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Lors d’un conseil d’administration le 6 septembre, Philippe Bizien a été élu président d’Inaporc, indique un communiqué le même jour. À l’issue d’une campagne musclée, l’éleveur finistérien était finalement «le seul candidat à la présidence à la suite du retrait de François Valy». Philippe Bizien est président d’Evel’Up, deuxième groupement en France, en négociation avec Agrial en vue d’un rapprochement. Il préside aussi la section porcine de la Coopération agricole. Comme le précise l’interprofession, «après un début de carrière mené dans le secteur de la banque et des assurances, Philippe Bizien a repris l’élevage familial». Une exploitation qui fait l’objet d’une enquête du parquet de Brest visant l’extension de 9000 à 12 000 porcs. Dans un contexte de baisse de la production et de prix du porc record, M. Bizien «s’attachera à maintenir la cohésion de la filière», tout en poursuivant la «démarche de responsabilité sociétale à horizon 2035 pour définir une stratégie collective de sortie de crise». De son côté, François Valy «a préféré se désister pour l’intérêt de la filière», indique le communiqué d’Inaporc. Éleveur dans le Morbihan, M. Valy a été reconduit à la présidence de la FNP (producteurs de porcs, FNSEA) le 5 septembre.

Didier Bouville

Réunis autour du ministre de l’Agriculture, le 6 septembre, les acteurs impliqués dans l’aide alimentaire (associations caritatives, représentants des filières agricoles, industriels, distributeurs) ont échangé sur les besoins «à moyen et long terme» pour faciliter le don, a expliqué Marc Fesneau à la presse. Trois priorités sont ressorties des discussions. En premier lieu, la simplification des procédures de dons. «Les procédures sont beaucoup trop lourdes. C’est un sujet de découragement aussi bien pour celui qui donne que pour celui qui récupère le produit», constate le ministre. Marc Fesneau entend également que les procédures pour les marchés publics, auxquels recourent certaines associations, sont «trop complexes». Enfin, la «capacité logistique à collecter les dons» apparaît comme «le sujet principal», relève le ministre. Cette question donnera lieu à «un travail de plus long terme», explique-t-il. Dans l’immédiat, les acteurs de l’aide alimentaire sont confrontés à des difficultés liées à l’afflux de nouveaux bénéficiaires dans un contexte de forte hausse des prix alimentaires. Les besoins se situent principalement sur les produits frais (fruits et légumes, lait et viande). Les Banques alimentaires sont «en rupture» sur le lait, alerte la directrice de la fédération nationale Laurence Champier. Elle chiffre les besoins des associations à l’équivalent de 3M€ de lait d’ici juin 2024.

Didier Bouville

À l’occasion d’un déplacement au siège des Restos du cœur, le 5 septembre, la ministre des solidarités Aurore Bergé a annoncé de nouveaux versements pour les associations d’aide alimentaire, en plus de l’enveloppe de 15 M€ allouée aux «Restos» qui assurent 35% de l’aide alimentaire. Les Banques alimentaires, dont le modèle repose essentiellement sur les dons en nature, recevront 11 M€, le Secours populaire 6 M€, la Croix rouge 3,8 M€ et les épiceries sociales (Andes) 2,5 M€. Ces montants sont attribués, de façon accélérée, dans le cadre du volet national (40 M€) du programme «Mieux manger pour tous», précise le cabinet d’Aurore Bergé, contacté par Agra Presse. Au total, le soutien de l’État pour l’aide alimentaire s’élèvera à 156 M€ en 2023 «soit plus qu’un doublement en trois ans», souligne la ministre dans un communiqué. Une réunion entre les représentants des filières agricoles, alimentaires et les associations de dons alimentaires s’est tenue le 6 septembre autour du ministre de l’agriculture «afin d’identifier des leviers et des mesures de soutien», informe la Rue de Varenne. Après les distributeurs, les acteurs de l’agroalimentaire prennent la parole sur le sujet. Dans un communiqué, l’Ania (entreprises alimentaires) «appelle à la générosité de tout son réseau» pour soutenir les associations qui viennent en aide aux personnes précaires.

Eva DZ

Lors du congrès de Culture Viande (abattage-découpe) le 5 septembre, le président de la section bovine d’Interbev Emmanuel Bernard a présenté les premiers résultats de l’observatoire de la contractualisation en viande bovine. Selon ces chiffres fournis par les abatteurs, seules 14% des femelles allaitantes ont fait l’objet d’un contrat au premier semestre 2023, contre 10% en vaches laitières. Pour la voie mâle, historiquement plus organisée, 30% des jeunes bovins (JB) de races à viande et 46% des JB de races à lait sont contractualisés. «Il faut absolument qu’il y ait une contractualisation sur les femelles, c’est comme cela que l’on arrêtera la décapitalisation», a estimé M. Bernard. «On exporte chaque année entre 250 000 et 300 000 femelles en Italie, a rappelé cet éleveur nivernais. «Si nous étions capables de les contractualiser, avec un engraissement en France, elles seraient consommées en France», espère-t-il, car les consommateurs français privilégient la viande des animaux femelles. À titre de comparaison, un rapport de FranceAgriMer de 2011 estimait qu’environ un quart de la production française était contractualisée, essentiellement en JB. Depuis 2022, en application de la loi Egalim 2, les contrats sont obligatoires entre les éleveurs de bovins et leur premier acheteur.

Eva DZ

Après avoir communiqué le 3 juillet un chiffre provisoire de 906 loups, l’Office français de la biodiversité (OFB) a finalement réévalué la population lupine à 1104 individus en sortie d’hiver 2023, d’après un message du préfet référent sur le loup Jean-Paul Celet qu’Agra Presse a pu consulter le 5 septembre. M. Celet y indique avoir décidé, «en accord avec les ministères concernés», de «réévaluer le plafond de tirs dérogatoires», fixé à 19% des effectifs. Ce nouveau chiffrage était attendu et fait partie de la procédure habituelle. Dans le détail, après «prise en compte des analyses génétiques», l’OFB a évalué le chiffrage définitif de la population de loups pour 2022 à 1096 individus (contre 921 précédemment). Ce chiffre pour 2022 est pris en compte dans l’évaluation de la population de 2023, obtenue à partir des «indices de présence récoltés au cours de l’hiver», ainsi que d’une «relation statistique avec la valeur consolidée des années antérieures». Dans son message, le préfet Celet indique que le futur Plan loup, attendu dans les prochaines semaines, visera «la sortie d’un seul chiffre stabilisé par an». Un chantier qui ne remet pas en cause la méthode de comptage, qui «reste à ce jour l’une des plus élaborées et parmi les plus abouties en Europe», selon le représentant de l’État.

Eva DZ

La rentrée 2023 dans l’enseignement agricole voit des effectifs stables avec 154 000 élèves (de la 4e au BTSA), mais en baisse de 8,6 % concernant le total entre 43 000 apprentis (du certificat d’aptitude professionnelle au BTSA), et 16 400 étudiants & apprentis (pour les métiers d’ingénieur agronome, vétérinaire ou paysagiste-concepteur), d’après les chiffres du ministère de l’agriculture. Parmi les nouveautés, le parcours est simplifié pour les étudiants ou apprentis en BTSA souhaitant devenir ingénieur ou vétérinaire, avec la suppression de la classe préparatoire ATS-bio. Avant de rejoindre les écoles d’agronomie ou vétérinaires, les lauréats du concours BTSA/BTS suivront une année passerelle, dispensée dans une classe à effectif réduit au sein d’un lycée agricole. Les élèves de l’enseignement agricole toucheront une gratification lors de leurs stages, allant de 50 à 100 €/semaine. Cette rentrée sonne aussi la mise en œuvre du Pacte enseignant, annoncé par Emmanuel Macron. Les professeurs et conseillers principaux d’éducation (CPE) seront mieux payés, via notamment une rémunération supérieure à 2 000 € nets/mois pour tous les professeurs titulaires en début de carrière, une revalorisation pour les contractuels.

Eva DZ

La ministre des solidarités Aurore Bergé a annoncé, le 3 septembre sur TF1, une enveloppe de 15 millions d’euros (M€) pour venir en aide aux Restos du cœur, en difficulté face à l’afflux de demandeurs et la hausse des prix de l’alimentation. Plus tôt dans la journée sur la même chaîne, le président des «Restos» Patrice Douret avait alerté sur la situation de l’association d’aide alimentaire qui passe de 140 millions de repas servis en 2022 à 170 millions cette année. «Nous allons devoir prendre des mesures très difficiles et réduire fortement le nombre de personnes que l’on va accueillir dès la prochaine campagne (…) et les personnes que l’on va accueillir, nous allons devoir leur donner moins de produits», a-t-il expliqué. Sur les 15 M€ annoncés, 10 M€ étaient déjà «dans les tuyaux», a réagi sur France Info le porte-parole de l’association Yves Mérillon, le 4 septembre. Il ajoute que 35 M€ seraient nécessaires «rien que pour 2023» et appelle le gouvernement à prendre des mesures pour «enrayer toute cette pauvreté qui augmente dans le pays». Le cabinet d’Aurore Bergé précise à Agra Presse que 10 M€ seront attribués aux «Restos» dans le cadre du programme Mieux manger pour tous, ce qui avait été «évoqué dans les discussions avec eux, mais pas acté». Les 5 M€ restants seront alloués via «une aide complémentaire».

Eva DZ

La Commission européenne a annoncé le 4 septembre qu’elle était prête à présenter «une proposition visant à modifier le statut de protection du loup au sein de l’UE et à mettre à jour le cadre juridique, afin d’introduire, lorsque c’est nécessaire, davantage de flexibilité, à la lumière de l’évolution de cette espèce». Une initiative lancée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, elle-même : «La concentration de meutes de loups dans certaines régions d’Europe est devenue un véritable danger pour le bétail et, potentiellement, pour l’homme», estime-t-elle. Les communautés locales, les scientifiques et toutes les parties intéressées sont donc invitées à soumettre, d’ici au 22 septembre, des données actualisées sur les populations de loups et leurs impacts. Cette initiative a immédiatement été saluée par Marc Fesneau en marge de la réunion des ministres de l’agriculture de l’UE à Cordoue dans le sud de l’Espagne, même si celui-ci a regretté que cette décision arrive si tard. En juin, une douzaine de ministres de l’agriculture de l’UE avaient une nouvelle fois demandé à Bruxelles de revoir les règles encadrant la gestion des populations de grands carnivores (loups et ours en premier lieu) dont le nombre a fortement augmenté au cours des dernières années. La Roumanie, à l’origine de l’initiative (soutenue notamment par la France, l’Italie, la Finlande et l’Autriche), souhaite que le statut du loup, notamment dans la directive Habitat, soit reclassé de l’annexe IV (statut de protection stricte) à l’annexe V (statut de protection simple).

Eva DZ

Dans trois notes parues fin août, le ministère de l’Agriculture constate un recul significatif des abattages dans les élevages d’ovins, de bovins et de porcins sur le premier semestre. Dans la filière ovine, les abattages d’agneaux et d’ovins de réformes reculent respectivement de 9,1% et 1,7% de janvier à juillet. Sur la même période, la consommation a fortement progressé (+23%, à 75 000 tonnes), profitant aux importations qui ont doublé pour atteindre près de 40 000 tonnes. En porc, les abattages reculent de 5,4% en tonnages de janvier à juillet, face à une consommation également en recul (-4,4%), qui voit exportations (-9,8%) et importations (-5,8%) refluer. Enfin, en bovins, les abattages reculent de 3,8% depuis le début de l’année, tout comme les exportations de broutards légers (-13%) et de viande bovine (-17%). Face à une consommation apparente (qui ne tient pas compte des stocks) en léger recul (-1%), les importations reculent légèrement (-2%). La production a fait face à une situation fourragère plutôt moyenne: au 20 août 2023, la pousse cumulée des prairies permanentes était inférieure de 4% à la moyenne de la période 1989-2018.

Didier Bouville

Dans deux communiqués distincts, le 1er septembre, la Coopération laitière et la FNPL (producteurs de lait, FNSEA) demandent que la filière laitière soit exclue des négociations commerciales anticipées. La veille, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé que les 75 plus grands industriels allaient commencer «dès le mois de septembre et jusqu’au 15 octobre» leurs négociations avec les distributeurs pour une entrée en vigueur des nouveaux tarifs au plus tard fin janvier. Parmi ces entreprises, selon la liste de NielsenIQ publiée par LSA, on trouve les grands acteurs de la filière laitière: Agrial, Bel, Danone, Lactalis, Savencia, Laïta et Sodiaal. «L’ouverture des négociations commerciales anticipée est une source d’inquiétude très forte pour les éleveurs laitiers. À aucun moment dans la communication de Bruno Le Maire, l’exemption qui prévalait jusque-là pour la filière laitière n’a été confirmée», relève la FNPL. «La coopération laitière s’étonne, tout comme la FNPL, de la non reprise de la spécificité laitière qui était exemptée des renégociations avec la grande distribution», abondent les coopératives. Le locataire de Bercy, qui depuis plusieurs mois incite les industriels à renégocier leurs prix, avait jusque-là fait la distinction entre le lait et les autres matières premières agricoles.

Didier Bouville