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En mars, 81% des catégories de produits alimentaires étaient inflationnistes selon le panéliste NielsenIQ, contre 68% en février. Le taux d’inflation est de 1,26% par rapport à mars 2021 sur l’ensemble des produits alimentaires, note la société qui fait référence sur les ventes de produits en grande surface. «Alors que le mois de mars vient tout juste de se terminer, l’inflation des produits de grande consommation a connu une nette accélération par rapport au mois de février (il s’établissait alors à 0,52%, ndlr), décrypte Emmanuel Fournet de NielsenIQ France. La clôture des négociations commerciales, dans un contexte de guerre en Ukraine, est la raison majeure de cette accélération de l’inflation des produits de grande consommation». Le taux d’inflation dépasse les 4% pour trois catégories de produits : les pâtes alimentaires sont en tête avec une hausse de 12,34%. Viennent ensuite les légumes secs (+5,35%), et la viande et les volailles surgelées (+4,24%). Cinq autres produits sont au-dessus des 3%: l’huile (+3,92%), les fruits au sirop (+3,56%), le café torréfié (+3,52%), le riz (+3,44%) et les légumes en conserves (+3,39%). La tendance inflationniste observée en février et confirmée au mois de mars pourrait encore s’accentuer sous l’effet des renégociations de tarifs entre industriels et distributeurs.

Didier Bouville

Dans une lettre ouverte commune adressée le 13 avril au gouvernement, les présidents du Sedima (distributeurs de machines agricoles) et d’Axema (constructeurs) souhaitent «alerter les responsables politiques français et européens» sur les effets combinés de l’inflation des matières premières (acier, énergie), de difficultés d’approvisionnement en certains composants et de la fermeture de débouchés liés à la guerre en Ukraine. Les fédérations craignent pour leurs entreprises, à cause d’une demande qui pourrait être réduite par l’inflation et la fermeture de marchés à l’export, mais aussi de difficultés de trésorerie chez les distributeurs qui ne réussiraient pas à répercuter ces hausses.

Elles craignent aussi une «désorganisation de la production agricole», en raison de l’allongement des délais de livraison de machines agricoles. Selon une enquête d’Axema, ces délais se sont allongés en moyenne de 11 semaines «par rapport à une situation normale». Selon la filière du machinisme agricole, cela «peut mettre en péril la bonne exécution du travail de la saison et hypothéquer les récoltes à venir». En dernier lieu, les deux fédérations craignent une détérioration des relations entre distributeurs et agriculteurs, aussi bien pour la vente de matériel neuf que la reprise de matériel d’occasion.

Didier Bouville

Corteva Agriscience a inauguré ce 12 avril à Aussonne en Haute-Garonne, son premier Centre de technologies d’application de traitement des semences (CSAT) en Europe. Après les États-Unis en 2015 et le Brésil en 2019, ce nouveau CSAT est le troisième construit par le groupe. D’une surface de 1 300 m2, le centre a nécessité 18 mois de travaux et 6 M€ d’investissement. Centre névralgique de la R&D en Europe, il aura pour mission de concevoir des « recettes » d’enrobage, selon les termes de la directrice du centre Nilceli Fernandes, répondant aux demandes des clients européens (sur maïs, tournesol et soja en majorité), mais également de les tester et de passer à l’échelle de production industrielle. Nouveau sur le segment de l’enrobage, Corteva Agriscience souhaite se positionner comme un acteur majeur de l’agriculture durable. Il prévoit ainsi dans son nouveau CSAT de développer des solutions d’enrobage utilisant biostimulants et solutions de biocontrôle. «Le marché mondial de l’enrobage représente actuellement un montant de 5 à 6 Mds$, et il pourrait atteindre les 10 Md$ dans les prochaines années», estime Prabdeep Bajwa, directeur de portefeuille au sein du groupe. Corteva Agriscience est valorisé à 40 Mds€ à la bourse de New-York.

Didier Bouville

Selon la presse locale, la Sopa, une société d’équarrissage du Cantal, est «menacée de fermeture», après avoir perdu un marché d’enlèvement des animaux trouvés morts (ATM) au profit de la Secanim, filiale française du groupe allemand Saria. «La décision de lui retirer son principal marché de collecte remet en cause la continuité des services auprès du monde agricole et des collectivités», regrette la FNSEA dans un communiqué paru le 12 avril. Et d’appeler «au maintien d’entreprises d’équarrissage réparties sur l’ensemble des territoires». La société Sopa est co-détenue par «la profession agricole» et le groupe Saria, qui aurait proposé à la suite de l’obtention du marché de le faire sous-traiter par la Sopa. «Ca n’est pas possible, ça met la Sopa par terre», a témoigné Jean-Pierre Chateau, président de la Sopa, auprès de France Bleu, selon qui une procédure judiciaire s’est engagée entre la Sopa et Saria. Une situation que regrette Hervé Fumery, porte-parole de la filiale de Saria, interrogé par France Bleu: « Sopa s’est enfermée dans une situation de non-droit et continue à collecter sans avoir de contrat, fait signer des papiers à des éleveurs».

Didier Bouville

Dans un communiqué du 6 avril, les fromages de Savoie IGP (tomme de Savoie, raclette de Savoie, emmental de Savoie) ont fait le point sur l’avancée du projet de passage en AOP, annoncée en 2019. La démarche a été validée en assemblée générale le 7 décembre puis entérinée par le conseil d’administration de l’organisme de défense et de gestion (ODG) des trois IGP, Savoicime. La «prochaine étape» sera la rédaction des cahiers des charges pour déposer une candidature à la commission nationale de l’INAO, informe le communiqué. «Nos fromages IGP de Savoie se caractérisent par le fait que toutes les étapes de production se font dans la zone géographique, explique dans le communiqué Thomas Dantin, le président de Savoicime. Nos vaches mangent les produits de la zone, en autonomie fourragère, et notre savoir-faire témoigne d’un vrai lien au terroir, à tous les maillons de la chaîne de fabrication. Ce lien est mieux reconnu par le consommateur et le grand public, quand on est en AOP». La tomme de Savoie et l’emmental de Savoie ont obtenu la reconnaissance européenne en IGP en 1996 et la raclette de Savoie en 2017.

Didier Bouville

Pour la première fois depuis la signature d’un accord-cadre en septembre 2019, l’Unell (association de neuf OP livrant à Lactalis) n’a pas trouvé d’accord avec Lactalis sur un prix du lait au mois d’avril, à l’instar de l’organisation de producteurs de Lait Grand Ouest (OPLGO) qui, elle, n’a pas d’accord-cadre avec l’industriel. «Lactalis souhaitait amputer le prix du lait pour le mois d’avril sur la base de l’étude commandée par Atla (portant sur un correctif de l’indicateur beurre-poudre, nldr)», relate le président de l’Unell Claude Bonnet à Agra Presse. L’AOP a donc rejeté la proposition de Lactalis au motif que l’indicateur en question n’aurait pas été validé l’interprofession, comme le prévoirait leur accord-cadre. En conséquence, l’industriel a annoncé reconduire le prix du lait du mois de mars (404€/1000 l) au mois d’avril, d’après une note d’information envoyée aux producteurs. L’OP Lait Grand Ouest signale une même décision «unilatérale» de la part de Lactalis après que des représentants des producteurs ont refusé un «protocole d’accord» comportant la reconnaissance du correctif sur l’indicateur beurre-poudre, indique leur président Frédéric Epineau. «On ne lâchera pas la négociation sur le mois d’avril», assure-t-il. Lactalis n’a pas répondu aux sollicitations.

Didier Bouville

Dans un communiqué commun du 8 avril, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) se sont dits «abasourdis et en colère devant le comportement de certains distributeurs» à l’issue du comité de suivi hebdomadaire des «nouvelles négociations commerciales». «Une semaine après la signature de la charte, certaines enseignes sont prêtes à bafouer son contenu sans aucun scrupule», poursuivent les deux syndicats. Or, le président de la commission économie à la FNSEA, Yannick Fialip, alerte: «Si des hausses de tarif ne sont pas passées très rapidement, la durabilité des filières sera remise en cause». «La distribution n’a absolument pas conscience de ce qui se joue pour la santé des entreprises», abonde le président de la Coopération agricole, Dominique Chargé. «La charte ne traduit que des intentions. Les distributeurs jouent d’artifices pour reporter le sujet et restent dans leur logiciel de guerre des prix.» Les trois organisations, FNSEA, JA et Coopération agricole, insistent sur le décalage entre l’inflation alimentaire constatée dans les rayons français (+2,8% sur un an en mars selon l’Insee) et celle dans le reste de l’Europe. «Dans certains pays, elle atteint même 10 à 12 %, là où la répercussion des hausses de charges est plus réactive», signale le communiqué commun de la FNSEA et des JA.

Didier Bouville

Contacté par Agra Presse le 8 avril, le président de Sodiaal Damien Lacombe défend l’adoption par le conseil d’administration de la coopérative du correctif de -47,7 €, tiré de l’étude commandée par Atla (transformateurs) sur un indicateur selon lui «complètement dépassé». Chez Sodiaal, le prix B (volumes de lait valorisé sur les marchés extérieurs et basés sur les cours beurre-poudre) a été fixé à 496 €/1000 l au mois d’avril. La FNPL (producteurs de lait, FNSEA), dans un communiqué du même jour, reproche à Sodiaal une décision «unilatérale», l’accusant de se mettre «en infraction par rapport à la loi». Une accusation que Damien Lacombe réfute: «Le conseil d’administration est souverain pour fixer le prix du lait. Nous restons cohérents avec notre formule de prix et nos statuts restent conformes à la loi Egalim.» Il estime «incompréhensible» le communiqué publié par le syndicat. Le président de Sodiaal affirme qu’il «se focalise sur les enjeux essentiels». «Nous sommes devant des inflations colossales, sur la production et sur la transformation, et nous nous mobilisons pour passer des hausses significatives de 15 à 20% sur nos tarifs (avec la grande distribution, NDLR)», insiste-t-il.

Didier Bouville

Les prix mondiaux des produits alimentaires ont atteint en mars un nouveau record dépassant celui déjà enregistré au mois de février, selon l’indice publié le 8 avril par l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le précédent record datait de février 2011. En mars les prix ont bondi de 12,6% portés principalement par l’envolée des cours des huiles végétales et des céréales suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les prix des huiles végétales ont progressé de 23,2% tirés par la hausse des cours de l’huile de tournesol, dont le premier exportateur mondial est l’Ukraine. Les prix des céréales ont enregistré, pour leur part, une hausse de 17,1%. Les pertes d’exportations prévues dans la région de la mer Noire ont aggravé la situation déjà tendue de l’offre mondiale de blé dont les prix mondiaux ont augmenté de 19,7%. Même situation pour le maïs dont les cours ont, eux, grimpé de 19,1%.

Didier Bouville

Dans le cadre du plan de résilience face aux conséquences de la guerre en Ukraine, l’aide aux élevages fortement dépendants de l’alimentation animale a été rallongée de 89 M€ issus de la réserve de crise de la Pac, a appris Agra Presse le 8 avril de sources professionnelles concordantes. Les derniers arbitrages ministériels portent donc cette enveloppe à 489 M€, afin de compenser la flambée des prix de l’alimentation animale depuis le début de la guerre (entre le 15 mars et le 15 juillet). Autre nouveauté: pour bénéficier de l’aide, les éleveurs devront justifier d’une facture minimale d’aliment de 3000 € sur la période de référence du 15 mars au 15 juillet 2021 – et non de 2000 € comme initialement prévu. Hormis ces deux changements, l’architecture générale du dispositif reste inchangée. Il est accessible aux élevages présentant un taux de dépendance (coût de l’aliment rapporté aux charges totales) d’au moins 10%. Son montant varie selon ce taux de dépendance: forfait de 1000 € entre 10 et 30%; 40% du surcoût entre 30 et 50% de dépendance, 60% du surcoût au delà. Le dispositif doit bientôt être notifié à la Commission européenne pour des premiers versements fin juin. Environ 110 000 élevages seraient concernés.

Didier Bouville