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Le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, s’est entretenu à distance avec le ministre australien du Commerce, Don Farrell, le 31 août mais leur discussion n’a pas permis d’avancées dans les pourparlers sur un accord commercial. Aucune date pour une prochaine session de négociation n’a été fixée. «Nous nous sommes mis d’accord pour intensifier les discussions en vue de conclure l’accord dans les prochains mois», a simplement déclaré le commissaire européen. L’objectif initial était de conclure ces discussions en juillet mais l’Australie avait refusé l’offre européenne sur l’accès des produits agricoles australiens au marché européen. «Les politiques protectionnistes de l’UE en matière d’agriculture font qu’il est très difficile pour les entreprises australiennes d’être à l’aise avec les offres qui sont actuellement sur la table», a récemment commenté le ministre australien Don Farrel dans la presse. Pour l’instant, la Commission européenne a proposé à l’Australie un contingent d’importation de 24000 tonnes de viande bovine, de 20000 t de viande ovine, 8000 t de poudre de lait écrémé ou encore 5000 t de beurre, le tout à droits de douane nuls. L’Australie insiste auprès de l’UE pour pouvoir continuer à utiliser le nom de certaines appellations (prosecco, feta, parmesan et pecorino notamment) alors que l’UE a soumis à l’Australie une liste de plus de 400 indications géographiques à protéger.

Didier Bouville

Chambres d’agriculture France a critiqué le 31 août un «décalage» entre les ambitions du gouvernement en matière de planification écologique et son financement. «Je suis en colère», a déclaré le président Sébastien Windsor, face à un exécutif qui «a des ambitions fortes pour l’agriculture» mais «ne veut pas mettre les moyens». D’après ses informations, le réseau consulaire ne bénéficiera pas de la hausse de la taxe foncière en 2023. Une source de financement que les chambres espéraient voir renforcée. Pour mettre en oeuvre la planification écologique, «il faudra le même niveau d’accompagnement qu’après-guerre», a estimé Sébastien Windsor, soulignant un besoin «colossal» des agriculteurs. La décarbonation ne nécessite «pas de saut technologique», ne représente «pas d’investissement majeur» et «pas de difficulté économique» pour un certain nombre d’objectifs. Encore faut-il «aider les agriculteurs à faire différemment». C’est le rôle que veulent assumer les chambres. Des travaux sont déjà menés en élevage laitier, pour confronter la théorie à la réalité des exploitations. Par exemple, le réseau explore les leviers permettant de renforcer l’autonomie protéique.

Didier Bouville

Réagissant aux annonces du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, le président de la Fnsea Arnaud Rousseau a déclaré en conférence de presse, le 31 août, qu’il souhaitait, qu’après la distribution et l’agroalimentaire, le maillon agricole soit reçu à Bercy. «Bruno Le Maire dit que les produits agricoles ne seront pas concernés, j’attends qu’il m’explique comment», expose-t-il. Reçu par le ministre aux côtés d’autres représentants de l’industrie, le président de la Coopération agricole Dominique Chargé a plaidé pour que les mesures gouvernementales ne soient pas prises «aux dépends des producteurs agricoles et de nos coopératives». «On reste dans une situation où nos coûts de production ont beaucoup augmenté», explique-t-il. L’Ania, dont certains adhérents sont concernés par les négociations anticipées, est «d’accord sur le principe [de la mesure,ndlr] qui permet de faire cesser cette suspicion selon laquelle nous ne voudrions pas négocier», a assuré son président Jean-Philippe André à l’AFP. «Anticiper d’un mois» la fin des négociations commerciales en 2024 «au 31 janvier doit être un objectif pouvant être atteint», estime-t-il. «C’est un petit premier pas (…) mais ça ne suffit pas», a en revanche affirmé le délégué général de la FCD (distribution), Jacques Creyssel, sur France Info.

Didier Bouville

«Les 75 plus grands industriels vont s’engager dès maintenant dans les négociations tarifaires avec les distributeurs», a annoncé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, le 31 août, sur l’antenne de France 2, à l’issue d’une réunion avec les distributeurs la veille et les industriels le matin même. Le gouvernement passera par la voie législative pour «graver dans le marbre» l’avancée du début des négociations commerciales pour les plus grands fournisseurs de la grande distribution au 15 octobre au lieu du 1er décembre pour cette année et incite les parties prenantes à commencer dès maintenant leurs discussions. L’objectif est de voir «des baisses de tarif dès le mois de janvier 2024», affirme le locataire de Bercy. Par ailleurs, le ministre souhaite qu’une mission parlementaire se penche sur le format des négociations commerciales, précise son entourage. Outre l’ouverture anticipée des négociations, les industriels et les distributeurs se sont engagés sur 5000 références de produits «dont les prix ne doivent plus bouger ou bouger à la baisse», explique Bruno Le Maire. Les distributeurs devront également répercuter de manière «obligatoire et immédiate» les baisses de prix des industriels dans les rayons. En août, l’inflation des prix alimentaires a ralenti pour le cinquième mois consécutif. Selon les estimations provisoires de l’Insee, les prix sont en hausse de 11,1% sur un an contre 12,7% en juillet.

Didier Bouville

Le Conseil d’Etat a rejeté, le 30 août, la requête en urgence des associations LPO et One Voice qui demandaient la suspension provisoire du nouvel arrêté fixant la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod). Les juges ont estimé que les conditions d’urgence et de «doute sérieux» sur la légalité de la mise en œuvre de l’arrêté, nécessaires pour entraîner sa suspension immédiate, n’étaient pas remplies. Ils se prononceront sur le fond du dossier à une date ultérieure. La LPO et One Voice, ainsi que la partie adverse constituée notamment par le ministère de la Transition écologique et la Fédération nationale des chasseurs, avaient été entendus par les juges lors d’une audience de référé-suspension le 28 août. Les associations de défense de la biodiversité avaient tenté d’obtenir gain de cause en pointant des écueils pour deux espèces: la martre des pins dans l’Aude, la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées-Orientales; et la belette dans le Pas-de-Calais. Publié au Journal officiel le 4 août, l’arrêté Esod permet d’abattre neuf considérées « nuisibles » dans certains départements.

Didier Bouville

La production d’alimentation pour les animaux d’élevage s’établit à 9,48 millions de tonnes (Mt) au premier semestre de l’année 2023 et marque nouveau en recul de 1,8%, après une «baisse historique» de 6,6% en 2022, ont indiqué les fabricants «privés» (Snia) en conférence de presse, le 30 août. Dans le détail, les fabrications destinées aux ruminants atteignent 3,1Mt et sont «en légère hausse» (+0,7%), portée notamment par la demande pour les vaches laitières (+1,8%). Les fabrications pour l’alimentation des petits ruminants sont cependant en recul de 3,6% après avoir fortement augmenté en 2022. La production destinée aux élevages avicoles —premier débouché du secteur— «se stabilise» à 3,7Mt (-0,4%), mais reste affectée par l’influenza aviaire. En revanche, la production à destination de la filière porcine sont en «chute libre» (-5,9%) et s’établit à 2,1Mt, souligne le président du Snia, François Cholat. Le déclin «structurel» des volumes d’aliments pour les porcins lié à la décapitalisation est une «grosse inquiétude» pour les industriels, souligne Philippe Manry, vice-président du Snia. Plus largement, le syndicat alerte sur la baisse des volumes qui «dégrade» la rentabilité des entreprises.

Didier Bouville

Plusieurs mesures importantes pour le secteur agricole doivent être présentées par le gouvernement dans les prochaines semaines, principalement autour de trois temps forts. Le ministre de l’Agriculture se rendra d’abord le 10 septembre sur le salon Terres de Jim, à Cambrai (Nord) où il présentera «les grands axes» du Pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricole (PLOA), indique le cabinet de Marc Fesneau. «Il s’agira d’une première communication même si tous les textes ne sont pas finalisés», précise-t-on (voir ici les grandes lignes de l’avant-projet). La version finale du projet de loi sera présentée en Conseil des ministres «à l’automne», vraisemblablement vers novembre. Le Pacte ne sera pas, comme pressenti un temps, seulement le volet réglementaire. Il contiendra l’ensemble des mesures, intégrant le projet de loi, quelques dispositions réglementaires – a priori de faible envergure, selon une source professionnelle – des «objectifs généraux» issus de la concertation, des «outils de financement» et des plans «de souveraineté alimentaire et de transitions écologiques». Deuxième rendez-vous: le conseil de la Planification écologique devrait se réunir «mi-septembre» et préciser les hypothèses provisoires présentées en juin pour la nouvelle Stratégie nationale bas carbone (SNBC 3). Enfin le projet de loi de finances (PLF) pour 2024 devrait être présenté le 27 septembre, qui devrait dévoiler ou confirmer les enveloppes budgétaires dédiées à plusieurs des mesures inclues dans la LOA et la Planification écologique (Fonds de transition, fonds de portage, Pacte pour la haie…).

Didier Bouville

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a promis mardi que «tout ce qui peut améliorer la situation» de l’inflation alimentaire «serait retenu», avec une «limite» toutefois, ne pas «rogner les marges» des agriculteurs. «Toutes les propositions sont les bienvenues», a estimé M. Le Maire en marge de la REF 2023, l’université d’été du Medef, alors qu’il recevra mercredi et jeudi les distributeurs puis les industriels du secteur, en compagnie de la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire. M. Le Maire répondait à la presse notamment au sujet de la demande du PDG de Carrefour Alexandre Bompard d’un moratoire sur l’application de la loi Descrozaille. M. Le Maire s’est «félicité que les distributeurs fassent des propositions». «C’est comme cela qu’on arrivera ensemble à de meilleurs résultats, nous allons tout regarder de manière constructive», a-t-il dit, et «tout ce qui nous permettra d’améliorer la situation, nous le retiendrons». «La seule chose à laquelle je suis très attentif, ce sont les inquiétudes des agriculteurs qui ne veulent pas qu’on tire les prix vers le bas pour leur production agricole», a cependant prévenu le ministre : «c’est la seule limite que je fixe, je ne veux pas qu’on rogne les marges des agriculteurs».

Didier Bouville

La création d’une taxe sur les pesticides remboursée aux agriculteurs permettrait de réduire l’usage des phytosanitaires de 25%, selon une étude de l’Inrae qui sera présentée au congrès des économistes agricoles à Rennes (du 29 août au 1er septembre). Les chercheurs ont testé ce scénario avec des données de grandes cultures (céréales, betterave, pois, colza) collectées dans la Marne entre 2007 et 2014. D’après leur simulation (avec le modèle MEMC), une taxe de 100% sur les prix des pesticides réduit de 25% l’utilisation de pesticides. De plus, une compensation à hauteur de 100% de la taxe payée (compensation homogène par culture et aire de production) permet de limiter les pertes de revenu à 21€/ha en moyenne, au lieu de 165€/ha. L’intérêt de ce dispositif, envisagé à échelle de l’UE, est d’inciter fortement à diminuer l’utilisation de phytosanitaires tout en neutralisant «dans une large mesure» l’effet négatif de la taxe sur le revenu des agriculteurs, souligne l’étude. Il conviendrait désormais de mener cette simulation «pour d’autres cultures, les fruits et légumes en particulier» ajoutent les auteurs.

Didier Bouville

Le marché mondial du blé connaît une «domination russe», rendue «nécessaire» par les faibles disponibilités des autres grands exportateurs en 2023-24, a souligné le 24 août la société de conseil Agritel. «La domination russe va perdurer, a déclaré le chef analyste Alexandre Marie, lors d’une conférence de presse. Elle est nécessaire, vu l’équilibre précaire du marché» du blé à l’échelle internationale. La Russie dispose d’une offre abondante sur l’actuelle campagne, proche du record de l’an dernier avec une production de 87,5 Mt de blé et un stock de 17,4 Mt. Ses exportations sont attendues à 49 Mt, du jamais vu. Cela représente environ un quart du commerce mondial, d’après Agritel. Le leadership du blé russe est accentué par une baisse de production des huit principaux exportateurs mondiaux, à 374,7 Mt (-23 Mt sur un an). Autre élément de «fragilité» du marché, selon Alexandre Marie, l’origine mer Noire pèse environ 40% du commerce international de blé. «Le risque géopolitique est majeur» dans cette zone, théâtre de la guerre entre Russie et Ukraine. La mer Noire voit 31% de ses capacités d’export à l’arrêt, 54% à risque, d’après Agritel.

Didier Bouville