ovine, 8000 t de lait écrémé en poudre ou encore 5000 t de beurre, le tout à droits de douane nuls. Concernant la viande bovine, le quota de 24 000 t en négociation s’ajouterait à d’autres volumes également en discussion, totalisant plusieurs dizaines de milliers de tonnes: 50 000 t pour le Canada (accord Ceta en application transitoire), 20 000 t en provenance du Mexique, 10 000 t de Nouvelle-Zélande (accord signé), ou encore 2 000 t en provenance du Chili et 99 000 t du Mercosur.

Didier Bouville

Après avoir reculé de 1,2% au début de l’année, la collecte laitière se rétracte de 3% en mars par rapport à 2022 sous l’effet de «la chute considérable des effectifs de vaches», indique la publication Tendances de l’Institut de l’élevage (Idele), parue le 23 mars. Les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer annoncent un niveau de baisse similaire pour le mois d’avril, autour de 2,5-3%. Et la situation ne devrait pas s’améliorer dans les mois à venir, selon les projections de l’Idele. «Depuis 2015, on assiste à un recul du cheptel laitier avec un accroissement progressif de la perte des vaches année après année. Jusqu’à récemment, la collecte avait peu reculé. Dorénavant, la chute considérable des effectifs de vaches a un impact significatif sur le niveau de collecte», expliquent les auteurs. Le recul du cheptel laitier s’établit à 2,4% au 1er avril par rapport à 2022. Il s’explique par la baisse du nombre d’entrées de génisses (3%), plus que par la réforme de vaches laitières qui a «fortement diminué» (-7%/2022). En lait bio, le déclin de la collecte est encore plus importante (-4,3% en mars/2022).

Didier Bouville

Entre mars 2022 et mars 2023, les prix des produits vendus par les entreprises agroalimentaires à la grande distribution ont augmenté de 16%*, selon un communiqué faisant part des résultats de l’Observatoire des négociations commerciales annuelles, publié par le médiateur, le 24 mai. Cette évaluation tient compte des hausses de prix négociées dans le cadre des «renégociations commerciales», déclenchées en mars 2022 pour pallier les effets de la guerre en Ukraine et de l’influenza aviaire. Les négociations commerciales annuelles, qui se sont tenues du 1er décembre 2022 au 1er mars 2023, ont abouti sur une hausse de 9% des tarifs. Les fournisseurs demandaient en moyenne 14% de hausse. En ce qui concerne la mise en œuvre d’Egalim 2, les industriels et les distributeurs s’accordent à dire que «la prise en compte de l’évolution du coût de la matière première agricole (MPA, ndlr) s’est effectuée dans des conditions globalement satisfaisantes». Les contrats doivent, depuis les précédentes négociations, comporter des clauses de révision du prix de la MPA en fonction de l’évolution des prix de marché. Leur déclenchement est prévu une seule fois dans l’année dans environ 40% des cas. Dans le reste des contrats, la moitié prévoit une révision séquencée (deux fois dans l’année), l’autre une révision certaine et une révision conditionnelle.

*Tous les pourcentages sont exprimés en prix 3-net : prix du tarif diminué des ristournes et rabais du fournisseur et du montant des prestations commerciales facturées par l’acheteur

Didier Bouville